Le président de la chambre d’agriculture d’Alger, Ibrahim Djribia a dressé ce mardi à la chaîne 3 de la Radio algérienne, un bilan encourageant de la souveraineté alimentaire en Algérie, l’un des objectifs prioritaires fixés par le président de la République. Selon lui, « l’agriculture algérienne fournit actuellement plus de 75% de la production nationale, témoignant d’une dynamique importante dans plusieurs filières stratégiques ».
«Il y a une production abondante dans certaines filières telles que les agrumes et le maraîchage. La ménagère ne revient pas toujours du marché avec le couffin vide», a déclaré Djribia, soulignant « les efforts déployés pour atteindre la sécurité alimentaire dans un contexte de changements climatiques et de mutations géostratégiques ».
Concernant les filières stratégiques, le responsable a identifié trois secteurs prioritaires à développer, dont les céréales, le lait et la viande rouge. Pour les céréales, l’objectif est d’atteindre une production satisfaisant les besoins nationaux estimés à 9 millions de tonnes. «Depuis plus de 30 ans, on n’importe aucune graine de semence céréalière grâce à nos ingénieurs de l’Institut des grandes cultures», a-t-il précisé, relevant l’importance du développement du sud algérien où existent d’importantes réserves d’eau estimées entre 50 000 et 60 000 mètres cubes.
Djribia a également évoqué les grands projets structurants, notamment le programme Baladna avec les Qataris à partir de 2026, qu’il qualifie de «projet du siècle pour l’Algérie», couvrant les céréales, la viande et le lait. Il a aussi mentionné le programme avec les Italiens à Timimoun portant sur 36000 hectares destinés aux céréales et aux pâtes.
Sur la numérisation du secteur, le président de la Chambre d’agriculture d’Alger a annoncé des avancées significatives. «Nous avons commencé la numérisation au niveau des 58 chambres à partir de 2023. Nous sommes arrivés à identifier nos agriculteurs et nos productions», a-t-il expliqué, précisant qu’une plateforme nationale a été mise en place avec un numéro national pour chaque agriculteur. Une carte d’agriculteur avec code QR est également à l’étude pour faciliter les démarches administratives et bancaires.
Concernant la filière pomme, Djribia a salué « l’émergence spectaculaire des wilayas de Khenchela et Batna qui sont devenues les leaders nationaux avec plus de 4 millions de quintaux produits sur une superficie de 12000 hectares ».
«Avant, on faisait 300 arbres par hectare, maintenant on arrive à 3000 arbres par hectare», a-t-il souligné, attribuant cette progression à l’interdiction des importations en 2019 et à l’accompagnement technique des jeunes ingénieurs.
Le responsable a toutefois pointé du doigt le problème de l’écart entre les prix à la production et à la consommation. «Le problème n’est pas chez l’agriculteur. La mission de l’agriculture c’est de produire, la commercialisation c’est pour un autre secteur», a-t-il affirmé, appelant à une meilleure régulation et concertation entre les secteurs de l’agriculture et du commerce.
Enfin, Djribia a insisté sur « l’urgence de régler la question du foncier agricole, condition sine qua non pour favoriser l’investissement », plaidant pour « l’élargissement du conseil scientifique récemment installé aux chambres d’agriculture et aux opérateurs de terrain », tout en estimant que «la recherche n’a pas de sens si elle n’a pas d’impact sur le terrain».