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Elections régionales en Espagne : Le Makhzen à la rescousse de Pedro Sanchez

Au moins neuf personnes ont été arrêtées lundi et mardi à Melilla dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de fraude électorale, dont les premiers éléments de l’enquête confirment l’implication du Maroc.

« Une opération policière est en cours (…) dans le cadre de l’enquête judiciaire sur l’affaire des votes par correspondance. Plusieurs lieux ont été perquisitionnés dans la ville et plusieurs personnes ont été arrêtées », a indiqué la préfecture de l’enclave espagnole, précisant qu’au moins six personnes avaient été arrêtées mardi et trois lundi.

Selon le site espagnol El Confidencial , de hauts responsables espagnols des services d’information de la police et de la garde civile espagnoles, ont émis le soupçon que Rabat a essayé d’assurer la présence de la Coalition musulmane pour Melilla (CPM) dans le gouvernement de la ville autonome pour augmenter son influence dans cette enclave stratégique. « Nous avons des indices rationnels que le Maroc pourrait être derrière », a expliqué l’un des commandants de la police à El Confidencial.

El Confidenciel, fera savoir en outre,que les agents du Centre national de renseignement (CNI) estiment que les services secrets marocains auraient fourni des fonds à un réseau clandestin pour acheter plus de 10.000 votes par correspondance, soit près du tiers de tous ceux qui ont été déposés dans les urnes de Melilla lors des précédentes élections de 2019 (34.393).

Dans le détail, le média a rapporté que des sources proches des investigations sont parvenues à déterminer que pour chaque vote, entre 50 et 200 euros auraient été versés.

El Confidentiel a conclu, à ce sujet, que c’est le chef de la CPM, Mustafa Aberchan, qui est derrière cette histoire, et ce, après avoir reçu des fonds de la part des services du Makhzen. « Le souci du vote, c’est qu’il puisse être dirigé contre des partis actuels et avec une nette influence marocaine », tranchent les sources, citées par le média espagnol.

Des médias espagnols avaient annoncé la semaine dernière qu’un  tribunal enquête sur l’éventuel achat de votes à Melilla après la montée en flèche du vote par correspondance

La JEC a accepté de demander l’identification des électeurs qui votent à Melilla dans n’importe quel bureau de poste du pays, une exigence qui jusqu’à présent était limitée aux résidents de cette ville. Sur ce registre, les mêmes sources révélaient que des tentatives de s’accaparer des documentations électorales transportées par des facteurs avaient été enregistrées, contraignant les autorités espagnoles de l’enclave  à ordonner aux forces de sécurité d’escorter les facteurs.. « Il n’y a plus eu d’agressions, mais, à ce jour, aucun voleur n’a été arrêté, bien que la police nationale ait ouvert une enquête pour éventuelle fraude électorale et que le tribunal numéro 2 de la ville ait engagé des poursuites après que les demandes de vote par correspondance aient été abattues » soulignait un responsable de l’enclave.

Photo : Les files d'attente à Correos de Melilla disparaissent après l'ordre de demander aux électeurs une pièce d'identité. (EFE/Paqui Sanchez)
Les files d’attente à Correos de Melilla disparaissent après l’ordre de demander aux électeurs une pièce d’identité. (EFE/Paqui Sanchez)

Rabat craint une défaite de Pedro Sanchez

A la veille des élections municipales et régionales prévues dimanche prochain le 28 mai,et à sept mois des élections législatives, un baromètre national révèle que la popularité du parti socialiste de Pedro Sanchez, est en baisse, dans le sillage de la crise avec l’Algérie et ses conséquences socioéconomiques sur les entreprises ibériques et l’implication totale dans le conflit ukrainien à côté du régime de Kiev de Zelensky.

Rabat suit de près les préparatifs des élections municipales et régionales du 28 mai et les élections législatives de décembre 2023 en Espagne.Une défaite de Pedro Sanchez à ces joutes électorales est synonyme d’enterrement de l’alignement de Madrid au plan expansionniste marocain du Sahara Occidental.

