Dans un rapport publié il y a quelques jours, huit rapporteurs de l’ONU accusent le régime du Makhzen de mener une campagne de démolition de maisons à grande échelle , et de déplacement forcé de la population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara Occidental , considérés à juste titre comme non autonomes par l’organisation onusienne, et concernés par un référendum d’auodétermination, conformément au droit international.
Les rapporteurs de l’ONU, dénoncent par conséquent lacampagne de répression , de discrimination raciale et de violence menée par l’occupant marocain contre les défenseurs des droits humains, les journalistes et les défenseurs de l’autodétermination au Sahara Occidental, avec 79 victimes comme cas de référence.
Selon les rapporteurs onusiens, les autorités de l’occupation marocaine ont mené une vaste opération d’acquisition de terres le long de la côte du Sahara Occidental. Cette opération a entraîné la destruction de propriétés privées et des expulsions forcées, principalement d’habitations sahraouies situées près de la mer. L’opération viserait à libérer la zone pour y installer des projets d’énergie éolienne, d’hydrogène vert et de tourisme.
Les rapporteurs onusiens exhortent le Maroc à « fournir des informations sur les mesures prises pour offrir une indemnisation adéquate ou un logement de remplacement, ainsi que des recours juridiques, aux personnes et aux familles touchées par les démolitions et les expulsions forcées, et à empêcher de nouvelles démolitions et expulsions forcées ».
Ils rappellent à l’occupant marocain ses obligations internationales en matière de droits humains et l’exhortent à « garantir que le peuple du Sahara Occidental puisse exercer pleinement son droit à l’autodétermination, conformément au droit international ».
Les rapporteurs exigent également que le régime makhzenien cesse immédiatement les démolitions et les expulsions forcées qui touchent des centaines de familles sahraouies dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Ces actions, selon les rapporteurs, répondent à une stratégie systématique d’accaparement des terres pour le développement d’énergies vertes, de tourisme et de projets d’infrastructures, le tout sans le consentement du peuple sahraoui.
Selon les données recueillies par l’ONU, les opérations s’étendent le long de la côte atlantique du Sahara Occidental : Lamside, Agte Baba Ali, Boulemaayrdat, Foum El Oued et les zones proches de Wad Saquiat al Hamra. Des centaines de maisons ont été détruites, parfois par des incendies allumés par les forces de l’occupation marocaine, selon les témoignages recueillis dans le rapport.
L’une des zones les plus sensibles est Boulemaayrdat, une plage traditionnellement utilisée par les familles sahraouies pour leurs vacances d’été.
Depuis novembre 2010, suite au démantèlement du camp de Gdeim Izik , les autorités marocaines interdisent aux Sahraouis de passer la nuit dans ces bâtiments, n’autorisant les visites que pendant la journée et exigeant qu’ils partent avant le coucher du soleil. Les autorités marocaines ont commencé à incendier ces maisons en février 2022 et ont continué jusqu’en février 2024. Parmi les témoignages, celui d’El Fakir Bombi : lorsqu’il a demandé du temps pour démanteler la maison qu’il avait laborieusement construite, la réponse a été le feu. Comme lui, des dizaines d’autres propriétaires ont été contraints de partir tandis que leurs biens brûlaient. « Bombi s’est précipité pour sortir sa voiture du garage et s’éloigner du feu, qui a rapidement englouti la cabane et détruit le reste de ses biens », note le rapport.
Les ONG qui ont déposé la plainte – dont la CODESA, l’ASVDH et le Groupe de travail sur les droits de l’homme au Sahara Occidental occupé – soulignent que l’objectif ultime est de modifier la démographie du territoire occupé. « L’objectif est d’éradiquer toute trace du peuple sahraoui et d’encourager l’installation de colons marocains », dénoncent-elles. Cette pression se traduit non seulement par des expulsions, mais aussi par des violences, des intimidations et une surveillance constante.
Le Maroc nie toute accusation. Dans sa réponse à l’ONU, le gouvernement a affirmé qu’il s’agissait d’une campagne de diffamation menée par ceux qui « politisent les procédures spéciales de l’ONU ». Cependant, les chiffres indiquent une escalade : les huit rapporteurs documentent 79 cas de répression directe contre les Sahraouis et soulignent que « la situation s’est aggravée ». Parallèlement, des multinationales comme Enel, Engie et GE Vernova développent des projets d’énergie renouvelable dans les mêmes zones évacuées, sans consulter ni obtenir le consentement du peuple sahraoui, comme l’exige le droit international, comme l’indiquent les arrêts rendus en octobre dernier par la Cour de justice de l’Union européenne CJUE, qui ont déclaré illégaux les accords de pêche et d’agriculture.
« L’impunité est totale. Le Maroc continue de punir la population simplement parce qu’elle est sahraouie, sans aucune protection internationale », avertissent les organisations qui ont porté plainte. « Le rapport dénonce la persécution systématique et généralisée des militants et défenseurs sahraouis. Cependant, il ne fait que commencer à révéler la répression quotidienne et implacable subie par le peuple sahraoui au Sahara Occidental occupé », affirment-elles, après avoir dénoncé le black-out médiatique total sur le territoire. « L’ONU est exclue du territoire depuis près de dix ans, laissant les protections des droits humains inexistantes et abandonnées. »