Dans un communiqué rendu public, le collectif d’écrivains sahraouis Génération de l’Amitié s’insurge contre l’Institut Cervantes et la publication de l’Annuaire espagnol dans le monde 2025, qui viole le droit international en considérant les sahraouis comme des “sujets marocains”.
Le collectif d’écrivains sahraouis Génération de l’Amitié estime que la décision du prix Cervantes « légitime l’agenda colonial de Rabat » et « bafoue le droit international ».
« Pour un peuple qui vit sous occupation militaire ou en exil depuis un demi-siècle, cette omission n’est pas un simple oubli. Elle témoigne de la manière dont notre invisibilité est encore orchestrée. Mais ni le gouvernement espagnol ni ses institutions ne peuvent fermer les yeux sur la réalité du peuple sahraoui », déclarent les écrivains sahraouis.
Et de poursuivre « Ni le gouvernement espagnol ni ses institutions ne peuvent ignorer la réalité du peuple sahraoui », soulignent les auteurs, citant même Miguel de Cervantes. « Il est particulièrement significatif que cette omission provienne d’une institution qui porte le nom de Miguel de Cervantes, un auteur dont l’œuvre se caractérise précisément par la défense de la justice, de la dignité et de la liberté des plus vulnérables : “La liberté, Sancho, est l’un des dons les plus précieux que le ciel ait faits aux hommes” Don Quichotte , Deuxième Partie, Chapitre 58).
Cervantes, qui savait regarder le monde avec un esprit critique et de l’empathie, n’aurait certainement pas compris un usage de l’espagnol qui, au lieu de rendre visibles ceux qui le parlent, contribue à les diluer dans un récit géopolitique étranger à leur histoire et à leur identité », affirme la même source.
Les écrivains sahraouis insistent sur l’importance de l’espagnol comme composante de leur identité. « L’espagnol est une langue qui imprègne tous les aspects de notre société. Il fait partie intégrante de notre culture et de notre vie quotidienne, aussi bien dans les territoires occupés qu’en exil », soulignent-ils.
« Les peuples ne disparaissent pas, les droits ne s’effacent pas. Nous, Sahraouis, ne sommes pas Marocains. Aucune statistique ne saurait altérer un fait reconnu par le droit international : le Sahara Occidental demeure un territoire en attente de décolonisation. Faire disparaître ses hispanophones non seulement déforme la réalité, mais contribue aussi à nous réduire au silence. Tant qu’il y aura un Sahraoui qui écrira ou parlera dans cette langue, notre langue, l’espagnol, restera une composante de notre identité, avec tout ce que cela implique », conclut la lettre signée par Ali Salem Iselmu, Bahia MH Awah et Farah Dih.