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L’Algérie,acteur incontournable dans le nouvel ordre mondial qui se dessine

Par Hattou Mohamed Amine

« Les Etats-Unis doivent protéger leurs citoyens de la maladie tout en préparant dès maintenant l’entrée dans une nouvelle ère »

 Henry A. Kissinger  |  The Wall Street Journal, 07 avril 2020 

 Au lendemain des élections de Midterm de novembre 2022 , et au moment où les Américains scrutent  les positions de leurs pays sur la scène internationale, il serait fort intéressant de connaître la nouvelle grille de lecture de Kissinger sur : le « Nouvel Ordre Mondial » comme défini à la fin de la Guerre Froide et sa contestation au même titre que les accords de Bretton woods révisés avec son impulsion.

Cette révision a permis la mise en place du pétrodollar dans le sillage de la crise énergétique  sous l’ancien président américain Nixon, et a provoqué un  intérêt pour l’équation Chinoise face à L’URSS et celle de la Russie avec l’émergence actuelle de la république populaire de Chine, vu le statut de cette dernière dans l’ONU et les manœuvres diplomatiques de l’époque (début des années 70 du siècle dernier) en parallèle à l’aspiration Palestinienne à avoir son propre Etat et un statut de membre à part entière.

Il en résulte, instrumentalisation des instances internationales, Terrorisme transnational, guerres par procuration, ingérences internes en tout genres, nucléaire iranien, Pegasus et Cyber-War ,sanctions et embargos divers, CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act) , crise Syrienne, Yéménite, libyenne, ukrainienne avec la grande perturbation énergétique qui s’en est suivie en Europe, pour ne citer que ces éléments , c’est plus qu’une succession d’événements isolés, c’est la nature même de l’ordre international fondé et promu par certaines puissances occidentales en brandissant  la bannière étoffée par la défense des droits de l’homme, de la démocratie et des minorités, tout y passe ,enfin c’est la politique des deux poids-deux mesures occidentale qui est remise en cause.

Henry Kissinger, adulé et stigmatisé en même temps, surnommé « super K » par certains et de « criminel de guerre » par d’autres, avec sa conception de la « Realpolitik » qualifiée tantôt de dogmatique tantôt de tacticienne, avec toute l’influence concédée et certaine sur les diplomates qui ont été ses collaborateurs jusqu’à aujourd’hui.

Le Maghreb arabe de par sa position géostatique, sa proximité avec l’Europe et son prolongement Africain, a de tout temps été un véritable point  de jonction d’intérêt et d’enjeux majeurs liés la politique internationale, notamment les ressources énergétiques. L’aspect sécuritaire, la sécurité alimentaire et hydrique, c’est pour cela que l’Algérie que tous ses partenaires qualifient de très fiable est bien placée pour prétendre à une position conséquente dans l’espace Arabo- Africain. En effet Les atouts en sa possession sont plus qu’éloquents, ce pays en phase d’intégration au BRICS dispose d’une très grande expérience, indispensable  dans la lutte antiterroriste, de ressources énergétiques et une assise financière confortable, qui la placent au cœur des grands enjeux internationaux, expliquant ainsi l’intérêt indéniable de Washington, Pékin et Moscou pour notre pays.

Au delà de l’aspect économique, les éléments énergétiques liés à la géopolitique ont pris place en devenant déterminants dans les politiques sécuritaires des grandes puissances (USA, Russie, Chine) depuis de nombreuses années déjà ,le vieux continent qui subit un agenda US vis- à vis la Chine ,n’avait pas anticipé l’impact de cette donne sur ses politiques internes ,avec le gaz et sa place prépondérante dans son mix énergétique, qui est grandement tributaire des apports à partir de la Russie voisine. Cependant et depuis l’éclatement de la crise politique liée au gazoduc « NordStream 2 » l’été 2021 accentué par les événements d’Ukraine, l’Europe se retrouve confrontée à des perturbations énergétiques très complexes et sans précédent , et qui risque même d’être fatale à l’Union Européenne dont les membres ont montré de grandes lacunes à faire front commun lors de la pandémie du Covid-19.

