Tout indique que l’ère des réformes et de l’orientation pro-européenne de la France, sous le régne d’Emmanuel Macron entamées à son arrivée au pouvoir en 2017, touche à sa fin. Des rèformes qui s’avèrent une chimère, faisant planer une chute imminente de la VIe république.
Macron,imbu à sa personne se présentait comme le « maître des horloges », celui qui fixe l’ordre du jour et le calendrier. Une attitude qui s’avère préjudiciable à son parcours politique et àla bonne gouvernance de son pays.Sur le plan intérieur, il accumula les échecs, comme l’atteste la convocation des élections législatives anticipées du 9 juin 2024, après la victoire du Rassemblement national de Marine Le Pen aux élections européennes de mai 2024.
Une décision annonciarice d’une profonde crise politique, comme l’indique la nomination de rois premiers ministres jusqu’à aujourd’hui, sans pour autant rassurer les français. Cependant, le résultat des élections législatives de l’été 2024 a été une Assemblée nationale divisée en trois blocs (extrême droite, gauche et extrême gauche, et macronistes) qui a enlisé la France dans une paralysie permanente. Macron échoue à plusieurs reprises à trouver un Premier ministre capable de parvenir à un consensus : son projet de réforme de la France est de plus en plus impossible à mettre en œuvre. Le macronisme est en train de mourir.
Son dernier sursaut avec la nomination de Sébastien Lecornu, un de ses fidèles collaborateurs, a tenu quelques heures avant de présenter sa démission. S’il ne reste finalement pas au pouvoir, ce sera le plus court de la Ve République, qui remonte à 1958. Plus court encore que ses prédécesseurs, François Bayrou, qui a perdu un vote de confiance à l’Assemblée nationale après huit mois, et Michel Barnier, battu par une moion de censure de 90 jours après sa nomination . Lecornu a démissionné quelques heures seulement après l’annonce de son gouvernement. Il n’a même pas présenté son programme de politique générale.
Les options de Macron
Course conre la montre et à la demande de Macron, Lecornu s’efforcera de parvenir à une « plateforme d’action pour la stabilité du pays » dans les prochaines 48 heures, qui prennent fin aujourd’hui mercredi.
Macron attend mercredi après-midi pour voir quelle solution il peut trouver à cette crise. En cas d’échec, le président a promis d’assumer ses responsabilités. Il pourrait donc convoquer des élections anticipées. Il est plus improbable qu’il démissionne, comme le réclame avec insistance Jean-Luc Mélenchon, président de la France Insoumise et figure de la gauche. Une autre option serait qu’il nomme un autre Premier ministre, mais il est à court d’options. Lecornu semble peu disposé à poursuivre, même dans l’hypothèse où sa mission serait couronnée de succès.
Les Premiers ministres de Macron sont gênés par le fait que le bloc qui soutient le président ne compte que 211 députés sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Tant le bloc mené par Marine Le Pen et Jordan Bardella que celui mené par Jean-Luc Mélenchon prennent leurs distances avec Macron, qui ne recueille que 22 % d’opinions favorables, selon le dernier sondage BFMTV .
Les socialistes ne comptent que 66 députés, mais leur soutien aurait été crucial pour Lecornu. Ils réclament cependant le retrait de la réforme de l’âge de départ à la retraite, imposée par décret par Macron, et l’adoption d’un impôt annuel de 2 % sur les fortunes supérieures à 100 millions d’euros, dit « taxe Zucman », du nom de l’économiste Gabriel Zucman. Il s’agirait d’un impôt sur le patrimoine, et non sur les bénéfices de leurs entreprises. 86 % des Français soutiennent cette mesure, qui effraierait des Français comme Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France et propriétaire de LVHM.
La chute de Lecornu a été une surprise, mais il lui aurait également été difficile de faire adopter un budget. Lecornu, qui avait refusé de gouverner par décrets, faisait face à un staff gouvernemental, en pleine confusion et objet de critiques acerbes, comme c’est le cas pour la nomination de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’économie et des finances désigné ministre des armées, ou le maintien d’Elizabeh Borne au porte-feuille de l’éducation.
La nomination de Bruno Le Maire, ministre des Finances pendant sept ans, au poste de ministre de la Défense a suscité la colère de Bruno Retailleau, qui avait été nommé ministre de l’Intérieur. Pour les Républicains, Bruno Le Maire est le symbole d’une politique qui a conduit la France à un endettement massif. Le Maire a refusé de rejoindre le gouvernement, mais Retailleau affirme que la confiance a été trahie. Il affirme que Lecornu lui a caché que Le Maire allait devenir ministre de la Défense.
Deux autres alliés libéraux ont également exprimé des réserves : Horizontes, dirigé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, et le MoDem Bayrou.
Aujourd’hui, il est fort possible que le président monarque finisse par accepter qu’il n’y a pas d’autre choix que de convoquer de nouvelles élections. Comme moindre mal, il espère que le Rassemblement national recueillera davantage de soutien, puis il devra nommer Jordan Bardella Premier ministre. Dans les sondages, le Rassemblement national oscille autour de 32 %.
Condamnée pour détournement de fonds, Marine Le Pen ne pourrait pas se présenter, mais elle pourrait devenir Premier ministre, même si elle pourrait se réserver ce droit en cas de succès en appel et prétendre à l’Élysée. Étant donné que l’extrême gauche serait impitoyable avec un Premier ministre Rassemblement national, son mandat serait compliqué et compromettrait à terme ses chances d’accéder à l’Élysée en 2027.
Quoi qu’il en soit, tout indique que l’ère des réformes et le cap résolument pro-européen initiés par la première victoire de Macron en 2017 sont définitivement terminés. En acceptant sa nomination à la tête du gouvernement il y a moins d’un mois, Lecornu avait annoncé une « rupture » avec la politique de ses prédécesseurs. Cependant, il n’a pas tenu parole. Non seulement il était étroitement contrôlé par Macron, mais il a aussi subi le regard sévère des marchés financiers. Avec une dette de 3 400 milliards d’euros (près de 116 % du PIB), la France ne peut conserver la confiance des investisseurs que si elle poursuit son désendettement. Et elle n’applique pas la taxe Zucman.
Macron aborde les deux courtes années qui lui restent avant de quitter l’Élysée avec une popularité en chute libre. La France est confinée, l’économie est de plus en plus en difficulté, et un second tour entre Jean-Luc Mélechon, d’extrême gauche, et Marine Le Pen ou Jordan Bardella, d’extrême droite, n’est pas exclu. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée de couper les ponts avec le Parti socialiste.
Le mouvement libéral centriste qu’il a défendu est désormais à la dérive, un navire qu’aucun capitaine, aussi compétent soit-il, ne peut facilement redresser. Malgré les vents contraires, il est peu probable que Macron décide d’arrêter le temps et de démissionner. Ce serait comme accepter d’être la cause des problèmes de la France, comme le prône Mélenchon, qui est à l’opposé de lui.
La crise institutionnelle s’aggrave en France après la démission éclair de Sébastien Lecornu, qui a jugé les conditions de gouvernance intenables. Ce fiasco alimente les appels croissants à la démission d’Emmanuel Macron ou à une dissolution de l’Assemblée, dans un climat de défiance généralisée envers Emanuel Macron.
Esseulé, Emmanuel Macron, a chargé Sébastien Lecornu de négociations jusqu’à mercredi et affirmait être prêt à « prendre ses responsabilités » en cas d’échec. Les options incluent un gouvernement technique, un Premier ministre de gauche ou une dissolution risquée, qui pourrait profiter au RN.