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France : la bourgeoisie belliciste expurge son Parlement des deux partis populistes pacifistes

À peine la décision de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Macron, le leader du parti populiste gauchiste, Jean Luc Mélenchon, a dénoncé cette initiative. « Le président a renvoyé chez eux les seules qui avaient une légitimité », a déploré Mélenchon. 


Par Khider Mesloub

À peine la décision de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Macron, le leader du parti populiste gauchiste, Jean Luc Mélenchon, a dénoncé cette initiative. « Le président a renvoyé chez eux les seules qui avaient une légitimité », a déploré Mélenchon. 

En effet, Macron s’est résolu enfin à expulser les trublions populistes gauchistes et droitistes de l’Assemblée nationale devenue ingérable. Et, surtout, en voie de décrédibilisation et délégitimation définitive du fait de l’impopulaire usage récurrent du 49.3 par le gouvernement, pour faire passer en force ses projets de loi faute de majorité présidentielle. Et des lois antisociales et militaristes, Macron compte en voter des dizaines par le Parlement. Mais par un Parlement composé d’une large majorité docile et soumise acquise au programme de guerre sociale et militaire actuellement en préparation par la bourgeoisie française belliciste. 

Certes, le Rassemblement national a réalisé une percée fulgurante, un score spectaculaire aux élections européennes. Mais il s’agit d’un scrutin extranational, d’une victoire électorale à une instance européenne dépourvue de tout pouvoir législatif puisqu’elle est dirigée, réellement, par des lobbies. 

En tout cas, cette victoire électorale européenne du Rassemblement national n’aura aucun impact sur l’Hexagone. À plus forte sur les orientations économiques et impérialistes de la France. Ce parti populiste droitiste fera uniquement de la figuration au sein du Parlement européen. 

Au reste, depuis sa création, le Rassemblement national (anciennement dénommé Front national) a toujours fait de la figuration. Il sert d’épouvantail à la bourgeoisie française. C’est un parti « repoussoir baudruche », gonflé électoralement selon les nécessités du moment de la vie politique française. 

Pour rappel, cette « baudruche FN » a été fabriquée de toutes pièces par les manœuvres de François Mitterrand. C’est cet ancien membre de la Cagoule, organisation d’extrême-droite, pétainiste sous l’Occupation, puis guillotineur ministériel de combattants algériens durant la guerre de Libération, devenu président en 1981, qui a permis au Front national de faire son entrée au Parlement en 1986, grâce à l’instauration de la proportionnelle à un seul tour. 

Depuis bientôt quarante ans, le Front national, aux scores démesurément gonflés pour les besoins de la cause, sert à galvaniser les campagnes des « démocrates » pour conjurer la prétendue « montée de la menace fasciste ». Pour ce faire, ces « démocrates » bourgeois de gauche et d’extrême gauche, constitués en « front républicain », exhortent régulièrement les prolétaires à se mobiliser électoralement pour défendre la démocratie, c’est-à-dire l’État des riche, la France impérialiste. 

Au vrai, la classe dominante française est consciente que l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir est impossible.  Car le programme de ce parti populiste droitiste pacifiste est totalement inapplicable. Surtout, il va à l’encontre des besoins actuels du capitalisme français belliciste. Pire. Ses orientations anti-européennes et isolationnistes autant que ses revendications d’arrêt total de l’immigration (ce qui revient à l’interdiction de l’exploitation de la force de travail immigrée, dernière planche de salut des patrons en déconfiture) vont à contre-courant des objectifs du capital national français. (1)

Une chose est certaine, dans ce contexte d’approfondissement de la crise économique et d’exacerbation des tensions inter-impérialistes, les partis populistes gauchistes et droitistes, LFI et RN, aux programmes politiques en total décalage avec les besoins objectifs de la bourgeoisie française, sont devenus un véritable obstacle en matière de gestion de l’économie militariste et des visées impérialistes tricolores. 

Aujourd’hui, par la dissolution de l’Assemblée nationale, Macron escompte créer, par l’agitation du « péril fasciste », un sursaut d’union nationale électorale qui élira une nouvelle majorité composée de députés issus de toutes les formations dites « républicaines », à l’exception des deux partis populistes gauchistes et droitistes, LFI et RN. 

Par ailleurs, en convoquant l’élection législative à une date aussi rapprochée, Macron contraint ainsi les électeurs, notamment les abstentionnistes, à se mobiliser massivement derrière le gouvernement pour « sauver la démocratie menacée », selon la propagande élyséenne usuelle, par le parti d’extrême droite de Marine Le Pen. 

Néanmoins, cette fois-ci, l’union nationale tant sollicitée par Macron n’a pas pour dessein idéologique de sauver prétendument la démocratie du totalitarisme (déjà adopté par l’État), mais de pouvoir déclencher, grâce à un Parlement docile et soumis, sans obstacle la guerre militaire. Mais également de mener sa guerre sociale contre les travailleurs par le démantèlement, avec l’appui inconditionnel du nouveau Parlement croupion composé de morpions, de tous leurs droits sociaux (baisse des salaires et augmentation des impôts) et politiques (restrictions des libertés et du droit d’expression : l’interdiction de LFI est envisageable) afin de soutenir l’effort de guerre militaire et sociale. 

(1) Lire notre article : Y a-t-il péril fasciste en la demeure France ? publié dans Algérie54 le 9 juin 2024.

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