La France s’achemine-t-elle vers le chaos, synonyme de l’effondrement de la V république ? Rien n’est exclu, dans la foulée de la décision du président français Emmanuel Macron, de dissoudre l’assemblée nationale française, suite aux résultats des élections européennes de dimanche 9 juin, ayant permis à l’extrême droite d’écraser ses adversaires politiques comme la majorité présidentielle, la droite et la gauche française.
Pour de nombreux observateurs, les résultats des législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, risquent de porter un coup dur à la 5ème république, si Emmanuel Macron procèderait à prendre les pleins pouvoirs en cas de débordements après les législatives, en recourant à l’article 16 de la constitution, comme ça a été révélé par la radio Europe 1 ce mercredi 19 juin, et qui a indiqué que le locataire du palais de l’Elysée l’aurait évoqué avec des proches la possibilité de prendre les pleins pouvoirs en cas de débordements après les législatives. Une information, démentie par la présidence française, quelques instants après.
Au passage, la décision de dissoudre l’assemblée nationale française, prise dans le sillage de la déroute de la majorité présidentielle, n’a pas été du goût de certaines personnalités politiques françaises réputées de proches de Macron depuis la campagne électorale de son premier mandat en 2017.
Parmi ses anciens soutiens, l’ancien premier ministre Edouard Philippe, et « agent » de l’Etat profond français, de plus en plus fragilisé par le spectre de la disparition de la V république, qui n’a pas tardé à réagir, en accusant le jeudi 20 juin Emmanuel Macron d’avoir «tué la majorité présidentielle».
Edouard Philippe, est rapidement imité et rejoint par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire qui pour sa part s’est emporté contre les conseillers de Macron, les traitant de «cloportes».
Bruno Le Maire, qui digère mal la dissolution de l’Assemblée nationale, «Vous savez, les parquets des ministères et des palais de la République sont pleins de cloportes», a-t-il déclaré sur le plateau de TV5 Monde, à l’adresse de conseillers d’Emmanuel Macron.
«Il est très difficile de s’en débarrasser, le mieux c’est de ne pas les écouter», a-t-il ajouté. Une attaque à peine cachée contre Bruno-Roger Petit, ancien journaliste devenu «conseiller mémoire» du président, et l’ex-sénateur sarkozyste Pierre Charon, qui seraient les deux inspirateurs de la décision d’Emmanuel Macron, le 9 juin, de dissoudre l’Assemblée.
La bombe nucléaire politique de Macron
La classe politique française est encore sous le choc de cette dissolution de l’assemblée nationale française, qualifiée par beaucoup de bombe nucléaire politique, version Macron.
Une décision décidée, selon certains observateurs, sur une pulsion puérile d’hubris du président Macron, une décision hâtive, solitaire, irraisonnée : plusieurs qualificatifs sont déjà candidats pour entrer dans l’histoire et expliquer cet épisode aux générations futures.
Vous avez aimé « l’expérimentation hasardeuse » de Jacques Chirac (l’expression est de Lionel Jospin) en 1997, vous adorerez la dissolution pour convenance personnelle de Macron en 2024.
Macron aurait décidé de prendre le risque de pulvériser la Ve République qui est construite pour deux blocs qui alternent et non pour trois camps bloqués. L’éventuel effondrement de la V république, née en mai 1958, en pleine guerre d’Algérie, dont le premier président n’est autre que De Gaulle, signifie la fin de cette Union européenne, et qui selon de nombreux connaisseurs, n’est plus une priorité pour les américains depuis 2013, suivie rappelons-le par le Brexit.
L’effondrement prévu du bloc central, ( majorité présidentielle) identifié par tous les instituts de sondages, confirme ce qui a été analysé de près depuis 2017 : le cheminement personnel de Macron ne croise pas la route avec la pérrenisation de la V république et ses garde-fous de l’Etat profond français.
Nous y sommes. Après avoir démontré brillamment ces dernières années et surtout dans le domaine extérieur que l’on pouvait être à la fois très intelligent et mener une politique imbécile, on assiste à une nouvelle facette de Macron : la jubilation destructrice.