D’ailleurs; lorsqu’il  s’agit d’énergie c’est chacun pour soi, d’où un regain d’importance pour les relations stratégiques tout azimuts en direction des pays producteurs d’énergie fossiles, où le monde arabe occupe une place de choix et qui a connu un événement majeur avec la tenue à Alger de son conclave régional.

Alger à l’heure Mondiale : une grille de lecture pragmatique s’impose. 

La 31ème session ordinaire du sommet de la Ligue arabe, a eu lieu comme prévu à Alger, les 1er et 2 novembre 2022, dans un contexte géopolitique mondial très particulier et assez complexe , avec la remise en cause de l’hégémonie nord-Atlantique ( « l’occident ») face au reste du monde pour la première fois depuis la fin de la guerre froide ,du fait du cumul de plusieurs dossiers politiques, sécuritaires et économiques depuis plusieurs années et dont la résultante qui apparaît jusqu’à l’heure comme principale n’est autre que l’actuelle crise Ukrainienne et ses développements ,vu le grand risque de dérapage y afférent, avec toutes les retombées que l’on connaît sur plus d’un tableau, après la grande tragédie humaine due à la pandémie du covid-19 et ses retombées.

Avec une actualité en effervescence, intense et aussi complexe , une grille de lecture assez fine et autant fluide s’impose afin de bien cerner cet événement survenu dans un tel contexte ,ce sommet s’est enfin tenu en dépit d’une vaste cabale de dénigrement visant le pays hôte, avec l’appui d’un rassemblement inégalé de médias Mainstream, orchestrée par des officines et capitales qui misaient carrément sur sa non tenue ou bien son échec avant même son ouverture , allant même à vouloir en perturber les travaux pour d’autres ,sans doute c’est la convergence, la proximité ou l’implication dans  plus d’un agenda politique international antérieur ou en cours, en relation avec la construction actuelle d’un nouvel ordre mondial multipolaire , mais aussi à cause du dossier prévisible, annoncé et remis pour l’occasion à l’ordre du jour avec ses conséquences sur le Moyen- Orient et le monde , depuis plus d’un an et qui devait être central et moteur lors de cette session du moins pour Alger et Koweït City ,Baghdad  et Doha question de principe, dont la constance, la résilience et le désintéressement pécuniaire sont notoires , en l’occurrence celui de la Palestine occupée, en parallèle à un autre point crucial d’ordre stratégique relatif aux positionnements et alliances éventuels du monde arabe suivant l’actuelle perturbation sécuritaire et énergétique mondiale .

Une ligue arabe qui n’est pas en rade du reste du monde: entre rupture et rassemblement.

Cela fait un peu plus de trois ans et pour cause de Covid-19, que les membres de la Ligue arabe  ne s’étaient pas réunis à ce niveau, en effet, la dernière fois que l’organisation avait siégée au sommet, c’était à Tunis en mars 2019.

Un timing surprenant qui a fini par être révélateur sur les intentions des uns et des autres, apportant ainsi quelques éléments de réponses, même infimes sur des événements régionaux ou internationaux, anciens ou récents. Un sommet de la Ligue arabe survenu, dans un premier plan majeur , sur fond de crises sécuritaires et économiques , éclatées ou latentes  cependant déterminantes pour toute la planète , des dossiers substratum , dans plusieurs régions du monde, Ukraine et mer d’Egée en Europe , Taïwan en mer de Chine et au Caucase en Azerbaïdjan après le retrait US de l’Afghanistan ,simultanément au second plan latéral, celui d’autres crises multidimensionnelles existantes dans plusieurs pays Arabes, des plans qui ne sont en réalité que des conflits par procuration entre protagonistes connus, dans un monde qui fait aussi face à des enjeux énergétiques et économiques autant déterminants sur le volet majeur ,celui du grand débat mondial sino-américain surtout en Afrique, terre de toutes les ressources naturelles, un sous dossier fort intéressant, lire aussi sur le sujet,

https://algerie54.dz/2022/01/05/afrique-developpement/

Ce n’est pas fortuit que la résolution finale d’Alger allait retenir des éléments nouveaux et fondamentaux  tant politiques que stratégiques, en relation directe avec les nouvelles donnes, les nouveaux équilibres enfin les nouveaux rapports de force survenus entre temps dans le monde. Ainsi la Déclaration d’ Alger a insisté sur la nécessité de « renforcer l’action arabe commune pour sauvegarder la sécurité nationale arabe dans son concept global et dans toutes ses dimensions politique, économique, alimentaire, énergétique, hydrique et environnementale ».

