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Exxelia dans le giron américain: la France perd de plus en plus de sa souveraineté industrielle

Le conflit ukrainien affecte durement l’industrie européenne, contrainte de procéder à des opérations de délocalisation ou de cession, dans le sillage de la loi IRA, adopté par l’administration Biden. Dans ce contexte, la France semble perdre de sa souveraineté industrielle pour passer sous l’escarcelle des États-Unis.
Et comme meilleur exemple illustrant les bouleversements nés du conflit ukrainien, la finalisation du rachat  du fabricant de composants électroniques Exxelia par le groupe américain Heico . Devenu britannique en 2014, celui-ci est néanmoins vital pour l’armement ou la haute technologie française.

Exxelia passe dans le giron américain. Le 6 janvier, dans la foulée d’Heico Corporation, le média La Tribune révélait la finalisation de l’opération de rachat de ce concepteur et fabricant de sous-systèmes de précision et de composants passifs électroniques, avalisée par Paris.

Née en 2009 de la fusion de cinq entreprises, la firme avait été rachetée une première fois en 2014 par la société britannique IK Partners. Reste que les produits d’Exxelia sont encore intégrés à une variété d’équipements de haute technologie vitaux pour la puissance française, allant des appareils d’imagerie médicale aux fusées Ariane, en passant par le Rafale et les porte-avions. L’acquérir est un nouveau succès pour le groupe américain Heico qui, en octobre, avait déjà racheté un fleuron tricolore, TRAD Tests & Radiations.

Pour de nombreux hommes politiques français, le gouvernement Born ne défend ni les intérêts français, ni la souveraineté de la France».

Au moment où la France pille les richesses de ses anciennes colonies en Afrique, via sa présence militaire argumentée par la menace terroriste,qu’elle n’a jamais « réussi » à l’éradiquer, elle est elle-même pillée, comme le souligne un élu de la Moselle qui estime qu’   Exxelia, est victime d’un «nouveau pillage». Le même élu s’était déjà illustré lors du « bradage » de ce fleuron, en référence à son rachat par le fonds d’investissement britannique IK Partners «lorsqu’Emmanuel Macron était ministre de l’Économie».

Son échange, houleux, avec le ministre de l’Économie, qu’il accusait d’avoir «bradé à des intérêts étrangers des centaines de milliers d’emplois, des centaines de brevets», lui vaudra d’être sanctionné par la présidente de l’Assemblée nationale. «J’ai été sanctionné pour avoir dénoncé, justement, la lâcheté de ce gouvernement qui n’a pas le courage de défendre nos fleurons industriels face aux puissances étrangères», tacle-t-il aujourd’hui. Face à Bruno Le Maire, le jeune député avait brandi le risque de voir Exxelia – et ses clients – tomber sous le coup de l’extraterritorialité du droit américain. En effet, la législation états-unienne est particulièrement stricte en matière d’exportations d’armements.

Via la réglementation ITAR (International Traffic in Arms Regulations), véritable casse-tête pour les industriels tricolores et la Direction générale de l’armement (DGA), Washington s’octroie un droit de regard sur toutes les ventes et reventes d’armements comportant des composants made in USA. «Les offres françaises n’étaient pas à la hauteur» «Vous aviez dit que vous ne souhaitiez pas que nous puissions commander à Washington ou à Pékin», interpellait le député de la Nupes, Aurélien Saintoul, lors d’une audition le 5 octobre à l’Assemblée nationale du ministre la Défense Sébastien Lecornu.

 

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