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L’enjeu gazier: la mauvaise foi espagnole

Le gouvernement espagnol dirigé par le socialiste Pedro Sanchez vient d’annoncer son alignement à la position marocaine dans le conflit du Sahara Occidental, en acceptant ce qui est  appelé « autonomie » portant par voie de conséquence une atteinte au droit international et au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU.

A travers cette décision, Madrid tente de sauver la monarchie alaouite de l’effondrement, dans le sillage de la forte crise socioéconomique que vit la royauté, l’effort financier de la guerre après la violation du cessez le feu au Sahara Occidental, et après le mécontentement du peuple marocain suite à la normalisation avec l’entité sioniste.
L’Espagne du socialiste Pedro Sanchez rejoint le cercle composé de la France, l’entité sioniste et les USA, dont la position demeure floue, comme l’atteste la décision du Congrès Américain, favorable à la légitimé internationale et au règlement de la question de décolonisation via les résolutions onusiennes, et son opposée exprimée par la Sous-secrétaire d’État américain Wendy Sherman qui souligna il y a quelques jours à partir du Maroc, que la solution de « l’autonomie pour le Sahara occidental » est la plus sérieuse et la plus réaliste.

De Felipe Gonzalez à Pedro Sanchez

En revenant quarante ans en arrière, on s’aperçoit que la volte-face de Pedro Sanchez n’a rien à envier à son aîné du PSOE, en l’occurrence Felipé Gonzales soutenu par Alger, lorsqu’il était dans l’opposition,dans le cadre de l’excellence des relations entre le parti socialiste espagnol PSOE et le FLN (part unique au pouvoir en Algérie)

Dès sa prise au pouvoir en décembre 1982, le PSOE de Felipé Gonzales prend ses distances avec le Front Polisario, suscitant la colère d’Alger, et se rapproche du Maroc du roi Hassan II, optant par voie de conséquence vers un glissement progressif des socialistes espagnols vers les thèses atlantistes : autant de caractéristiques de la diplomatie de Madrid qui ne pouvaient que contrarier les responsables algériens. Aujourd’hui , on assiste au même scénario avec Pedro Sanchez, avec comme clé, la pression sur le dossier sahraoui, en contrepartie d’importantes quantités de gaz à bas prix.

Le scénario de 1975 se reproduit

En 1975, l’Algérie et l’Espagne avaient signé un contrat prévoyant la fourniture à l’Espagne, sur une période de vingt-trois ans, d’une très importante quantité de gaz naturel algérien. Les chiffres prévus s’étaient toutefois rapidement révélés excessifs par rapport aux besoins énergétiques de Madrid. L’Algérie n’en affectait pas moins de s’en tenir aux termes initiaux du contrat, craignant qu’une attitude conciliante avec l’Espagne ne soit un précédent pour les autres clients européens. Le différend entre les deux pays provoqua une vive tension, ou l’arme du chantage politique est utilisé par Madrid qui ouvrit les portes aux partisans de l’ancien Président Ahmed Ben Bella, président aussi du parti de l’opposition le MDA, pour mener des actions contre le gouvernement en place à Alger, qui de son côté hébergea les séparatistes de l’ETA. Il a fallu attendre, la veille de la visite de l’ancien président Algérien Chadli Bendjedid à Madrid en 1985, pour que les relations entre les deux pays connaissent un réchauffement, matérialisé par une forte indemnisation versée par Madrid au sujet du contentieux gazier. Si l’Espagne avait alors consenti les concessions les plus importantes, c’est qu’elle avait pris conscience de la nécessité de « rééquilibrer » sa diplomatie en Afrique du Nord, afin d’éviter qu’un « tête-à-tête » exclusif avec Rabat ne lui aliène définitivement les sympathies algériennes. Aujourd’hui, on assiste à une situation identique, avec le gouvernement Pedro Sanchez qui réussira à conclure un contrat gazier à long terme depuis octobre 2020, dont les intérêts de l’Algérie sont lésés. La Sonatrach avait conclue avec Naturgy, un contrat de livraison du gaz via le Medgaz, pour un prix dérisoire par rapport aux prix actuels du marché et qui ne cessent de grimper.

                 L’ambition espagnole d’édifier un hub gazier

La vice -présidente du Conseil espagnol Teresa Rebeira s’était rendue à Alger à deux reprises pour tenter de convaincre les responsables algériens d’avoir des quantités supplémentaires du gaz algérien, après la fermeture de l’approvisionnement de l’Espagne via le Maroc (GME) le 31 octobre 2021. L’Algérie s’était engagée à honorer ses contrats d’approvisionnement des ibériques via le Medgaz, dont la capacité pourrait atteindre les 10, 5 milliards de M3, mais les espagnols voulaient plus de gaz, mais cette fois-ci en GNL. L’Algérie qui avait été lésée par le contrat à long terme, avait souligné à ses interlocuteurs espagnols que les prix des quantités du GNL seront ceux des prix du marché international, chose qui n’a pas plu aux espagnols, dont le président du Conseil espagnol, en visite le mois de février dernier aux Émirats Arabes Unis, avait déclaré que son pays garantira la sécurité énergétique du Maroc. Une déclaration pour soumettre de la pression sur Alger, qui n’a pas tardé à réagir en mettant les points sur les « I » en ce qui concerne ce dossier.
Mais, compte tenu des derniers développements de la géopolitique internationale, en particulier la crise ukrainienne, il est clair que les espagnols ambitionnent de créer un hub gazier pour approvisionner certains pays européens dépendants du gaz russe.

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