Sur ce plan, il est primordial de souligner que le régime du Makhzen compte sur la présidence espagnole de l’UE à partir du 1er juillet prochain, dans sa bataille judiciaire au sujet des accords Maroc-UE en matière d’agriculture et de pêche, invalidés par la Cour Européenne. Concernant l’accord de pêche, l’Espagne est le plus grand bénéficiaire. En crise avec les institutions européennes,dans la foulée des scandales du logiciel espion Pegasus et Marocgate, Rabat espère compter sur le soutien de Pedro Sanchez, et Madrid  premier État européen à sortir de la neutralité dans le dossier du Sahara Occidental.

Pedro Sanchez de plus en plus affaibli, devrait s’attendre à des déboires au sein Congrès des députés, qui a déjà programmé pour le 30 mai un débat au sujet des entreprises espagnoles en faillite à cause de cet alignement sur la position de l’occupant marocain, à l’origine de la crise avec Alger.. Dans un contexte électoral les têtes d’affiche de l’extrême gauche bénéficieront des voix des électeurs pro-RASD en Espagne. Ione Belarra, la secrétaire générale de Podemos et actuelle ministre des Affaires sociales, avait accusé, en avril 2023, lors d’un meeting organisé à Saragosse, le président du Conseil espagnol Pedro Sánchez de «s’agenouiller devant le royaume du Maroc» et d’«abandonner les frères sahraouis».

Elle avait aussi déploré que la réunion de haut niveau Maroc–Espagne, tenue les 1er et 2 février 2023 à Rabat, ait consacré le soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara Occidental. La sénatrice VOX de Ceuta, Yolanda Merelo, s’est demandée, elle, le 5 mai lors de la séance au Parlement, si le gouvernement espagnol allait «poursuivre sa politique d’ouverture des frontières» avec le Maroc. L’élue du parti d’extrême droite a attaqué l’entente maroco-espagnole.

La ministre du Travail, Yolanda Diaz, 51 ans,avait traité le Maroc de dictature .«J’ai une position très claire sur le Maroc et le Sahara occidental. Je suis consciente qu’il faut bien sûr prendre au sérieux notre voisin le Maroc, mais il faut aussi savoir que le Maroc est ce qu’il est : une dictature», avait déclaré la ministre Yolanda Diaz, soutient du polisario, dans une interview accordée à la chaîne La Sexta.

Pour sa part, le président de Vox, Santiago Abascal, dans une interview accordée à ABC revient sur les relations avec le Maroc en avançant qu’il « n’oserait pas spéculer » sur les raisons du changement de position de l’Espagne par rapport au Sahara avant d’énumérer plusieurs accusations, synonymes du populisme opportuniste et bête qui caractérise fondamentalement Vox.

« On ne sait pas si parce qu’il veut une chaire à l’OTAN, on ne sait pas si par intérêt personnel, on ne sait pas si parce qu’il est victime de chantage, on ne sait pas si parce que le Maroc le paie », a-t-il déclaré. « Ce que nous avons dit au président du gouvernement, c’est de dire à ses interlocuteurs marocains que bien entendu les décisions qu’il a prises seul n’engagent pas le futur gouvernement espagnol », a-t-il ajouté.

Quand, le 13 novembre 2020, les Forces armées royales (FAR) ont violé le cessez-le feu en vigueur depuis 1991, Pablo Iglesias, l’ex-SG du Parti du Peuple avait montré son hostilité en soulignant sur son compte Twitter que «le Conseil de sécurité dans sa résolution adoptée le 13 janvier 1995 réaffirme son engagement à organiser, sans plus tarder, un référendum libre, juste et impartial pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental…».

Si le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez échoue en décembre 2023,lors des prochaines législatives, le revirement du 18 mars 2022 sera mort et enterré, et les illusions expansionnistes du Makhzen avec.

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