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Manip de l’information par l’AFP

Par Djeha

Une dépêche de l’AFP parue le samedi 27 juillet change de titre passant de :

– « Soutien ‘indéfectible’ de Washington au président élu nigérien, réunion à Paris. » à 6h45, à

– « Niger: la France suspend ses aides, l’Union africaine fixe un ultimatum aux putschistes. » à 20h32.

L’AFP est coutumière du fait. Après les changements opérés, il est difficile de retrouver les traces de la dépêche initiale. C’est terriblement efficace. Enfin presque… Revenons à la dépêche en question.

Sans doute la référence explicite au « soutien de Washington » n’a pas plu. Les Américains ont peut-être exigé que leur présence dans les titres de la presse parisienne soit aussi discrète que leurs troupes sur le terrain.

De plus, « réunion à Paris » aurait pu être interprétée comme une subordination de plus de la France à son « allié » : les Américains organisant une réplique au Niger en donnant des instructions aux Français pour répondre au coup de force à Niamey.

Toujours dans la droite ligne adoptée par B. Obama en 2011 : « leading from behind ».

Le texte est « presque » le même, à quelques détails près : par exemple, dans la logique du changement de titre, le sous-titre « soutien américain » a disparu.

Je vous joins les deux versions de la dépêche pour votre information et aussi pour votre relecture critique.

Qu’en est-il de l’essentiel, c’est-à-dire de la présence française en Afrique ?

Quels ploucs ces Gaulois ! Ils roulent la mécanique. Ils donnent des leçons à tour de bras et ils se font mettre à la porte d’un peu partout.

Ils se sont gaussés des Russes qui réunissent 49 délégations africaines à Saint-Pétersbourg sur 54. J’ai écouté hier sur LCI ce gougnafier inconsistant de Dominique Moïsi blablater sur la perte de substance de la Russie auquel l’acrobate sournois et manipulateur en chef de service lui tenait la bavette. Pour un pays qui produit un peu plus de richesses que l’Espagne, n’est-ce pas là une performance ?

Avant même que les Africains exigent très légitimement et très souverainement des troufions hexagonaux de vider les lieux, ne serait-il pas logique pour ainsi dire… démocratique que les Français demandent des comptes à leurs dirigeants ? Ils passent leur temps à parler d’évaluation, ne serait-il pas temps de passer aux travaux pratiques et rendre des comptes ?

Ils perdu plus de 50 soldats au Mali pour quels résultats ?

Certes leurs familles ne peuvent se plaindre. Il y a matière.

1.- Parce que ces soldats sont des contractuels bien payés (des mercenaires en quel que sorte) qui savaient qu’ils risquaient leur vie.

2.- Leurs familles ont sûrement été bien indemnisées. Sans compter les parades dans la cour des Invalides sous la bienveillance d’un habitué (Napoléon) et d’un Louis XIV miséricordieux qui en a fait tué des soldats français pendant son très long règne, mais lui au moins a une excuse : ce fut pour le service de son pays et non pour les intérêts d’une famille de parvenus.

Laissons cela.

La professionnalisation des armées sous prétexte d’équipements technologiques sophistiqués a éloigné l’armée de sa nation, un peu comme les flics de leurs concitoyens. L’actualité française le montre tous les jours.

La sécurité nationale et internationale de la France est devenue affaire de professionnels tarifés alors qu’elle est d’abord affaire de citoyens.

Demain, il sera facile à un régime « très démocratique » de faire charger ces hordes de janissaires sur la foule en colère un peu comme sous la Commune de Paris à la fin du Second Empire.

La Confédération Helvétique, dont on peut penser ce que l’on voudra, a gardé le lien entre la défense du pays et ses seuls, uniques et légitimes souverains.

La disparition du service national (plus que le seul service militaire) favorise la prolifération des régimes totalitaires qui se parent de plus en plus de démocratie. Parce que les conscrits ne sont pas des professionnels de la mitraille, le doigt sur la couture du pantalon, mais des citoyens libres et critiques qui mettent leur nez dans ce qui ne les regardent pas.

Les professionnels ne s’intéressent qu’au « comment » alors que les jeunes citoyens s’intéressent au « pourquoi ».

Les guerres américaines au Viêt-Nam et la guerre d’Algérie ont montré aux satrapes démocratiques qui gouvernent l’univers occidental que le sens critique doit absolument être étouffé. Professionnaliser et privatiser les casernes est le meilleur moyen d’y parvenir.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la France n’a pas échoué en Afrique.

Pour le comprendre, il faut retourner aux conditions initiales. Depuis des décennies la mission de sa soldatesque n’a rien à voir avec les objectifs servis à son opinion publique.

Un jour peut-être les Français se demanderont au service de qui au juste sont les saltimbanques, élus très « démocratiquement », qu’ils ont placé à la tête de leur Etat ?

 

VERSION I

Soutien « indéfectible » de Washington au président élu nigérien, réunion à Paris.

AFP, S. 29.07.2023, 06h45

La pression s’accroît sur les putschistes au Niger qui détiennent le président élu Mohamed Bazoum: après l’UE, la France a décidé samedi de suspendre ses aides et l’Union africaine (UA) leur a fixé un ultimatum de quinze jours pour rétablir l’ordre constitutionnel.

En outre, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se réunit dimanche en ‘sommet spécial’ à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

La France a demandé samedi ‘le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens’. Elle a annoncé la suspension de ‘toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire’.

L’Union européenne (UE) avait déclaré auparavant qu’elle ‘ne reconnaît pas’ non plus les ‘autorités’ issues du putsch et annoncé la suspension de ‘toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire’.