A seulement  quelques jours après le dernier accord de l’OPEP+ et ses probables répercussions sécuritaires sur la région du golfe persique et surtout l’Arabie saoudite soupçonnée de rapprochement avec Moscou depuis le début de la crise ukrainienne , effectivement, l’on assiste actuellement à un renforcement de la cinquième flotte américaine commandée par le « Cent com « , à coup de tasks force venues d’Europe, au moment où Washington multiplie les gestes de détente en direction de Téhéran depuis plusieurs années.

Autre fait à retenir , la tenue à Alger mi-octobre dernier de l’initiative de rassemblement des factions Palestiniennes , suite à une escalade sionistes sans précédent, dans les territoires palestiniens  en Cisjordanie occupée, El Qods et la bande de Ghaza, tout cela en parallèle à des élections législatives où le Likoud de Benyamin Netanyahu à la tête d’une coalition avec l’extrême droite, est largement arrivé en pôle position et qui va probablement être chargé de former un gouvernement « va en guerre » ,tout de suite suivie d’une mise en garde américaine sans ambiguïté par le biais de son ambassadeur en place en direction de toute la classe politique sioniste , contre un éventuel envahissement de la rive gauche par Tsahal ,question de ne pas perturber le réajustement de l’agenda moyen-orientale de l’administration Biden, c’est le cinquième scrutin législatif en trois ans et demi, en clair et en regardant de plus près les événements politiques du côté de Tel Aviv , c’est la preuve d’une escalade en sourdine de l’affrontement entre deux grands courants deux visions différentes en terre sioniste concernant le projet du fameux « grand Israël », entre les partisans de l’actuel statut quo régional et ceux qui proposent une nouvelle version avec la solution des deux États qui fait son bout de chemin, même du côté de Washington.

C’est ici sans doute que prend toute son importance cette nouvelle entente palestinienne, à l’initiative d’Alger, celle d’un front uni de la résistance qui a abouti à la déclaration palestinienne d’Alger du 13 octobre 2022, qui fut d’ailleurs un franc succès et très largement saluée par la communauté internationale, malgré les attitudes très septiques de certaines capitales occidentales liées à l’ancienne version du projet sioniste , et même arabes, suite à la normalisation avec l’entité sioniste ,après les séries d’accords dits d’Abraham ratifiés sous l’ère de l’administration Trump, beaucoup plus pour des raisons de politique interne des Émirats arabes unis, du Bahreïn, du Maroc avec un zèle exceptionnel pour ce nouveau processus d’asservissement, puis du Soudan, des accords pour la paix a-t-on dit et annoncé en grande pompe, cependant selon Haaretz que jusqu’à présent il est question d’environ 10 Md $ de ventes d’armes à partir de Tel Aviv en direction d’Abou Dhabi, Manama et surtout Rabat, une hausse spectaculaire de 30% l’année dernière, « Il y avait deux raisons principales pour l’augmentation des ventes: les accords d’Abraham, qui ont ouvert la voie à de nouvelles relations diplomatiques avec les pays du monde arabe il y a un peu plus de deux ans, et la guerre en Ukraine volume » lit-on dans l’édition du 22 novembre 2022 citant la Direction de la coopération internationale en matière de défense à Tel Aviv .

