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Essais nucléaires de la France coloniale en Algérie: 15 organisations internationales appellent Paris à assumer ses responsabilités

15 organisations internationales actives dans le domaine de la lutte contre les essais nucléaires et le désarmement nucléaire ont appelé ce mardi 13 février 2024, coïncidant avec le 64ème anniversaire des essais nucléaires effectués par la France coloniale en Algérie, la France à assumer ses responsabilités en matière de décontamination des sites dont les préjudices pour l'environnement et les populations algériennes durent depuis plus de six décennies.

15 organisations internationales actives dans le domaine de la lutte contre les essais nucléaires et le désarmement nucléaire ont appelé ce mardi 13 février 2024, coïncidant avec le 64ème anniversaire des essais nucléaires effectués par la France coloniale en Algérie, la France à assumer ses responsabilités en matière de décontamination des sites dont les préjudices pour l’environnement et les populations algériennes durent depuis plus de six décennies.

Les organisations internationales appellent à cette occasion la France à lever le secret entourant les dossiers liés aux explosions et essais nucléaires français en Algérie, et à fournir toutes les informations nécessaires aux autorités algériennes, en leur communiquant la totalité des noms des sites où ont été déversés et enterrés les déchets nucléaires, accompagnée d’explications détaillées sur les produits enterrés. Les mêmes organisations appellent Paris à communiquer les données sur les sites et zones pollués et cesser de se cacher derrière le faux prétexte du secret-défense et de sécurité nationale, et la facilitation de la procédure d’indemnisation ainsi que l’accélération de l’indemnisation des victimes algériennes.

Pour rappel, le Chef d’Etat-major de l’ANP, le général d’armée Said Chanegriha avait souligné en avril 2021, à l’occasion de l’audience qu’il avait accordée à François Lecointre, chef d’Etat-major des Armées françaises, la nécessité pour l’ancien colonisateur d’assumer ses responsabilités pour décontaminer les sites objets des essais nucléaires et de la restitution de la cartographie pour permettre à l’Algérie de déterminer les zones et sites où avaient été enterrés les déchets à forte radioactivité et chimique non découvertes à ce jour.

Said Chanegriha avait signifié à François Lecointre la nécessité de résoudre la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker.

« Je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du Groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d’essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques », avait indiqué Said Chanegriha.

Patrice Bouveret: La France savait les retombées sur les populations

Dans une déclaration à Algérie54, Patrice Bouveret, cofondateur de l’Observateur des armements, que la France qui voulait maintenir le Sahara Algérien dans son giron, savait très biennal dangerosité des explosions nucléaires. Une confirmation qui met à nu les mensonges des autorités français qui prétendaient que les 17 explosions, essais et expérimentations nucléaires, étaient d’ordre scientifique.

A- Le 13 février 1960, dans le cadre de l’opération baptisée Gerboise bleue, la France a réalisé son tout premier essai nucléaire dans le désert du Sahara, à Reggane.

B-L’explosion a atteint une puissance d’environ 60 à 70 kilotonnes, soit quatre fois celle d’Hiroshima, au Japon.

C-Entre 1960 et 1966, la France a effectué 17 autres expérimentations nucléaires: 4 explosions aériennes dans la région de Reggane et 13 explosions souterraines à In Ecker.

D-À l’époque, les forces d’occupation françaises ont prétendu que les essais avaient eu lieu dans des zones inhabitées, alors qu’elles comptaient plusieurs milliers de civils.

E-Le bilan total des explosions nucléaires françaises entre 1960 et 1966 en Algérie est de 600 kilotonnes, soit plus de 46 fois la bombe d’Hiroshima et plus de 28 fois celle de Nagasaki.

F- Des quantités importantes de plutonium ont été dispersées sur des milliers d’hectares.

G-L’armée française a utilisé 150 cobayes algériens lors de l’explosion de la bombe « Gerboise blanche », 101 autres cobayes algériens pour « Gerboise rouge » et enfin 195 cobayes français pour « Gerboise verte ». Les éléments d’une unité militaire française ont été également utilisés comme cobayes dans « l’Opération Pollen »

H-Les habitants de ces régions souffrent toujours des séquelles des explosions, avec le recensement chaque année de plusieurs cas de cancer, de malformations congénitales et de stérilité.

I-Les essais nucléaires ont également causé des dommages environnementaux importants, contaminant les sols et les nappes phréatiques de la région.

J-Six accidents majeurs ont été répertoriés entre 1962 et 1965: deux à Reggane et quatre à In Ecker. Huit autres essais souterrains au Tan Affela ont provoqué des fuites de gaz radioactifs de moindre importance.

K-Le fait le plus marquant s’est produit le 1er mai 1962, lors de l’explosion souterraine répertoriée sous le nom de code Béryl. C’est le premier accident nucléaire, surnommé Tchernobyl 1 par les experts. La puissance de la bombe était de 30 kilotonnes et les parois de l’enceinte de confinement ont cédé. Une lave radioactive s’est formée et s’est répandue sur un rayon de 300 mètres, libérant un nuage radioactif qui a franchi la frontière algérienne avec la Libye. Pas moins de 2.000 civils et militaires, qui ont aussi assisté à l’explosion, et des habitants de la région ont été contaminés. Actuellement, cette région est gravement affectée par les déchets radioactifs, ce qui a un impact sur la santé de ses habitants.

L-Les autorités algériennes n’ont obtenu aucune carte ou plan des sites d’enfouissement des matériaux radioactifs pour procéder à une décontamination.

M-La seule carte concernant la première explosion atmosphérique, « Gerboise bleue », déclassifiée il y a dix ans, montre au moins 26 pays africains contaminés. Même le sud de l’Europe, à savoir les côtes espagnoles et la Sicile ont vu arriver le nuage radioactif.

N-Paris n’a pas non plus versé de compensations aux victimes algériennes ni à leurs familles, malgré le vote en 2010 d’une loi qui prévoit de dédommager les victimes des essais nucléaires français. Depuis, une seule victime « habitant en Algérie » a pu obtenir réparation.

O-Les Algériens attendent une reconnaissance totale de tous les crimes commis par la France coloniale, a souligné à maintes reprises le président de la république Abdelmadjid Tebboune.

P- Vu l’impossibilité pour l’Algérie d’assumer seule la tâche de décontamination d’un territoire s’étalant sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés, la nécessité d’une coopération internationale est indiscutable. Par exemple, le Royaume-Uni, qui a mené des essais nucléaires en Australie, a par la suite décontaminé certaines régions, tout en indemnisant les victimes.

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