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Marseille est la préfiguration de l’écroulement des villes (vies) mondiale

Par Khider Mesloub

L’effondrement récurrente et écœurante des immeubles à Marseille est symptomatique de l’état de délabrement de la société capitaliste sénile. Marseille est la préfiguration de l’écroulement de l’ensemble des villes et vies mondiales. Nul doute, Marseille, aux plans urbanistique, économique, social et sécuritaire, représente l’exorde du futur immédiat dramatique, réservé à l’ensemble des pays. Nous entrevoyons à l’échelle internationale les préludes apocalyptiques de l’avenir immédiat avec l’exemple de Marseille, en proie à l’insécurité protéiforme.

En effet, la cité phocéenne est une ville en butte à une triple insécurité. L’insécurité urbaine générée par l’explosion de la délinquance et de la criminalité, devenues dans certains quartiers les principales activités d’une jeunesse anomique, privée de tout avenir. L’insécurité architecturale induite par l’insalubrité de la majorité des immeubles. Et l’insécurité sociale provoquée par la crise économique endémique.

Marseille est fréquemment sous les décombres, tout comme sa jeunesse populaire tombe sous les balles pour des affaires sombres, loin de la tranquillité des classes opulentes qui vivent dans la sécurité à l’ombre.

Ainsi, les effondrements réguliers des immeubles ne sont pas des accidents mais des crimes sociaux commis par les gouvernants.

En effet, ces tragédies ne doivent pas être considérées comme des accidents, mais comme un crime social commis par les classes dirigeantes contre les populations pauvres.

D’aucuns rétorqueront que, contrairement a la catastrophe de la rue d’Aubagne survenue le 5 novembre 2018, l’effondrement de l’immeuble de la rue Tivoli, le week-end dernier, n’est pas dû à un problème d’insalubrité mais à une explosion de gaz provoquée par une résidente âgée.

Certes. Mais cette cause « explosive » dévoile une autre réalité encore plus scandaleuse.

Pour autant, dans les deux catastrophes, il n’en demeure pas moins que les dirigeants sont responsables et coupables.

De même que l’effondrement d’immeubles pour cause de vétusté est dû à l’absence totale de rénovation et d’entretien, donc à l’incurie des gouvernants, objectivée par l’abandon des quartiers populaires entraînant leur dégradation, de même que les effondrements par explosion, provoquée souvent par des personnes âgées isolées, sont imputables à l’abandon de ces populations séniles.

En fait, le capital se désinvestit (se désintéresse) aussi bien des quartiers populaires que des retraités isolés, qu’il livre semblablement à la désolation.

Laisser les seniors vulnérables seuls, dans l’isolement social et la détresse psychologique, sans aide ni protection, est criminel.

Est-ce qu’on laisse les petits enfants seuls, sans adultes ni protection ? Jamais. C’est même puni par la loi. Encore que, dans le capitalisme, du moins dans les pays développés, la protection et l’éducation des enfants s’explique pour des raisons purement économiques. Les enfants constituent une future force productive pour le capital, source de plus-value. Tel n’est plus le cas des « vieux », devenus, au contraire, une charge financière pour le capital. Qu’il souhaite rapidement expédier Outre-tombe, pour ne plus devoir à les entretenir, c’est-à-dire à payer leur pension de retraite et leurs coûteux soins.

Donc, est-ce qu’on laisse les petits enfants seuls, sans adultes ni protection ? Jamais. Pourtant, c’est ce que fait le capital avec des dizaines de millions de personnes âgées vulnérables, ces vieux tombés en enfance. Tout le monde sait qu’au crépuscule de sa vie, avant de tirer sa révérence, en vertu des lois régressives, victime d’un processus neurodégénératif, la personne âgée est aux prises avec son enfance qui lui retombe dessus. Qui dit enfance dit dépendance. (Il se remet à marcher à trois pattes – à l’aide d’une canne – puis à quatre pattes – à l’aide d’un déambulateur.) Il commence à perdre l’équilibre et le calibre de ses facultés intellectuelles.

Or, le capital les laisse seules, sans accompagnement ni protection, livrées à elles-mêmes. Avec tous les risques encourus par ces personnes fragiles isolées.

Le capital laisse ces personnes âgées vulnérables se consumer à petit feu, qui, à force de brûler leur moral réduit en cendres, peuvent, par manque de lucidité et de vigilance, se transformer en torches vivantes en déclenchant des incendies, en bombes humaines en provoquant des explosions d’immeubles.

Cyniquement, le capital investit davantage dans les vestiges historiques qu’il transforme, par intérêt pécuniaire, en sites touristiques lucratifs protégés, que pour nos aînés, ces monuments humains survivants, patrimoine vivant de l’humanité, qu’il laisse se délabrer et s’effondrer.

L’humble humanité (le prolétariat) devra-t-elle, encore une seconde, continuer à tolérer l’existence de ce dangereux édifice vermoulu, baptisé capitalisme, dans lequel sont claquemurés 8 milliards d’individus à la vie brinquebalée par les récurrentes crises funestes, provoquées par la mafia bourgeoise mondialisée, ou procéder à sa destruction pour construire un édifice économique plus équilibré, plus conforme aux normes de justice sociale, plus respectueux de la vie humaine, notamment celle des aînés.

Khider MESLOUB

 

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