C’est récurrent dans l’histoire.
La bourgeoise française a ainsi plaidé avant 1789 pour que l’aristocratie daigne partager le pouvoir. Après tout ce sont les roturiers du commerce, de la banque, de l’artisanat qui financent les « ci-devant » parasites.
Le Tiers Etat a été utilisé pour déquiller ces écornifleurs obsolètes chassés par l’histoire.
De peur d’être à leur tour débordés par leurs sans-culottes, les monarques européens avaient compris et intégré (avec une sélection étudiée) des cohortes de bourgeois dans leurs circuits de décisions.
Il y a la Chambre des Communes et il demeure celle des Lords qui ignore la démocratie mais qui a hébergé un certain nombre de néo-aristocrates à ascendance indéterminée dans une proportion qui ne remet pas l’essentiel de « l’ordre naturel des chose » en question.
Toutes ces monarchies, aujourd’hui constitutionnelles, ont repris à leur compte le mot, de Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa (que Visconti met en exergue dans « Le guépard ») et qu’ânonnent les incultes spéculaires : « Il faut accepter de changer pour que rien ne change ».
La phrase exacte dans la bouche de Tancredi Falconeri est la suivante : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »
Peu importe : tout cela est une escroquerie historique et politique.
Les aristocrates racontent des fables qui dévalent la pente rocailleuse de la larbinerie universelle, des « classes moyennes » aux palefreniers.
La noblesse n’a jamais rien eu de noble. Ils ont inventé des histoires à dormir debout et se sont donnés les moyens de les imposer à tous les autres avec une violence barbare aujourd’hui magnifiée par Hollywood.
Des viandosaures de « droit divin » comme les autres.
Tous les milliardaires qui leur garantissent un niveau de vie d’écornifleurs, stockent leurs larcins qui puent la mort et la misère du monde dans un havre fiscal jadis fondé selon une légende par François Grimaldi dit Malizia (François la Malice).
Il suffit de gratter un peu et ça chlingue fort. Attention aux narines délicates !
C’est pourquoi l’appel à la défense des classes moyennes est un réflexe de domestique.
Jadis on a utilisé des tribus africaines pour réduire en esclavages d’autres Africains. « Toi, tu n’est pas comme les autres » disent les esclavagistes aux larbins indigènes dont ils ont besoin pour leur commerce. Comme naguère les aristos en perdition ont anobli avec parcimonie leurs bourgeois qui paradent depuis avec leur particule et leur arbre généalogique laborieusement « actualisé ».
Il y a des échanges que j’aurai aimé analyser avec vous, dans Wall Street (O. Stone 1987) entre les personnages « Sir Larry Wildman » et « Gordon Gekko », mais je n’abuserai pas davantage de votre patience
Depuis, les Africains ont inventé les « noix de coco » pour désigner ces membres des « classes moyennes » exhibés comme des trophées, comme à l’Exposition Universelles de 1889 et à l’Exposition coloniale de 1931 (lire « Zoos humains », La Découverte, 2022) . En Algérie, le mot qui a été forgé pour les épingler est devenu lui aussi universel.
Tant pis pour les « beurgeois » et autres illusionnés par « l’assimilation » qui se rangent sagement, chacun sa cage, dans la hiérarchie des larbins. Et qui déploient une énergie vaine à introjecter le fantôme opprimé de qu’il n’ont jamais cessé d’être.