La presse espagnole révèle ce mercredi 29 janvier la tenue hier mardi d’une réunion secrète entre les plus hauts responsables de la police nationale espagnole et le directeur des services de renseignement marocains, Abdellatif Hammouchi, à Madrid. La réunion, qui a duré trois heures, s’est tenue au très chic Club Financiero Génova et, bien qu’elle ne figurait pas dans l’agenda officiel du ministère espagnol de l’Intérieur.
Cette réunion secrète survient dans un contexte de forte tension dans les relations entre Madrid et Rabat, marqué par la réouverture de l’enquête sur le logiciel Pegasus et l’espionnage de hauts responsables du gouvernement espagnol, comme le président du Conseil espagnol Pedro Sánchez et plusieurs de ses ministres.
Selon la presse ibérique, cette rencontre s’est déroulée dans une atmosphère d’opacité totale, et a été entourée d’un déploiement de sécurité impressionnant avec plusieurs véhicules du corps diplomatique et des voitures du service de police pour garantir le déroulement en toute sécurité de la réunion.
Malgré des mesures strictes de confidentialité, les plaques d’immatriculation des véhicules et le code marocain sur ceux-ci étaient des indications du rendez-vous.
Le contexte dans lequel se déroule cette réunion est particulièrement sensible, car les relations entre l’Espagne et le Maroc traversent une période difficile en raison de diverses questions controversées, telles que la réouverture des douanes à Ceuta et Melilla. Le président du gouvernement de Melilla, Juan José Imbroda, a appelé à ce que la réouverture des douanes commerciales avec le Maroc se fasse dans des conditions d’égal à égal et sans « humiliation ».
En outre, la coopération entre les deux pays a été remise en question par de récents désaccords, tels que la critique du président du tribunal de Cadix sur le manque de collaboration dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le patron de la DST et la DGSN du Makhzen Abdelatif Hammouchi, bénéficiaire de distinction officielle l’année dernière en Espagne est sévèrement critiqué et épinglé par plusieurs partis politiques espagnols , partis locaux et des ONG espagnoles pour son rôle dans la répression de la liberté d’expression et des droits de l’homme au Maroc. Sous sa direction, les services de renseignement makhzeniens ont été accusés de persécuter des journalistes, des militants et des défenseurs des droits de l’homme. À cet égard, le cas de l’ancien ministre des droits de l’homme sous le règne de Hassan II ,Mohamed Ziane, âgé aujourd’hui de 82 ans; condamné pour avoir critiqué le roi Mohammed VI, se distingue.