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December 6, 2025

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Espagne-Maroc: Pedro Sanchez, très critiqué sur les concessions faites au Makhzen

A la veille de la réunion maroco-espagnole de haut niveau prévue jeudi 4 décembre, le gouvernement espagnol a annoncé mercredi que les issues de cette rencontre seront tenues en secret, suscitant la colère d'importantes formations politiques, des organisations professionnelles, et des droits de l'homme, ainsi que des personnalités de la coalition gouvernementale,exclues de cette joute, au mêe titre que les représentants des îles Canaries.

A la veille de la réunion maroco-espagnole de haut niveau prévue jeudi 4 décembre, le gouvernement espagnol a annoncé mercredi que les issues de cette rencontre seront tenues en secret, suscitant la colère d’importantes formations politiques, des organisations professionnelles, et des droits de l’homme, ainsi que des personnalités de la coalition gouvernementale,exclues de cette joute, au mêe titre que les représentants des îles Canaries.

Contrairement à la précédente, ce sommet hispano-marocain ne donnera lieu ni à une conférence de presse ni à une déclaration officielle. Seuls les ministres du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) y participeront, l’aile Sumar boycottant une nouvelle fois l’événement .

Cette réunionest suivie de près par le Front Polisario qui n’a pas tardé à mettre en garde contre les concessions faites par Madrid à Rabat ces dernières années, qu’il qualifie de tendance dangereuse. 

« La réponse de l’Espagne au chantage marocain ne saurait être une capitulation définitive », a déploré Oubbi Buchraya, conseiller spécial du secrétaire général du Polisario pour les ressources naturelles et les affaires juridiques, dans un entretien accordé cette semaine au journal espagnol  El Independiente .

Cette critique coïncide avec l’avertissement lancé par Abdulah Arabi, représentant du Polisario en Espagne , qui est convaincu que, si personne ne l’arrête, « une fois l’occupation du Sahara Occidental consolidée, la prochaine cible sera les îles Canaries », dans des déclarations à Europa Press , pour bien souligner les visées expansionnistes du régime du Makhzen.

Buchraya a exprimé sa profonde inquiétude face au changement de politique espagnole à l’égard du Sahara Occidental depuis mars 2022, date à laquelle Pedro Sánchez a soutenu le plan d’occupation de l’ancienne colonie espagnole. « Vu ce que nous avons constaté, plus rien n’est à exclure », a-t-il déclaré, interrogé sur la possibilité que le sommet de jeudi se conclue par de nouvelles concessions.

Selon le dirigeant sahraoui, l’Espagne répond au chantage « par des concessions permanentes », ignorant – a-t-il déploré – la dimension régionale de la résistance sahraouie.Les populations du Sahara Occidental ont freiné les ambitions expansionnistes du Maroc envers les pays voisins, notamment l’Espagne.

« Les populations du Sahara Occidental ont freiné les ambitions expansionnistes du Maroc envers ses voisins, notamment l’Espagne », affirme-t-il,ajoutant que « la récompense que nous avons reçue est à l’opposé de ce que nous méritons », déplore-t-il.

Buchraya affirme que son peuple mène depuis des décennies une lutte qui, selon lui, a permis de contenir la pression marocaine dans la région.

Le discours d’Arabi, adressé à l’Espagne, s’inscrit dans la même lignée. Un demi-siècle après le retrait espagnol, rappelle-t-il, Madrid demeure la « puissance administratrice » du Sahara Occidental, malgré que les accords tripartites de 1975 soient déclarés nuls et non avenus par les tribunaux nationaux. Preuve en est, souligne-t-il, le contrôle continu de l’espace aérien espagnol sur le territoire, un fait qu’il affirme depuis les îles Canaries.

Selon le représentant du Polisario, le Maroc « imposera l’agenda » à cette réunion de ce jeudi, comme il le fait depuis que Sánchez a « sapé » le consensus historique sur la politique étrangère espagnole concernant le Sahara en 2022. « Le Maroc continue de dicter le rythme et la direction des relations, et l’on peut se demander dans quelle mesure ces relations sont stratégiques pour l’Espagne », suggère-t-il.

Arabi situe la rencontre bilatérale dans un contexte décisif : les arrêts de la Cour de justice de l’UE d’octobre 2024, qui ont établi que le Sahara Occidental a « un statut séparé et distinct » de celui du Maroc, soulignant l’absence de souveraineté marocaine et le droit exclusif du peuple sahraoui de décider de son avenir.

Le Front Polisario prévient qu’il restera vigilant face à tout accord susceptible d’affecter le territoire. Et si un tel accord est conclu, il mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour défendre les intérêts du peuple sahraoui.

Pour sa part, Tesh Sidi, la députée de Más Madrid (membre de la coalition Sumar) et d’origine sahraouie, n’a pas hésité à qualifier le président du Conseil espagnol, Pedro Sanchez,dans un entretien accordé à El Independiente de ” servileou soumis aux diktats de Mohamed VI” et de son cercle restreint de conseillers.

« S’il y a quelque chose d’important ou une quelconque concession, nous n’en aurons pas connaissance par l’intermédiaire de l’Espagne, car ils ont tout simplement fermé cette conférence de presse », argumente-t-elle.

Le gouvernement espagnol a confirmé ce mercredi qu’elle n’autoriserait aucune question de journalistes et ne ferait aucune déclaration officielle, contrairement à ce qui s’était passé lors de la précédente réunion à Rabat.

« Je me chargerai personnellement de demander ces accords . Je pense que le ministre Albares devrait s’expliquer devant le Congrès la semaine prochaine », souligne-t-elle.

« Je suis certaine que s’il y a des concessions, nous en serons informés par Rabat ; nous n’en entendrons parler ni par le gouvernement de Pedro Sánchez, ni par le ministre Albares », souligne Sidi. Selon elle, « il est devenu évident après ce changement de politique que le Sahara était une politique ferme de Mohammed VI, et une concession de l’Espagne qui n’a rien donné ».

“Ensuite, ce sera Ceuta, Melilla et les eaux des îles Canaries, car on ne peut négocier avec quelqu’un qui nous menace d’une arme, en l’occurrence Rabat” note-t-elle. « Je crois que Pedro Sánchez, hypothèque l’avenir de la souveraineté espagnole et celui de nos relations au Maghreb », a déclaré Sidi à El Independiente.

« Il a tout misé sur une seule carte, le Maroc, mais je ne pense pas que ce soit un partenaire fiable ni un voisin sur lequel l’Espagne puisse compter stratégiquement pour les 10, 20 ou 30 prochaines années », a-t-elle ajouté.

« Je crois que le peuple espagnol mérite de savoir quels accords ont été conclus, quelles concessions ont été faites », a averti Sidi. « Je ne crois pas qu’Albares s’expliquera, mais je suis convaincu que dans quelques années, nous verrons les conséquences de cette hypothèque ; combien nous, Espagnols, devrons en payer le prix », a-t-elle conclu. 

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