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Bensaada: Le Hirak infiltré par les « ongistes », « makistes » et « islamawistes »

Les manifestations initiales du Hirak, composées en majorité de citoyens honnêtes, désireux de mettre fin à une « issaba » ayant confisqué le pays, ont été infiltrées par des « démocrates ongistes, makistes séparatistes et (des) islamawistes offshore », a affirmé l’universitaire Ahmed Bensaada dans un entretien au site La Patrie News.

« Il faut reconnaitre que les manifestations initiales du Hirak, celles qui ont drainé des millions de personnes dans les rues des villes algériennes, étaient composées en majorité de citoyens honnêtes, désireux de mettre fin à une ‘issaba’ qui avait non seulement confisqué le pays, mais aussi les rêves et les ambitions de leurs concitoyens », a déclaré l’universitaire, auteur du livre « Qui sont les ténors du hirak ».

« Profitant de cette vague salvatrice et bénéfique pour notre pays, trois groupes sont venus y surfer : les démocrates ongistes, les makistes séparatistes ainsi que les islamistes (ou plutôt islamawiste) ‘offshore ‘ », a-t-il ajouté, indiquant que « les premiers sont financés et formés par des officines occidentales (en particulier américaines) spécialisées dans le ‘regime change’, les seconds préconisent une séparation complète de la Kabylie de la nation algérienne et les troisièmes sont principalement des anciens du FIS dissout, établis à l’étranger (en particulier en Europe) ». Il a relevé que « ces groupes, ayant la même vision quant à la finalité du Hirak, ont trouvé dans son tumulte une occasion de se soutenir mutuellement, de s’épauler médiatiquement, voire de se coaliser, bien que possédant des idéologies différentes ou complètement opposées »

Selon lui, une association entre des « démocrates ongistes et les islamawistes a déjà été observée dans les pays arabes printanisés », affirmant que, contrairement à ce qui est communément relaté, le Hirak en Algérie « possède ses ténors », nommés « figures du Hirak pour ne pas dire leaders ».

Ces figures du Hirak « sont omniprésents sur les réseaux sociaux, sont régulièrement invités sur les plateaux médiatiques et chacune de leurs déclarations trouve son écho dans le cyberespace y en créant le buzz », a-t-il noté, tout en s’interrogeant sur le « pourquoi prétendre que le Hirak n’a pas de leader? ».

L’universitaire a expliqué que « néanmoins, en évitant de se constituer en force politique organisée et en refusant de participer ouvertement au jeu démocratique, l’étude des révolutions colorées et du ‘printemps’ arabe montre que ces groupes bien que très actifs et efficaces dans l’effervescence des manifestations disparaissent après la +révolution+ et que seules les formations politiques organisées et structurées dotées d’une solide base militante émergent et occupent l’espace après le ‘regime change ‘ ».

M. Bensaada a, en outre, mis en avant les méthodes utilisées par ces groupes pour « pousser à la confrontation ».

« Après l’obtention des premiers succès politiques, le nombre des manifestants a commencé à diminuer inexorablement. Les slogans ont fini par changer radicalement tout comme les discours et les écrits véhiculés par ces groupes », a-t-il relevé, notant que « les attaques, les offenses et les invectives contre les représentants du gouvernement, les forces de sécurité et l’institution militaire sont devenues de plus en plus virulentes et leurs médias, classiques ou en ligne, inondent le cyberespace d’un flot ininterrompu de récits, de palabres et de laïus qui sont plus proches des ‘cinq principes de propagande de guerre’ que du discours politique argumenté ».

Pour lui, « ces méthodes belliqueuses qui poussent à la confrontation, sont en claire inadéquation avec le pacifisme des manifestations qui a ébahi le monde jusqu’aujourd’hui. Le durcissement de leurs positions et le refus de dialogue ou de participation au jeu politique risquent de nous mener vers un sinistre scénario à la libyenne ou à la syrienne », a-t-il estimé.

Il a appelé, à cette occasion, « les mouvements d’opposition présents dans le Hirak qui acceptent les règles démocratiques, qui ne suivent pas un agenda étranger et qui ne jouent pas avec l’intégrité de l’Algérie », à « rédiger des programmes politiques clairs et participer à la vie démocratique de notre pays ».

« S’ils pensent, comme ils le clament, avoir une forte assise populaire, ils n’auront aucune peine à se faire élire, occuper des postes de décision et élaborer des lois assurant la prospérité de l’Algérie », a-t-il ajouté.

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