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Suspension de Rachid M’barki par BFMTV: le journaliste marocain bien alimenté par des anciens du Tsahal et du Mossad

Une enquête diligentée par la cellule investigation de Radio France, avec le consortium Forbidden stories, révèle  que la chaîne française BFMTV a diffusé des informations fournies par une agence de désinformation israélienne dirigée par des anciens du Tsahal et du Mossad.

Les consœurs et confrères de Rachid M’barki sont sidérés et s’interrogent sur les desseins du journaliste  marocain présenté comme expérimenté et  qui diffusait à l’antenne des informations biaisées et orientées. Propagande au profit du régime du Makhzen ,Sahara « marocain », ces brèves (un texte d’une quarantaine de secondes sur fond d’images illustratives) fournies clés en main pour le compte de clients étrangers, sont passées à l’antenne sans validation de la rédaction en chef et au mépris de la ligne éditoriale de BFMTV.

Le  un journaliste, Frédéric Métézeau, qui travaille alors pour la cellule investigation de Radio France dans le cadre d’une vaste enquête baptisée « Story Killers », coordonnée par le consortium Forbidden Stories avait réussi à découvrir le vrai visage de Rachid M’barki et alerta le directeur de la chaîne  Marc-Olivier Fogiel sur les pratiques du journaliste marocain. Ce dernier convoque alors Rachid M’Barki. « Il m’explique que des brèves lui sont proposées par un intermédiaire et que cela relève de son libre arbitre éditorial, raconte le directeur de la chaîne. C’est suffisamment problématique pour que nous lancions un audit interne pour comprendre comment ces brèves arrivent à l’antenne, comment elles sont illustrées, et par quels biais la hiérarchie a été contournée. »

Les enquêteurs notent des informations biaisées ont été relayées par Rachid M’Barki, comme la gestion du port de Douala au Cameroun par la société Portsec, là encore reprise par un site dirigé par un avatar intitulé News365.

Dans le même cadre, les enquêteurs réussirent à identifier qui se cachait derrière le profil mystérieux Jorge, le maître d’œuvre de ces opérations de diffusion de ces « informations » distillées par l’agence israélienne de désinformation . Il se fait aussi appeler « Michael », « Joyce Gamble » ou « Coral Jaime ». Il dispose de plusieurs adresses email et de numéros de téléphones dans différents pays. Mais il se nomme en réalité Tal Hanan. Il est à la tête de deux sociétés opérant dans la sécurité et le renseignement : Sol Energy et Denoman.

Il  est décrit comme un spécialiste des explosifs ayant servi dans les forces spéciales de l’armée israélienne et comme ancien officier de liaison de Tsahal, l’armée de défense d’Israël, auprès du commandement des forces spéciales de la sixième flotte des États-Unis. Selon sa biographie, il aurait aussi « commandé des opérations de protection des cadres à haut risque au Mexique, en Colombie et au Venezuela, et dirigé des programmes de formation en matière de lutte contre le terrorisme… pour le gouvernement américain ». Titulaire d’un diplôme en relations internationales de l’Université hébraïque de Jérusalem, il est présenté comme « un conférencier très recherché qui a fait des exposés devant le Congrès américain, de nombreux gouvernements étrangers et des sociétés internationales ». On le retrouve interviewé dans plusieurs médias en lignes et dans de grands journaux comme le Washington Post en 2006.

Grâce aux confrères du Guardian, les enquêteurs ont eu accès à des mails qui montrent qu’entre 2015 et en 2017, Tal Hanan a cherché à travailler pour Cambridge Analytica, société de l’ombre  dont le nom a été mêlé à un scandale de vol de données de Facebook.

 

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