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Offensive de l’offensant féminisme misandre et inquisitorial (2/2)

Par Khider Mesloub

Force est de constater que le féminisme se répand surtout en période de « paix sociale », de reflux de lutte des classes, d’amollissement politique, d’apathie militante, de fléchissement de la conscience de classe. Comme la nature a horreur du vide, les néo-féministes sectaires se sont engouffrées dans cette brèche de vacuité politique pour imposer leur agenda sociétal. 

Notamment celui de la dislocation des « couples normaux » ; celui de la généralisation forcée du modèle transgenre, de la normalisation de l’homosexualité, et autres extravagances sociétales, LGBT, etc.

Curieusement, pour des militantes hostiles au patriarcat, les néo-féministes préfèrent promouvoir les modèles identificatoires masculins. En effet, en Occident elles promeuvent le modèle masculin d’intégration sociale. Résultat : nombre de jeunes filles souhaitent devenir des garçons et changer de genre. Selon de nombreuses études, 75 % des personnes qui « transitionnent » vers l’autre genre sont des filles.

Cela révèle un malaise existentiel et identitaire parmi les jeunes femmes éduquées par un modèle féministe qui distille une propagande selon laquelle « être une femme c’est subir des violences masculines ». Aussi, ces jeunes filles, conditionnées par le néo-féminisme misandre, sont-elles persuadées d’être nées dans le mauvais corps.

Et pour se libérer de se corps source d’afflictions, la délivrance est à portée du bistouri, de la chirurgie esthétique parrainée par « Big Pharma ». Cette multinationale parraine également l’opération de légalisation de la GPA, qui constitue une véritable atteinte à la dignité des femmes du fait de la marchandisation de leur corps.

Le féminisme misandre tente de culpabiliser tous les hommes

À cet égard, il est de la plus haute importance de relever que les féministes commencèrent à s’ébranler seulement au moment où des célébrités entrèrent en scène pour dénoncer les agressions et violences dont elles avaient été victimes de la part d’hommes hauts placés mais aux mœurs déplacées. Elles sont de fait beaucoup moins promptes à s’émouvoir quand des femmes prolétaires anonymes sont quotidiennement agressées, exploitées sur leur lieu de travail.

Ce néo-féminisme misandre et inquisitorial milite, proclame-t-il, pour « libérer la parole des femmes », mais exclusivement de celle de l’infime minorité des femmes violées et des offensées (qu’il faut évidemment dénoncer et condamner mais d’un point de vue humain et non « réductiblement » – ridiculement – féministe). Mais jamais la parole des milliards de femmes exploitées, opprimées, chômeuses, affamées (elles sont des centaines de millions de par le monde). Pour ces femmes offensées et violées, heureusement il y’a une justice qui instruit le procès des coupables. Mais pour les centaines de millions de femmes exploitées, opprimées, affamées, qui instruit le procès des coupables, autrement dit des capitalistes et des gouvernants ? Sûrement pas les féministes bourgeoises repues, affairées à transformer le Genre de l’humain par la déconstruction anthropologique sexuelle, et non à transformer le monde par la révolution sociale.

Osons le dire : par leur empressement à s’indigner contre les agressions sexuelles et violences conjugales commises contre ces grandes Dames du sérail médiatique, politique et culturel, ces féministes expriment ainsi inconsciemment leur solidarité de classe. À cet égard, les comportements prédateurs exposés sous les feux de la rampe sont souvent l’œuvre d’hommes des classes opulentes dirigeantes. Détendeurs de pouvoirs dans différents secteurs économiques, politiques et culturels, ces hommes usent et abusent de leurs prérogatives pour assouvir leurs bas instincts sexuels, exercés au nom de leur droit patriarcal de cuissage. Ces pratiques de séduction forcée sont l’apanage de cette engeance lubrique établie dans les hautes sphères, dans les entreprises privées comme dans les administrations publiques, dans les secteurs culturels et médiatiques. Dans ces hautes sphères ridées règne une atmosphère de lubricité débridée.

Toutes les affaires d’agression sexuelle, comme celle de Harvey Weinstein, de DSK, Bill Clinton (l’affaire Monica Lewinski), Berlusconi (qui recrutait des jeunes call girls pour des « parties fines », parfois âgées de moins de 16 ans), sont révélatrices des mœurs dépravées des classes dirigeantes. Ces mœurs se conforment à l’esprit de prédation de la bourgeoisie belliciste. Dans les hautes sphères, n’importe quel petit chef, grisé par le sentiment de toute puissance et d’impunité, se meut en prédateur sexuel. Il profite de son pouvoir directionnel pour exiger, par le harcèlement et la pression, d’exercer son droit de cuissage.

Pour autant, avec la médiatisation extrême des affaires de violence et de viol, il est légitime de s’interroger sur les véritables mobiles de ces couvertures médiatiques. Dans les périodes troubles comme celle d’aujourd’hui, il est clairement évident que la focalisation sur ces affaires permet d’éluder les vrais problèmes sociaux, de reléguer au second plan les difficultés économiques : explosion du chômage, augmentation exponentielle de la précarité, dégradation des conditions de travail, faillite de milliers de commerces et d’entreprises, gestion criminelle de la crise sanitaire, crise orchestrée des matières énergétiques, préparatifs de guerre, etc.