Cependant l’élan de ce processus sera sans doute freiné par l’attitude de l’actuelle administration Biden conforté par les résultats des élections du Midterm de novembre 2022 , retenant le statut quo  pour ce qui est du pouvoir effectif des démocrates et aussi la montée de Ron DeSantis comme probable concurrent de Trump aux prochaines élections présidentielles côté républicain, en sommes Washington reste beaucoup plus attentive à ce qui se passe surtout en mer de Chine, tout en faisant beaucoup de profit en Europe, suite à la crise du gaz qui touche cette dernière depuis le 22 février dernier , accélérant ainsi son plan de développement de GNL pour l’Europe à partir de l’Espagne sous l’impulsion du lobby « thalle gas » américain, en effet tout un mécanisme d’approvisionnement a été mis en place et qui devenue plus qu’évidente après le refus de Washington à financer le projet du gazoduc « Mideast  » dans le bassin du Levantin, lire sur le sujet :

https://algerie54.dz/2021/11/27/entite-sioniste-gaz/

Comme prévisible, certains pour cause de collusion avec  » l’occident  » et Tel Aviv, n’ont pas été de la partie, qu’à cela ne tienne,  il fallait sans compter sur la détermination de l’Algérie à aller jusqu’au bout de ses agendas internationaux , en prenant en main ses responsabilités et engagements surtout envers son peuple et ses attentes, mais aussi envers toute la communauté arabe dont le scepticisme envers son organisation régionale à cause de ses différentes politiques mitigées n’est plus à prouver depuis des lustres .

C’est pour cela que, les participants sont unanimes à soutenir la demande de l’Etat de Palestine de devenir membre à part entière de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ils ont également invité les « les pays n’ayant pas encore reconnu l’État de Palestine à le faire, avec la nécessité de soutenir les efforts juridiques palestiniens et les efforts visant à juger l’occupant israélien pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qu’il a commis et qu’il commet toujours contre le peuple palestinien ».lit-t-on dans la déclaration d’Alger.

Pour ce dossier palestinien centre des travaux de ce sommet, la déclaration finale est sans ambigu en affirmant « l’adhésion à l’initiative de paix arabe de 2002 », tout en exigeant « la levée du blocus sur la Bande de Gaza » et condamne «l’usage de la force par la puissance occupante contre les Palestiniens, et toutes les pratiques barbares, y compris les assassinats et les arrestations arbitraires, et demande la libération de tous les prisonniers et détenus, en particulier les enfants, les femmes, les malades et les personnes âgées».

En clair le retour au principe » terre contre la paix » , la solution de deux États avec une Palestine sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale .

Pour se faire, pour tous les dossiers arabes, la proposition d’Alger à l’occasion de ce sommet, d’une nouvelle démarche intercommunautaire arabe basée sur les aspects économiques et les positionnements géostratégiques intelligents qui s’en suivent, usant d’une nouvelle approche diplomatique globale quant aux dossiers régionaux et internationaux,  avec comme profondeur cette fois ci, tout un continent: l’Afrique, « les principes de l’unité arabo-africaine sont ancrés dans notre culture et notre civilisation» a tenu à précisé dans son allocution, Macky Sall invité d’honneur à ce sommet, en sa qualité de président en exercice de l’union Africaine, « Nous avançons ensemble vers la réalisation des objectifs communs, dont la défense de la cause palestinienne, une question que nous continuons à défendre à l’instar de tous les pays de la Ligue arabe », avait-t-il ajouté ,c’est un continent qui connaît lui aussi des mutation profondes supplées d’un sursaut panafricain avec la remise en cause de l’hégémonie Française dans plusieurs de ses états. Lire aussi sur le sujet :

