A la une, Contribution

L’ordre de bataille électronique et cognitif, déjà engagé au Sahel et à nos frontières (5e Partie)

Par Mohamed Belhoucine*

Laser Warning Receivers (Systèmes lasers récepteurs d’alertes)

La dernière décennie a vu une prolifération d’armes, guidées ou contrôlées par un émetteur laser (ex le missile russe anti char ‘’Kornet’’, guidé par laser a atteint son objectif, avec succès lors des précédentes confrontations opposant la résistance Arabe (2006-2012-2014), contre les Tanks sionistes). Dans la guerre des blindés, des télémètres laser fonctionnent dans un champ de gammes précises, tandis que des lasers cibleurs (calent leur trajectoire sur la fréquence du laser) guident avec précision des bombes ou des missiles vers des cibles au sol. Le laser à dioxyde de carbone permet de guider des missiles à travers des plateformes mobiles et rapides.

Évidemment, la première exigence d’une défense adéquate contre ces menaces est la capacité de détecter leur présence. C’est le rôle des récepteurs d’alerte laser appelés Shtora-1 et 2, que les russes ont mis au point pour leur nouveau char Armata T-14 et le char T-90, un équipement électro-optique actif de protection des blindés, spécialement conçu pour neutraliser le principal missile antichar américain, le BGM-71 TOW. Le nouveau Shtora-2 brouille le faisceau laser ou infrarouge du système de guidage des missiles et leur fait manquer leurs cibles. Il brouille également les télémètres laser, les empêchant d’effectuer des mesures correctes de la distance qui les sépare de leurs cibles. Chaque élément de l’équipement comporte quatre paires de capteurs infrarouge et laser couvrant un champ de vision de 360°. La détection de la source de guidage du missile antichar est déterminée avec une précision de 1 degrés. Quatre émetteurs de contre-mesures commencent à créer des impulsions dirigées de brouillage, puis, quand le système de guidage antichar est détecté, intervient le lancement des missiles de riposte. En outre, l’équipement est doté de lance-grenades aérosol qui crée un écran opaque dans le spectre de guidage infrarouge et laser. Les grenades sont lancées à 50-70 m du blindé à protéger. Le Shtora-2 est assisté par un microprocesseur qui reçoit des informations en provenance des capteurs d’alerte et active des contremesures.

Notons aussi que les iraniens via Hamas (conflit 2014) sont parvenus à brouiller facilement des systèmes israéliens proche du Shtora-1 et Shtora-2 en détruisant avec succès une vingtaine de chars sionistes Merkeva de génération 4++ (un dérivé du char américain M1A1 Abrams). Dans le récent conflit du 07 octobre 2023, l’armée sioniste est consciente que ces dispositifs sont entre les mains de la résistance palestinienne et que toute offensive terrestre transformera Gaza avec certitude en un cimetière de chars Merkeva.

Electronic Counter Measures (contres mesures électroniques). 

Après ce bref aperçu des principaux types d’équipements pour la reconnaissance de l’environnement électromagnétique entourant une plateforme ou zone protégée, il est temps de décrire les systèmes dont la tâche est la neutralisation des systèmes électroniques hostiles qui ont été détectés. Leur but est soit de dissimuler la plate-forme protégée ou tromper (ou leurrer) le système d’arme hostile en créant des cibles parasites.

Chaff (Brouillage mécanique)

Un Chaff est composé d’un nuage de très légères feuilles métalliques en aluminium, des dipôles conducteurs représentés par ces bandes de feuilles de métal utilisées pour créer des zones dans lesquelles le radar est aveuglé et ne peut pas voir les cibles.

Un système de chaff comprend un lanceur qui éjecte des cartouches. Ces cartouches explosent à une certaine distance de la plate-forme protégée et dispersent une multitude de minuscules dipôles dans l’espace. Ces dipôles restent suspendus dans l’espace, produisant un nuage qui sur lequel rayonnent en retour des signaux radar sensés identifier la plateforme (sans toucher la plateforme).

Les Chaffs génèrent de larges couloirs dans lequel les recherches radars sont éblouis et altérées, et ne peuvent pas donc identifier des cibles d’avions, même à des altitudes différentes de celles remplies de ChaffS. Pour créer ces corridors, les avions volant à haute altitude épandent une énorme quantité de chaff sur une très vaste zone. Parfois, le chaff est lancée à partir d’une plate-forme comme une défense contre un système d’armes offensives. Dans ce cas, le radar du système d’arme est généralement trompé par un fort signal produit par le chaff et est détournée de la poursuite de la vraie cible.

Les corners reflectors (un autre type de Brouilage mécanique).

Les corners reflectors ont le même effet que les chaffs mais sont de conception très différente. Il s’agit d’objets à faces multiples qui renvoient la plus grande partie de l’émission radar vers sa source. Cependant un avion ne peut pas embarquer autant de corners reflectors que de chaffs.

Decoys (leurres, brouillage mécanique)

Les Decoys sont des leurres, ce sont des objets volants télécommandés destinés à tromper l’opérateur radar en lui faisant croire qu’il s’agit d’un avion réel. Ils sont particulièrement efficaces car ils peuvent saturer un système radar avec de fausses cibles pendant qu’un attaquant s’approche à portée de tir du radar et le détruit. On peut adapter des corners reflectors sur les Decoys pour les faire paraitre plus grands qu’en réalité et les faire mieux confondre avec un avion réel. Pour augmenter leur réalisme, certains leurres ont la possibilité de générer un brouillage radar électronique ou de larguer des paillettes.

Stealth Techniques (techniques de ruse, dissimulation, furtivité).