Calme relatif

De son côté, l’Union africaine (UA) a fixé un ultimatum de quinze jours aux militaires pour rétablir ‘l’autorité constitutionnelle’, a annoncé son Conseil de paix et de sécurité après une réunion vendredi.

A quelques jours de la fête de l’indépendance, le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après les manifestations pro-putschistes, désormais interdites. Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues, a constaté l’AFP.

Le mouvement M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane menée au Sahel et au Sahara par l’armée française contre les groupes armés djihadistes, a lancé un appel à manifester dimanche malgré l’interdiction de rassemblement.

Le M62 entend ‘mettre en garde la Cédéao et la France contre toute intervention militaire au Niger’ et ‘exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l’ambassadeur de France’. Environ 1500 soldats français sont présents au Niger.

Soutien américain

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Bazoum de ‘l’indéfectible soutien’ de Washington. Et l’ambassade des Etats-Unis à Niamey a fait savoir que ‘les putschistes mettent en péril notre profond partenariat en matière de développement et de sécurité’. Environ 1100 soldats américains sont présents au Niger.

Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l’entourage politique de M. Bazoum – qui a connu sa quatrième journée de séquestration mais ‘va très bien’, selon un de ses proches -, ne dénonce ‘un coup d’Etat pour convenance personnelle’.

Le général Tiani est apparu vendredi à la télévision nationale pour lire un communiqué en tant que ‘président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)’, la junte putschiste.

Proclamé ensuite chef de l’Etat par ses pairs, il a justifié le coup d’Etat par ‘la dégradation de la situation sécuritaire’ dans un Niger miné par la violence de groupes djihadistes, mais reconnaît ‘le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs’, la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux.

‘Approche sécuritaire’ contestée

Il s’est aussi interrogé sur ‘une approche sécuritaire’ qui ‘exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali’, deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence djihadiste.

Un proche de M. Bazoum a confié que le ‘remplacement’ d’Abdourahamane Tiani et ‘une refonte en profondeur de la garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi (27 juillet) en conseil des ministres’.

Après le Mali et le Burkina Faso – qui se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol – le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020.

Condamnations

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05h00 du matin.

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger, plusieurs pays africains et l’ONU, qui ont demandé la libération de M. Bazoum. Berne s’est exprimée dans le même sens.

Le ministre de l’Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, invite la Cédéao et l’UA à lutter pour ‘la libération sans délai’ de M. Bazoum et la reprise de ses fonctions.

Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d’Etat depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960.

VERSION II

Niger: la France suspend ses aides, l’Union africaine fixe un ultimatum aux putschistes

AFP, S. 29/07/2023 à 20:32

La pression s’accroît sur les putschistes au Niger qui détiennent le président élu Mohamed Bazoum: après l’UE, la France a décidé samedi de suspendre ses aides et l’Union africaine (UA) leur a fixé un ultimatum de 15 jours pour rétablir l’ordre constitutionnel.

En outre, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se réunit dimanche en « sommet spécial » à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

La France qui a demandé « le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens », a annoncé la suspension de « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire ».

De son côté, l’Union africaine (UA) a fixé un ultimatum de quinze jours aux militaires pour rétablir « l’autorité constitutionnelle », a annoncé son Conseil de paix et de sécurité après une réunion vendredi.

L’Union européenne (UE) avait déclaré auparavant qu’elle « ne reconnaît pas » non plus les « autorités » issues du putsch et annoncé la suspension de « toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire ».

A quelques jours de la fête de l’indépendance, le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après les manifestations pro-putschistes, désormais interdites.

Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le mouvement M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane menée au Sahel et au Sahara par l’armée française contre les groupes armés jihadistes, a lancé un appel à manifester dimanche malgré l’interdiction de rassemblement.

Le M62 entend « mettre en garde la Cédéao et la France contre toute intervention militaire au Niger » et « exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l’ambassadeur de France ».

Environ 1.500 soldats français sont présents au Niger.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Bazoum de « l’indéfectible soutien » de Washington. Et l’ambassade des Etats-Unis à Niamey a fait savoir que « les putschistes mettent en péril notre profond partenariat en matière de développement et de sécurité ». Environ 1.100 soldats américains sont présents au Niger.

– Bazoum toujours séquestré –

Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l’entourage politique de M. Bazoum – qui a connu sa quatrième journée de séquestration mais « va très bien », selon un de ses proches -, ne dénonce « un coup d’Etat pour convenance personnelle ».

Le général Tiani , est apparu sur les écrans de la TV nationale vendredi pour lire un communiqué en tant que « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) », la junte putschiste.

Proclamé ensuite chef de l’Etat par ses pairs, il a justifié le coup d’Etat par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes, mais reconnaît « le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs », la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux.

Il s’est aussi interrogé sur « une approche sécuritaire » qui « exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali », deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence jihadiste.

Un proche de M. Bazoum a confié à l’AFP que le « remplacement » d’Abdourahamane Tiani et « une refonte en profondeur de la garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi (27 juillet) en conseil des ministres ».

Le général Tiani, haut gradé discret, commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.

Après le Mali et le Burkina Faso – qui se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol – le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020.

– Couvre-feu-

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05h00 du matin.

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger, plusieurs pays africains et l’ONU, qui ont demandé la libération de M. Bazoum.

Le ministre de l’Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, invite la Cédéao et l’UA à lutter pour « la libération sans délai » de Bazoum et la reprise de ses fonctions.

La Maison de la presse – l’association de médias nigériens – « s’inquiète surtout des velléités d’atteintes à la liberté de la presse et à la sécurité des journalistes ».

Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d’Etat depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960.

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