https://algerie54.dz/2021/12/13/mali-26/

C’était là aussi pour Alger, l’occasion de la mise en place impérative d’une nouvelle perception de toutes ces questions qui ont de tout temps minées la géopolitique liée au monde arabe , objet de toutes les convoitises et manœuvres à cause de sa richesse énergétique, humaine et financière , ce qui a souvent pousser certains pays de la ligue , jusque-là à avoir des alliances, des positions qui suivant le cours historique depuis les accords Sykes – Picot jusqu’à Abraham, en passant par Quincy et certains autres événements internationaux majeurs ,qui paraissent somme toute logiques pour certains, mais d’autant plus prévisibles donc non pertinentes , cependant contestés ou contestables, aboutissant inéluctablement à des situations considérées par les plus avertis des observateurs comme nocives à plus d’un pays arabes chacun son cas, en rapport avec sa liberté de prise de décision, son émancipation, son développement, sa sécurité, voir même son existence vu la vulnérabilité des régimes au pouvoir et enfin le bien-être de leur propres peuples, quel qualificatif utiliser quand Zbigniew Brzezinski avait parlé dans son grand échiquier, de pays vassaux concernant les Européens, l’hégémonie occidentale dans toute sa splendeur,  « Notre sommet se tient dans une conjoncture régionale et internationale exceptionnelle d’une extrême complexité, marquée par la montée des tensions et des crises, en particulier dans notre monde arabe, qui jamais dans son histoire contemporaine n’a connu de périodes aussi difficiles et suscitant autant d’inquiétude que celle que nous vivons aujourd’hui. » avait tenu à préciser le Président Tebboune lors de son allocution à l’occasion de l’ouverture ce sommet, c’est ce qui explique la forte teneur inhabituelle de la motion finale d’Alger, une porte de sortie pour sauver la face des Frondeurs ,selon la version Algérienne est mise en marche.

L’éternel dilemme du » verre à demi plein ou à demi vide », malgré cela l’Algérie gagne son pari à donner une envergure internationale à son rendez vous régional. 

Outre les dirigeants des pays membres de la ligue des pays arabes ou de leurs représentants, Alger a sans doute placé la barre très haut en conviant pour cette occasion des invités d’honneur de marque, entrant ainsi très vite dans le vif du sujet :  l’état de fait d’un monde hégémonique et unipolaire , avec la mise en place de nouveaux mécanismes , modernes, réalistes et pragmatiques afin d »aborder les enjeux communs aux pays de la ligue , en mettant de côté toutes les divergences bilatérales , pour déterminer les positions conjointes à adopter par les pays membres en les invitant à jouer un rôle important et déterminant en s’impliquant concrètement et d’avantage dans la construction en cours d’un nouvel ordre mondial plus équilibré et équitable pour tous , celui de l’après -Covid- 19, en prenant  compte de certaines crises internationales qui risquent un dérapage mondial, celle survenues ou qui risquent de l’être à savoir : l’Ukraine et Taïwan.

En effet la présence à Alger pour ce sommet du Président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, Président en exercice du Mouvement des Non-alignés, du Président de la République du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA),du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres,  du Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, du Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Hissein Brahim Taha, du Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a vite fait oublier la défection concerté ou pas et même sans doute ordonné mais toutes arguées et annoncées au pays hôte de six monarques arabes qui pour la majorité ayant souscrit aux accords d’Abraham insufflés par l’administration Trump des années auparavant.

Le  président djiboutien Smaïl Omar Guellehe, le président irakien, Abdel Latif Rachid, le président palestinien, Mahmoud Abbas, le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Al-Menfi, le président du Conseil de direction présidentiel du Yémen, Rashad Al-Alimi,  le président du Conseil souverain de transition du Soudan, Abdel Fattah Al-Burhan, l’émir du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, aussi les Présidents tunisien, Kaïs Saïed, égyptien, Abdelfattah Sissi, le Président de la République fédérale des Comores, Azali Assoumani, Le président de la Somalie, M. Hassan Sheikh Mohamud , le prince héritier du Koweït, Cheikh Mishaal Al-Ahmad Al-Jaber AL-Sabah, ont tous été reçus à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger par leur hôte, le président Algérien Abdelmadjid Tebboune, le président syrien Bachar Al Assad s’était auparavant excusé de faire le déplacement pour ne pas ajouter un autre point de discorde dans les relations arabo-arabes lors de cette réunion en dépit des efforts Algériens à la réintégration de la Syrie .

Ce sommet s’est ainsi ouvert sans la présence de prince héritier saoudien, Mohamed ben Salmane, du roi Abdallah II de Jordanie (représenté par le prince héritier son fils Al Hussein ben Abdallah) , du monarque marocain, Mohamed VI, du sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq,  du roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa, le Président Libanais, Michel Aoun arrivé en fin de mandat présidentielle  fin octobre , l’émir du Koweït, Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah (en convalescence après avoir subi une opération chirurgicale (représenté par le prince héritier son frère, Cheikh Mishaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah qui fut reçu à son arrivée à Alger par le président Tebboune).

