Les jours du président du Conseil espagnol Pedro Sanchez sont comptés, comme l’indique cette vague de contestation des espagnols opposés à son revirement vis à vis de la question sahraouie, en pleine crise ukrainienne à l’origine de la flambée des prix énergétiques et des produits alimentaires.
Dépendant en grande partie du gaz algérien, l’alignement de Madrid au diktat marocain, aura certainement ses répercussions négatives sur les relations espagnoles avec l’Algérie. Alger considère la nouvelle position de l’Espagne en contradiction avec la légalité internationale et les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, sachant que Madrid est responsable sur le plan historique de ce dossier de décolonisation.
Echec de la manœuvre espagnole
En concluant un accord à long terme en octobre 2020, permettant à l’Espagne d’être approvisionné par l’Algérie à un prix préférentiel, Madrid a joué avec le feu en sollicitant Alger pour une quantité supplémentaire avec le même prix conclu avec le contrat à long terme, après la rupture de l’approvisionnement en gaz algérien via le GME.
Teresa Ribeira la ministre espagnole de la Transition énergétique avait été dépêchée à Alger pour négocier une quantité supplémentaire avec un prix arrangeant les affaires de Madrid qui planifiait de devenir un hub gazier au sud de l’Europe. Les algériens convaincus d’avoir mal négocié le contrat à long terme, informent la ministre espagnole que le quota supplémentaire sollicité sera cédé conformément au prix du marché international. Ce qui n’a pas été du goût des espagnols, comme l’indiquent les déclarations de Pedro Sanchez au début du mois de février dernier à partir des Emirats Arabes Unis, annonçant que son pays est disposé à garantir la sécurité énergétique du royaume du Maroc.
Cette sortie n’a pas été appréciée à Alger, même si Pedro Sanchez avait tenté de rassurer le président de la république Abdelmadjid Tebboune lors d’un entretien téléphonique en date du 6 mars 2022, suivi d’une déclaration de Teresa Ribeira, qualifiant l’Algérie de partenaire fiable et qui ne mélangera pas la politique de l’économie, pour justifier l’estocade de Pedro Sanchez qui annonça le 18 mars son alignement à la position marocaine.
Madrid perd au profit de Rome, selon les médias espagnols
Selon le journal ibérique El Mundo, Madrid vient de perdre face à Rome dans le combat de devenir un hub gazier au sud de l’Europe. El Mundo réagissait aux résultats du court séjour du président du Conseil Italien Mario Draghi à Alger. Une visite que le média espagnol qualifiait de grande victoire pour l’Italie dans sa bataille de concurrencer l’Espagne. Pour El Mundo, il ne s’agit nullement d’une « punition » d’Alger, mais d’un mauvais choix de Pedro Sanchez, qui avait préféré de s’éloigner du droit international pour se jeter sous les pieds du roitelet du Maroc, suite à des conseils américano-sionistes. Les américains récompensaient le commandeur des croyants pour la normalisation avec l’entité sioniste et cette dernière avait pesé de son poids en matière de lobbying pour approvisionner Madrid en GNL de gaz de schiste, dont le prix est plus supérieur à celui conclu avec Alger, lors de la signature du contrat à long terme d’octobre 2020 et inférieur au prix du cours international. Sur ce registre, il est important de souligner que les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent nullement aller au delà de 15 milliards de mètres cubes par an, comme il l’a bien annoncé Joe Biden à Bruxelles, il y a quelques jours lors du sommet de l’UE.
El Mundo explique que c’est l’Espagne qui recevait de grandes quantités de gaz algérien, ce qui la prédestinant à devenir une grande plateforme de gaz pour l’Europe mais c’est « le Premier ministre italien, Mario Draghi qui en a profité de l’erreur stratégique de Pedro Sanchez, pour bénéficier de la capacité supplémentaire limitée de l’Algérie d’augmenter ses ventes de gaz ». El Mundo fait remarquer que durant ses entretiens successifs avec les différentes autorités algériennes, le président du Conseil italien s’est fait accompagner du drapeau européen. «Le drapeau italien a été placé correctement à tout moment et non pas à l’envers comme cela a été le cas lors de la récente rencontre à Rabat entre Pedro Sanchez et le Roi Mohamed VI, créant une forte polémique », a observé encore le journal avant de conclure « le gazoduc qui traverse le Maroc est fermé, le Transmed avec l’Italie se déclenche ».
La stratégie machiavélique d’Israël
L’entité sioniste n’a pas caché ses ambitions de devenir un fournisseur de gaz de premier choix, comme l’indique son implication dans plusieurs mégaprojets de découvertes notamment en Méditerranée Orientale.
Classée en 49ème position en matière de production gazière sur le plan international, l’entité sioniste a concocté un plan de s’accaparer de tous les gisements se trouvant en Méditerranée Orientale. Et pour réussir sa concrétisation, elle a conclu un partenariat avec un petit pays membre de l’Union Européenne en l’occurrence Chypre, en vue de devenir à l’avenir un incontournable en matière d’approvisionnement du Vieux Continent. La réussite du plan sioniste nécessitera l’élimination de l’influence de certains fournisseurs comme la Russie et l’Algérie.
C’est pour cela que l’entité sioniste a chargé Rabat de parasiter le projet du gazoduc Transaharien reliant le Nigeria à l’Europe, via l’Algérie. L’influence exercée sur Pedro Sanchez s’inscrit dans la droite ligne du plan sioniste, car l’occupant de la Palestine ne digère nullement de voir un pays comme l’Algérie, farouche opposant à la colonisation des terres arabes, engranger des revenus lui permettant un développement durable et une indépendance inégalée en matière des décisions souveraines et de soutien aux causes justes.