L’escalade menée par le ministre français de l’Intérieur à l’égard de l’Algérie, dont l’attitude dépasse de loin les règles diplomatiques conformément à la Convention de Vienne n’est que la cache l’iceberg au sein de l’Exécutif français, de plus en plus menacé par l’implosition.
Ce jeudi 24 juillet, le président français Emmanuel Macron a refusé de voir son ministre de l’Intérieur, suite à ses propos sur la fin du macronisme. C’est le Premier ministre François Bayrou qui a été chargé par le locataire du Palais de l’Elysée de recevoir le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau pour évoquer ses dossiers ministériels, notamment les relations entre Alger et Paris.
Ce report intervient dans un contexte de frictions croissantes, exacerbées par un entretien accordé par Retailleau à Valeurs Actuelles. Le très controversé ministre de l’intérieur et patron de LR n’a pas hésité à déclarer que « le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron ». Il a qualifié le macronisme de source d’impuissance .
Ces propos ont provoqué une vive réaction dans le camp présidentiel. Lors du Conseil des ministres du 23 juillet, l’ambiance était glaciale. Macron a interpellé Bruno Retailleau sur les récentes violences urbaines à Nîmes, Béziers et Limoges, lui rappelant que les budgets de la police ont été augmentés sous son mandat, contrairement à l’ère Sarkozy.
À propos de la loi Duplomb, le président a déploré « des choses un peu simplistes », une pique perçue comme visant encore son ministre de l’Intérieur. L’ancienne socialiste Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation, a accusé ce dernier sur X de « diviser le socle commun » et d’« affaiblir les remparts contre les extrêmes ». Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a défendu le macronisme comme un « choix de l’action face au populisme ».
Revendiquant être un gaulliste, Bruno Retailleau, en pré-campagne pour 2027 souligne qu’il est pour une « droite utile, mais pas docile ».
Ses mensonges et ses acrobaties piétinant son collègue des affaires étrangères, notamment sur le dossier des relations avec l’Algérie, où ne font que creuser un fossé avec l’Élysée, qui privilégie la prudence diplomatique.
Bruno Retailleau est surtout soupçonné de vouloir faire comme Emmanuel Macron en 2016 avant sa première campagne présidentielle. C’est-à-dire prendre progressivement ses distances avec le Château – ce qu’il ne manque pas de faire – puis démissionner pour se lancer dans la course à la présidentielle de 2027.
Ce différend, amplifié par les ambitions de Retailleau pour 2027, fait dire à certains que la question n’est plus si les Républicains quitteront le gouvernement, mais quand. En confiant l’entretien à François Bayrou, Macron tente de discipliner son ministre tout en évitant une confrontation directe, dans un climat politique déjà tendu par les débats sur le budget 2026 et la loi Duplomb. Emmanuel Macron, en situation d’échec au niveau international, se passerait bien de ces anicroches gouvernementales.
Les tensions au sein de l’Exécutif français sont aussi alimentées par les procès de corruption et de trafic d’influence visant la ministre de la Culture Rachida Dati dans l’affaire Renault-Nissan. Idem pour le ministre de la justice Gérard Darmani, objet d’une plainte pour abus d’autorité déposée, le 24 juillet, devant la Cour de justice de la République. François Bayrou au même titre que la ministre de l’Education, ancienne premier ministre dans l’affaire de Betharram.
Le climat délétère au sein de l’Exécutif français, manquant de légitimité populaire, augure bien un été et automne chaud en France dans la foulée de la crise socioéconomique en France, menacée de plus en plus par le surendettement et les appels aux manifestations prévues à la rentrée sociale. Est-ce l’effondrement de la Ve république? Les prochains jours nous le diront.