À cet égard, il est important de souligner que la classe dominante, pour renforcer la croyance dans la démocratie bourgeoise sénile, s’active à entretenir la propagande sur « l’inacceptabilité » de toutes les discriminations au sein du capitalisme. Aussi, pour lutter contre le racisme, la misogynie avec son corollaire de violences et de viols, il suffirait, selon elle, de s’en remettre à la justice.

Or, aucune pénalisation des conduites avilissantes envers les femmes ne peut annihiler les violences et déviances sécrétées par une société fondée sur l’exploitation, l’oppression, l’inégalité sociale, la prédation, la concurrence, la répression judiciaire, la violence policière. Cette protection judiciaire offerte par l’État bourgeois ressemble à la corde qui soutient le pendu. Le capitalisme porte en lui la guerre comme les nuées l’orage, a dit Jaurès. De même porte-il en lui les maltraitances et les violences à l’égard du prolétaire, en général, et de la femme, en particulier.

Aujourd’hui, un certain féminisme misandre tente de culpabiliser tous les hommes. De désigner à la vindicte médiatique chaque mâle. D’abord en focalisant l’attention sur les femmes violentées ou violées.  Or, il s’agit d’un problème de société global, non pas féministe. Autrement dit, un problème généré par la société capitaliste vectrice de violences protéiformes.

Le combat de la femme est lié à celui de l’homme, son égal et vice-versa

En effet, si, dans la société, plusieurs catégories sont opprimées, ostracisées, telles que les femmes, les immigrés, les communautés ethniques, ce n’est pas en raison de leur particularisme, mais du fait de la particularité du capitalisme qui fonctionne sur la répartition des êtres humains en fonction de leur catégorie sociale, sur des rapports sociaux d’exploitation, vecteurs de concurrence de tous contre tous, d’esprit de domination et de prédation. Dans le système capitaliste, on devient toujours le « prolétaire », le « colonisé », le « Palestinien » de quelqu’un formé selon les normes de domination érigées en valeurs absolues par les structures de conditionnement de l’esprit. Une société de classe reproduit intrinsèquement des schèmes de pensée « esclavagistes », des structures mentales de domination véhiculées par les normes de socialisation dispensées par des institutions éducatives légitimant moralement l’asservissement salarial, la division sociale, l’inégalité économique, en un mot l’assujettissement d’une classe (aujourd’hui prolétarienne).

Or le capitalisme est une société de classe, fondée sur l’exploitation et l’oppression, et surtout sur la prédation et la guerre, comme l’illustre l’actualité. Aussi induit-il infailliblement, par reproduction de son système de valeurs de domination, des injustices, des rivalités, des conflictualités sociales, des rapports de forces, notamment entre les sexes, communautés, ethnies, nations, etc. Par l’intériorisation des représentations mentales (ensemble structuré de croyances acceptées et partagées par la société) de domination, inhérentes aux sociétés de classe, les individus perpétuent des référentiels culturels et schèmes sociétaux archaïques, même au sein des sociétés modernes « démocratiques ».

Ainsi, tant que le capitalisme domine la société, il y aura toujours des femmes opprimées, des communautés ostracisées, des nations dominées. Aucun aménagement politique ni mutation mentale ne sont possibles au sein de cette société d’exploitation et d’oppression, fondée sur l’esprit de prédation et la mentalité belliciste. Pour modifier les mentalités, il faut d’abord transformer le monde.

Cependant, il est légitime que des femmes, révoltée par l’injustice réservée à la gent féminine, veuillent lutter contre ces discriminations sociales, les violences sexistes.  Mais elles se fourvoient par leur engagement sur la voie d’un féminisme étroit, mouvement axé exclusivement sur la lutte pour « l’égalité entre les sexes », au sein d’une société capitaliste par essence inégalitaire et violente. Il s’agit d’un combat infailliblement voué à l’échec. Car la condition dégradée de la femme ne peut être pensée indépendamment du système capitaliste dégradant. Aussi, pour changer radicalement la condition asservie de la femme, il faut anéantir le capitalisme.

Contrairement à la propagande distillée par le néo-féminisme sociétal misandre, la problématique capitale contemporaine n’est pas la guerre des femmes contre les hommes, mais celle du prolétariat (socialement attaquée et menacé d’anéantissement par la guerre généralisée en cours) contre la bourgeoisie mondiale, belliciste et génocidaire.

Comme on le constate, le néo-féminisme préfère promouvoir une représentation victimaire des femmes plutôt que de les exhorter à s’associer aux hommes (prolétaires) pour combattre ensemble contre le même ennemi : le capitalisme. Sans conteste, le néo-féminisme est le meilleur allié du capital.

Quoi qu’il en soit, la libération et l’émancipation de la femme ne se réaliseront jamais dans le cadre de la société capitaliste. Le combat de la femme est consubstantiellement lié à celui de l’homme, son égal et vice-versa. Leur ennemi est commun : le capitalisme, l’impérialisme, les traditions archaïques oppressives, le patriarcat, les religions régressives et agressives, les comportements destructeurs, les attitudes antisociales, les valeurs marchandes, produits d’un capitalisme en putréfaction.

Lire: https://algerie54.dz/2023/03/06/femmes-violence/

 

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