« Certains dirigeants arabes avaient des obligations, à l’image du roi du Bahreïn qui doit recevoir dans les prochains jours le pape. Quant au Président libanais, son mandat a expiré le 31 octobre et ses prérogatives ont été transférées, selon la Constitution du pays, au président du conseil des ministres », avait annoncé à ce sujet, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

Cependant sur le plan médiatique, la focalisation de la majorité des médias Mainstream sur ces absences largement prévisibles de certains monarques du Golfe persique et du roi du Maroc, mettant l’accent et annonçant d’emblée, en grande pompe le pseudo échec de ce sommet d’Alger en ayant indexé au préalable ce qui est dénudé de toute logique et raison, sa réussite à la seule présence de ses six monarques, comme si le monde arabe ne tenait qu’à ce fil , passant ainsi sur, le contexte mondial, la profondeur de l’ordre du jour retenu , les enjeux réels , l’intérêt international pour ce sommet ,ceci au moment où l’Algérie fait l’objet d’une guerre de quatrième génération en bonne et due forme depuis si longtemps.

En réalité, ces absences sont sans doute le fait d’agendas politiques et les positions antérieures du pays hôte vis-à-vis de certains dossiers liés à certains agendas internationaux , mettant sous tapis par cet acte les enjeux réels , soit par anticipation à des retombées quelconques, soit avoir la possibilité de se tenir en retrait d’une démarche audacieuse du fait que des indices révélateurs étaient tangibles et qui ont résolument aboutis à une motion finale politiquement orientée vers l’avenir et stratégiquement dirigée vers une implication indirecte et non moins avec efficacité dans l’édification de la nouvelle ère mondiale en adoptant le non alignement,

Quand Moscou, Pékin et Washington entrent en action: toutes, à l’heure d’Alger à l’occasion de ce sommet.

À vrai dire, un autre grand Sommet se déroulait loin des couloirs du centre international des conférences Abdelatif Rahal d’Alger qui a abrité ce conclave arabe. C’est à l’international qu’il se tenait en impliquant les trois superpuissances qui dirigent réellement notre monde, à savoir les USA, la Chine et la Russie.

En effet l’intérêt pour la démarche future de l’exercice Algérien durant son mandat arabe dégagée pendant et à l’issue des travaux , était total , les présidents Poutine et Xi Jinping , outre leurs représentants présents à Alger ,  ont aussi adressé tous deux des lettres aux participants au moment où Washington avait dépêché pour l’occasion la sous-secrétaire d’Etat en charge des questions du Proche-Orient, Yaël Lampert et l’ambassadrice américaine à Alger, Elizabeth Moore Aubin, en parallèle à la présence de Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois pour le Moyen-Orient, tous ont soutenu avec force chacun en fonction de ses agendas propres.

Une bonne lecture des événements mondiaux majeurs , une connaissance parfaite des dossiers arabes, régionaux et internationaux, une appréciation juste des équilibres et enjeux multidimensionnelles régionaux et internationaux,  autant d’éléments pris en compte par Alger qui a su comment apporter une nouvelle approche réaliste et dynamique aux travaux de ce sommet, malgré le jeu trouble du représentant du Maroc (seul pays arabe coiffé d’accords sécuritaires avec l’entité sioniste) semblait être venu à Alger avec une feuille de route établie à Tel Aviv plutôt qu’à Rabat , en dépit d’une tentative vouée à l’échec au départ, par le Marocain à inclure son agenda sioniste , donc au final, point de dossier Iranien, ni celui du Polisario sur la table des travaux (à rappeler que même son acolyte sioniste ne reconnaît pas la thèse Marocaine d’autonomie concernant le dossier du Sahara occidentale ), cette session a été couronnée par une motion finale à très forte teneur, non seulement elle a été approuvé à l’unanimité par les participants , mais aussi la démarche d’Alger à eu un très fort soutien par Moscou, Pékin et même Washington qui ont toutes été conviés en tant qu’observateurs et avec lesquelles Alger, restée fidèle à sa neutralité vu son appartenance au mouvement des non-alignés, tenant à son éternel principe diplomatique de non ingérence, entretient avec ces puissances d’excellentes relations, équilibrées et équidistantes avec des partenariats stratégiques très élaborées avec chacun des pays, basées sur le principe winner – winner. Ainsi, avant le début des travaux du sommet arabe, abondant dans le sens du respect des règles et lois internationales, le Président russe, Vladimir Poutine dans un message adressé aux participants avait affirmé que « les problèmes aigus doivent être réglés dans le strict respect de la souveraineté des pays ». « Les problèmes militaires et politiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord […] doivent être réglés sur une base juridique généralement adoptée, avec un respect strict de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États », a-t-il déclaré dans son message rapporté par l’agence russe Sputnik.

