Dans un entretien accordé à Algérie54, l’expert en questions sécuritaires et géostratégiques Ahmed Mizab, évoque les questions de l’heure qui intéressent l’environnement géographique de l’Algérie à savoir, la région du Sahel, le Maghreb, le Sahara Occidental et la Libye.
Algérie54:L’Algérie devient de plus en plus un acteur incontournable et écouté sur la scène internationale, notamment dans les régions du Maghreb et du Sahel. Ce retour en force de la diplomatie Algérienne dérange les forces néocolonialistes et leurs instruments. Au Mali, l’approche algérienne est la mieux indiquée pour rétablir la sécurité dans ce pays frère et éviter sa partition.. Ne pensez-vous pas que des officines néocolonialistes, alliées au régime du Makhzen tentent de jouer sur la division de la composante démographique des populations des régions frontalières entre l’Algérie, le Mali et le Niger ?
Ahmed Mizab: Lorsqu’on parle du rôle de l’Algérie dans son environnement régional, qualifié de fondamental, on s’aperçoit que cette région vit des crises multiples, des crises complexes, datant depuis des décennies, dans un contexte de mutations régionales et internationales dont les répercussions affectent l’ensemble des développements que connaît la scène régionale et internationale.
A partir de là, l’Algérie joue un rôle fondamental et central dans la concrétisation de la stabilité dans la région, à travers une approche rationnelle basée sur le principe de la construction de la stabilité, réalisation du principe du développement, la compréhension de la nature, et réalité des difficultés et leurs impacts, l’obstruction aux diverses manoeuvres et projets coloniaux, qui à travers des aspects renouvelés tentent la région pour la dominer, la mise d’instruments nouveaux et renouvelés pour maintenir la région dans un climat de crises. C’est pour cela, qu’on souligne aujourd’hui, que la diplomatie algérienne reprend son souffle, reprend son rôle positif et actif sur plusieurs niveaux, axée sur une dynamique positive sur plusieurs aspects, soutenue par son capital historique et culturel, et à travers sa compréhension et sa perception du volume des défis, de l’importance du rôle de l’Algérie, dans la préservation de sa sécurité. Aujourd’hui, le rôle de l’Algérie dérange plusieurs acteurs à plus d’un titre, d’ordre local ou acteurs ayant des intérêts renouvelés dans la région. Le rôle de l’Algérie est de barrer la route à ces projets, la mise hors d’état de nuire leurs instruments, dans le cadre d’une approche réfléchie et équilibrée visant la concrétisation de la stabilité, la paix et le développement. Et comme preuve, l’approche militaire a été vaincue par l’approche du dialogue politique, qui constitue l’appel solennel de l’Algérie pour le règlement des conflits et différends. L’Algérie a réalisé plusieurs succès sur plusieurs dossiers et questions régionaux et comme preuve, de nombreux pays sont unanimes au sujet de l’importance de la charte de la paix et la réconciliation nationale, mise en oeuvre par l’Algérie. Une charte proposée aux maliens qui l’ont adoptée, pour devenir aux yeux des mouvements , partis, acteurs sociaux rt des officiels maliens, une référence, pour dépasser les crises et les étapes et aussi les défis. Aujourd’hui, tout le monde témoigne de l’importance de cette feuille et cette approche, comme l’indique l’ensemble des évolutions et évènements qui nous conduit vers cette perception.
En parallèle, on relève de nombreux projets inscrits dans des alliances, explicites et implicites, soit des alliances coloniales avec le régime du Makhzen, soit des alliances de ce que j’appelle des alliances de la lecture et l’anticipation sur la scène régionale, à travers une infiltration de l’ingénierie sociale, se jouer de la composante sociale des pays, tentatives de redynamiser certains dossiers à travers différentes appellations.
Aujourd’hui, on doit saisir que ces projets hostiles, projets coloniaux sont destinés à confisquer la volonté des Etats, le démantèlement et la partition des Etats, la division des sociétés. Ces projets se jouent des composantes sociales, à travers la mise sur scène la manipulation des sensibilités, dans le cadre de l’infiltration de l’ingénierie sociale. Et là, il convient de rappeler, que le rôle de l’Algérie dérange de nombreuses parties, dans la mesure ou l’Algérie saisit bien les règles du jeu et la nature des défis. Lorsqu’on traite le dossier du Sahel, on étudie inéluctablement l’aspect et background historiques, à travers les cinq difficultés sécuritaires, à savoir la fragilité et vulnérabilité de l’action politique, la complexité des défis économiques, l’héritage colonial, notamment en ce qui concerne le volet identitaire, les conflits ethniques et tribaux que connaît la région, la manipulation des sensibilités, et l’actionnement de la carte u terrorisme et du crime organisé, alliés organiques.
Et là, l’Algérie s’était fixée comme action de consulter ses voisins malien et nigérien et autres pays limitrophes, en vue de prendre conscience des défis ,élaborer des solutions réelles. L’Algérie a tout le temps accompagné ses voisins sur les plans politique, social, économique, ainsi que le développement socioéconomique des régions frontalières et c’est pour cela que ces pays considèrent que l’Algérie est un pays fiable qu’ils n’hésitent pas à le solliciter dans les moments difficiles. D’ailleurs l’Algérie n’a qu’un objectif et souci, la pérennisation de la stabilité de la région, synonyme de son développement durable, et synonyme aussi de la consolidation de la sécurité de notre pays.
Si on n’a pas réussi à aller vers les élections du 24 décembre dernier, pour des raisons multiples, ilest primordial de souligner, qu’on ne peut aller vers des élections libres sans l’élaboration d’un projet politique clair et transparent et une feuille de route déterminant la nature du régime politique en Libye, le rôle des institutions et le rôle des acteurs politiques dans l’action politique pour la concrétisation de la stabilité en Libye. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que l’approche algérienne est la mieux indiquée pour arriver à un consensus allant dans le sens de la réconciliation nationale entre les libyens. On ne peut ignorer l’acteur social et tribal dans le règlement de la crise libyenne. L’approche algérienne va du détail à l’ensemble, c’est à dire, on ne peut aller vers un projet politique, instauration d’un Etat, élaboration d’un régime de gouvernance, lancement d’institutions politiques, sans se mettre d’accord sur les concepts, détermination des rôles , la nature du régime permettant aux parties en conflit de composer les futures institutions, et par voie de conséquence donner le droit au Peuple Libyen de s’exprimer librement pour élire ses institutions et dirigeants.