A la une, Contribution

In Memoriam

Par Djeha

Hélène Carrère d’Encausse

J’ai évoqué, trop vite, son nom dans mon dernier billet d’humeur. Depuis longtemps, je m’étais promis de lui faire un sort.Il ne faut pas tirer sur les ambulances. L’académicienne dont je retrace en quelques traits la trajectoire, a de glorieux prédécesseurs et d’encore plus nombreux contemporains.

Le nom de Carrère d’Encausse ne dégringole pas d’une verticalité jupitérienne. Il vient tout simplement à Hélène Zourabichvili du nom de celui de son mari et qui a opportunément et judicieusement accolé le nom de son père, Louis Carrère, et celui de sa mère, Paule Dencausse. Une apostrophe en plus et le tour et joué. Tout le XIXème siècle bourgeois est truffé de ces familles aristocratiques en carton pâte qui peuplent les beaux quartiers du Paris actuel.

Il suffit de gratter un peu et le roturier pointe sous les apparats. Pourquoi ne pas relire Octave Mirbeau ? Sous le Second Empire ils ont fleuri. L’entomologiste Zola en a débusqué plus d’un. Hélène Zourabichvili est une apatride géorgienne jusque-là l’âge de 21 ans. Elle devient française en 1950. Je connais au moins un président français récent qui a eu un parcours semblable… et peut-être même plus laborieux.

Sa vie est une accumulation de zigzags bien négociés. Sans toujours savoir où ils allaient, elle est monté dans les bons trains.

1.- Son analyse de l’URSS « L’Empire éclaté » (1978) a été complètement ratée. Elle en prévoyait la fin à cause de l’expansion démographique des Républiques musulmanes d’Asie Centrale qui n’ont jamais menacé qui que ce soit.

C’est de Pologne et des pays Baltes, travaillés en profondeur pendant longtemps par les services américains et les intrigues vaticanes que sont venus les coups les plus sévères et les plus décisifs. Aidés aussi bien sûr par la « compétence » des « serviteurs du peuple ».

Son livre avait surtout servi à décerveler les élites occidentales françaises et européennes et l’avantage de bien tomber dans la vague générale de l’antisoviétisme militant des années 1970, surfant sur l’anticommunisme dérivé des agitations des mouvements de 68.

Par la suite sa carrière a été une suite de décisions opportunistes. Parmi les plus remarquables :

2.- Le 25 août 1992, elle préside du Comité national pour le « oui » à Maastricht, créé par Jack Lang…

3.- Elle occupe le poste de conseillère spéciale auprès de Jacques Attali, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)

4.- Le 26 avril 1994, elle accepte, sur les instances de Jacques Chirac, d’être candidate aux élections européennes de juin suivant. Elle occupe, derrière Dominique Baudis, la deuxième position sur la liste UDF-RPR et, bien qu’étant plus proche des positions de l’UDF, doit adhérer au RPR à l’occasion de sa candidature.

5.- En 1996-1997, elle est membre du Comité pour la commémoration des origines : de la Gaule à la France. Comme, E. Macron, elle a fréquenté le Collège des Bernardins. Elle est également membre de son comité de parrainage.

C’est de ces « hauts lieux » que la « crise des banlieues », en novembre 2005, lui inspirèrent un mot très sympathique :

« Tout le monde s’étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l’école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C’est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et vingt-cinq enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. »

C’est ainsi, ce sont les derniers convertis qui sont les plus rigoureusement rétifs à l’entrée des nouveaux candidats qui font la queue leu leu pour le baptême.

6.- La sympathique très superficielle inclination qu’elle eut, avant 2022, pour V. Poutine, lui ont causé beaucoup de tourments. Sans complètement se renier, tout en avalant les chapeaux qu’il faut, elle louvoie. C’est une spécialiste. Il suffit d’ânonner les « éléments de langage » qu’il faut et tout est pardonné.

Le « système », comme on dit chez nous à tout bout de champs, ne peut faire la fine bouche et recaler une académicienne. La première du « genre ».

Pour la consoler : personne ne regrettera Maurice Druon qui est parti là d’où il vient.

L’erreur, évidemment, serait de croire qu’elle est la seule.

 

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