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December 7, 2025

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Zimbabwe : L’histoire se répète

Par Nora Abdelkrim

Au Zimbabwe, les histoires électorales se suivent et malheureusement, se ressemblent. Le dernier scrutin présidentiel et législatif qui s’est tenu le 23 août et a dû être étendu au 24 du fait des  dysfonctionnements dans l’organisation, en est la triste démonstration. Deux candidats étaient favoris, le président sortant Emerson Mnangagwa, 80 ans, et Nelson Chamisa, 45 ans.

Emerson Mnangagware représentait le parti, la ZANU-PF, ancien mouvement de libération, au pouvoir depuis 1980, pouvoir détenu par l’historique Robert Mugabe chassé de son fauteuil sous pression de l’armée, en 2017. Pouvoir, également, caractérisé par la corruption, la paupérisation du pays et  les atteintes au libertés fondamentales des droits de l’Homme.

Nelson Chamisa, pasteur, militant démocrate d’opposition depuis ses années à l’université,  qui représentait la Coalition citoyenne pour le Changement (CCC – anciennement MDC), était arrivé à la seconde place des élections très contestées de 2018, dont les résultats avaient été immédiatement suivis de  manifestations réprimées par les forces armées qui tuaient six participants et blessés gravement 36 autres.

À l’issue du scrutin 2023, la Commission électorale a attribué 52,6 % des votes au président sortant contre 44 % à son rival de la CCC. Ce résultat est, comme en 2018, contesté par Nelson Chamisa.  Le 24 août, les forces de l’ordre arrêtaient à leur hôtel des observateurs indépendants, membres du Zimbabwe Election Support Network ( ZESN) et de l’Election Ressource Center (ERC). Tout le matériel électronique  était saisi, alors que les deux organisations procédaient à un décompte indépendant des voix. 

L’opposition a immédiatement réagi à cette agression visant à limiter un contrôle citoyen du scrutin tandis que les observateurs internationaux, de l’Union européenne, notamment,  qualifiaient le processus électoral de  « non conforme  aux critères démocratiques » et « entachés de graves dysfonctionnements ».   Plus important dans le contexte africain, la SADC (Southern Africa Development Community) qui comprenait 68 observateurs dont 50 déployés dans les dix provinces,  a relevé un certain nombre de plaintes documentées : dysfonctionnements dans les listes électorales,   atteintes à la liberté de réunion électorales et annulations illégales de rassemblements électoraux,  restrictions de la liberté d’expression, litiges entourant les élections, notamment en ce qui concerne le processus de nomination des candidats et les disqualifications, augmentation drastique des frais de candidature,   déficit des candidatures féminines, intimidation des électeurs par un groupe, Forever Associates Zimbbawe (FAZ) – organisation sécuritaire particulièrement active dans les zones rurales et les quartiers populaires – partialité des médias publiques. La Mission d’observation électorale, a également observé, selon son rapport préliminaire, l’absence ou le retard d’arrivée des bulletins et la mauvaise administration de certains bureaux, l’impossibilité de voter dans certains bureaux pour un certain nombre d’électeur handicapés (8 % des bureaux), les tentatives de corruption du corps judiciaire par « d’importantes  incitations financières ». « Certains aspects des élections harmonisées ne répondent pas aux exigences de la Constitution du Zimbabwe, de la Loi électorale et des Principes et Lignes directrices de la SADC régissant les élections démocratiques », conclue la Mission dans son rapport préliminaire. 

Depuis 2018, dans un contexte d’inflation majeure et de crise économique aggravant encore davantage la condition des Zimbabwéens, le pouvoir n’a eu de cesse de harceler l’opposition et de réprimer les journalistes qui ont le courage de révéler les actes de corruption et le détournement de milliards de dollars d’argent public.  Nelson Chamisa a fortement  dénoncé les violences physiques contre les militants d’opposition et les arrestations abusives avant et pendant la campagne électorale, notamment la mort par lapidation d’un de ses partisans par des membres de la ZANU-PF.

Nelson Chamisa qui était largement gagnant dans les sondages, et ses électeurs devront-ils attendre  pour le changement démocratique du Zimbabwe, tandis qu’Emerson Mnangagware, à 80 ans, continuera, continuera d’occuper un fauteuil illégitime et de plonger le pays dans la misère et la violence ? Rejetant le résultat du scrutin, le candidat démocrate a déclaré  sur son compte X (Twitter), « Nous n’attendrons pas cinq ans, il doit y avoir des changements maintenant et nous allons faire en sorte que les choses changent au Zimbabwe ».

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