Naturellement, le meilleur moyen de prévenir la ‘’dangereuse’’ réflexion du signal sur la cible, c’est d’éviter la détection. Étant donné que le signal reçu par un radar est directement proportionnel à la surface équivalente radar (RCS en m²) présentée par la plate-forme cible ; de nouvelle technologie sont développées avec succès pour réduire drastiquement la force du signal de radar produit par la plate-forme protégée.

A cette fin une nouvelle technologie a été développée au cours des 20 dernières années pour l’étude des matériaux et des géométries structurelles capables de minimiser la surface équivalente radar de la cible. Les techniques qui leur sont inhérente sont généralement appelées des techniques de furtivité, de ruse ou dissimulation (Stealth). Ils sont très prometteurs ; les partisans de l’avion furtif aux États-Unis l’appellent  » l’avion invisible  » (la ‘’furtivité’’ n’existe pas si on est en possession d’une variété de radars disposés de façon optimale sur le territoire et si possible reliés à une détection aérospatiale (radio fréquence et optronique), les chinois et les russes arrivent à profusion à détecter les F 22 et F 35 américains censés être furtifs).

Noise Jammers (Brouillage par bruit électronique).

Le but d’un brouilleur d’ondes est de masquer les cibles par des émissions de signaux qui ont pour fonction d’entretenir de la confusion sur l’écran radar intercepteur.

Un brouilleur génère des signaux à la même fréquence que le radar adverse. Ces signaux créent une perturbation équivalente à un très fort bruit thermique dans le récepteur radar. Ainsi, le signal produit par la plate-forme est noyé dans le bruit et ne devient plus  » visible  »

Deception Jammers (Brouillage électronique par fausses cibles)

Une des fonctionnalités additive d’un brouilleur est de générer des signaux pour ruser et tromper, dans le but de protéger une plate-forme en attirant les radars ennemis vers de fausses cibles (imaginer la situation ou quelqu’un est situé à gauche de votre oreille mais vous l’entendez par l’oreille droite, ou vous croyez l’apercevoir en face de vous mais réellement est derrière vous, ces feintes ou ruses sont fréquemment utilisées en guerre électronique, mais les parades existent pour les déjouer).

Un brouilleur de Deception (de l’anglais, ruser, tromper) génère aussi de cibles virtuelles radar, ce qui va empêcher un radar de recherche d’identifier la véritable plate-forme. Dans ce cas, le relais et le suivi sera assuré par les radars de poursuite, malgré que le système d’armes (lié au radar intercepteur)  soit verrouillé et qui se déplace progressivement vers la fausse cible.

De nos jours, de nombreuses techniques existent pour tromper (et non plus « brouiller ») un radar. En gros, on peut citer :

– lui donner de fausses infos sur la position, l’altitude, la vitesse et le cap de la cible. Pour ce faire, on manipule l’écho ou on en fabrique un nouveau, ou les deux à la fois. « Range gate pull-off » fait partie de ces techniques.

– De la même manière, on peut manipuler un écho en y incluant électroniquement certaines données mathématiques qui feront « loucher » le radar lorsque celui-ci tentera d’interpréter les données. Le terme anglo-saxon est Cross-Eye jamming .

– Gaver le radar avec tant de vraies données répétées à l’infini que celui-ci « Pète un plomb » (hack-attack ou « soft-kill »)

– Effacer purement et simplement l’écho radar.

ECM-COM

Le but de ces systèmes est de générer des signaux de bruit ou des interférences, afin de bloquer les récepteurs de systèmes de télécommunications de l’ennemi, rendant ainsi les messages incompréhensibles. L’incapacité à lever ces perturbations voire l’arrêt sur les systèmes de communication d’une armée est un inconvénient majeur sur les champs de bataille (mais les parades pour y faire face, existent).

Infrared Countermeasures (IRCM)- contre mesure infrarouge

Ce sont des systèmes qui empêchent les missiles guidés par infrarouge d’atteindre la cible (Manpads, tel les Igla-24 russes). Actuellement, il existe deux types de systèmes : à bord et hors-bord de la plateforme visée.

Le système de défense à bord (on-bord)est composé d’émetteurs infrarouges modulés. L’équipement qui recherche les rayons infrarouges est très souvent basé sur un système de suivi à balayage, qui émet un signal infrarouge modulé en amplitude visant à introduire des erreurs énormes dans une trajectoire de missile. Le système off-board est un distributeur d’un essaim de fusées thermiques (flare dispenseur), ce sont des cartouches (comme un feu d’artifice) éjectées de la plateforme aérienne qui génèrent un rayonnement infrarouge intense pour tromper le détecteur de chaleur de missiles hostiles.

ECM-Lasers (contre mesure electronique laser)

Des systèmes de lasers sont déployés sur la plateforme pour faire barrage à toute une panoplie de faisceaux lasers qui menacent la plateforme. Ils utilisent les mêmes principesde fonctionnement que les brouilleurs mentionnés ci-dessus en propageant des nuages de fumée qui réduisent la visibilité afin altérer le ciblage laser.

Electronic Counter-Countermeasures (ECCM, contre-contre mesure électronique).

Ces dispositifs sont généralement ajoutés aux capteurs des missiles ou d’autres armes pour leur permettre de fonctionner dans un environnement électromagnétique hostile auto-entretenu par des brouilleurs adverses, visant à réduire drastiquement l’efficacité usuelle de ces derniers.

*Docteur en physique, DEA en économie du management

Lire: L’ordre de bataille électronique et cognitif, déjà engagé au Sahel et à nos frontières (4e Partie)

Partager cet article sur :

publicité

Articles similaires