Citant les dossiers Syrien, libyen, yéménite et palestinien, Vladimir Poutine réaffirme la disponibilité de son pays à coopérer avec la Ligue arabe. « La Russie est prête à continuer de développer pleinement la coopération avec la Ligue arabe et tous ses membres, notamment pour renforcer la sécurité au niveau régional et global », a-t-il ajouté, tout en affirmant qu’un « système multipolaire des relations internationales est en train de se former, qui se base sur l’égalité des droits, la justice et le respect des intérêts réciproques légitimes » en ajoutant  « L’assainissement de la situation internationale et la résistance aux menaces actuelles nécessitent une coordination des efforts collectifs et rendent plus prisées les structures multipartites telles que la Ligue arabe », a-t-il indiqué tout en saluant le projet de la stratégie globale pour la sécurité alimentaire arabe, examiné lors du sommet, appelant à « la mise en œuvre du projet le plus tôt possible » ».

.Pour sa part  le président chinois Xi Jinping a déclaré dans son message adressé à son, homologue, le président algérien Abdelmadjid Tebboune à cette occasion : « La Ligue arabe s’engage à promouvoir l’unité et l’autonomie du monde arabe, à promouvoir activement la paix et la stabilité au Moyen-Orient et à déployer des efforts inlassables pour préserver le multilatéralisme et les intérêts communs des pays en développement. L’Algérie s’engage depuis longtemps à renforcer la solidarité arabe, à défendre activement les droits et intérêts légitimes des pays en développement et à accorder une grande importance à la coopération collective de la Chine avec les pays arabes, ce dont je me félicite. »

Xi Jinping a par ailleurs souligné que l’amitié entre la Chine et les pays arabes, dont l’Algérie, est de plus en plus solide au cours des années. Ces dernières années, la confiance politique mutuelle entre les deux parties a été de plus en plus consolidée, la construction conjointe de « la Ceinture et la Route » a été approfondie et pleinement mise en œuvre, et la coopération pratique dans divers domaines a été fructueuse. Face à l’épidémie du COVID-19, la Chine et l’Algérie se sont soutenues et ont surmonté les difficultés ensemble, donnant ainsi un exemple de coopération Sud-Sud. La Chine est prête à travailler avec les pays arabes pour continuer à se soutenir mutuellement, élargir la coopération, s’unir pour construire une communauté de destin sino-arabe pour la nouvelle ère, créer un avenir brillant pour les relations sino-arabes et contribuer à la promotion de la paix et du développement dans le monde.

Du côté de Washington, le département d’état américain a exprimé sa « reconnaissance à l’Algérie » pour son invitation au Sommet arabe. Ainsi le sous-secrétaire principale adjointe a rencontré des délégations des États membres sur une série de questions, a précisé la même institution en faisant savoir que les Etats-Unis sont « fiers de leur partenariat avec l’Algérie, un leader régional dans la promotion de la stabilité et de la sécurité » peut-t-on lire dans le même communiqué.

Le message était clair: réaffirmer la volonté de Washington, Pékin et Moscou à conforter son partenariat avec l’Algérie dans tous les domaines sans exception.

 

 

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