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Ahmed Attaf à Washington Post: l’exemple de la Libye s’est avéré catastrophique pour toute la région

Lors de son déplacement à Washington, le ministre algérien des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger Ahmed Attaf a accordé une interview au chef du bureau du journal américain Washington Post au Caire, Claire Parker, accueilli au domicile de l’ambassadeur d’Algérie aux USA le 9 août dernier.

Interrogé au sujet de l’état actuel des relations entre Alger et Washington, Ahmed Attaf estime que le dialogue politique entre les deux pays reflète énormément la qualité des rapports entre les deux capitales, marqués au passage par les visites de hauts responsables américains effectuées en Algérie. » Cela signifie que l’Algérie et les États-Unis ont beaucoup de dossiers à discuter. Et cela s’explique facilement – vous avez une sorte de ceinture de feu qui s’étend de la mer Rouge à l’Atlantique, du Soudan, du Tchad, du Niger, du Burkina Faso, du Mali au Sahara occidental » estime le ministre algérien des affaires étrangères.

Pour ce qui est de la crise au Niger, Ahmed Attaf estime que les deux pays se sont mis d’accord sur trois principes, à savoir ,le respect de l’ordre constitutionnel et démocratique. la restauration du président déchu et le recours à la solution politique comme priorité.

« Et je crois que [sur] ces principes, il y a un accord total entre nous. Maintenant, nous devons essayer de travailler ensemble pour traduire ces principes dans la réalité politique au Niger. Et c’est l’objet de nos consultations » souligne le chef de la diplomatie algérienne.

Pour ce qui est de l’éventualité du retour du président déchu, le ministre algérien qu Personne ne peut dire avec certitude ce qui se passera demain.

Et de noter » La situation est très, très instable et nous devons y faire face non pas au jour le jour, mais heure par heure. Ce que je peux dire, c’est que des consultations sont en cours entre de nombreuses parties intéressées et concernées – la CEDEAO, les parties au Niger, l’Union européenne – pour voir quelle sera la meilleure option dont nous disposons pour atteindre cet objectif d’une solution pacifique à ce crise pour le moment ».

Questionné au sujet de la position de l’Algérie, sur une intervention militaire de la CEDEAO, Ahmed Attaf dira  » La première chose que je dirais, c’est que personnellement, et beaucoup en Algérie, je ne vois aucun exemple d’intervention militaire dans des cas comme celui-ci qui ait réussi. Et nous avons dans notre voisinage l’exemple de la Libye qui s’est avéré catastrophique pour toute la région, et nous en payons le prix. Ceux qui ont mené l’intervention étrangère ont quitté le pays. Et ils nous ont laissés avec cette tragédie, avec cette crise sur les bras. Le deuxième point est que, même si la CEDEAO l’envisage, en envisageant l’option militaire comme une option de dernier recours, elle continue de donner la priorité à une solution politique et diplomatique et elle travaille sur cette base. Le troisième élément est que personne n’est sûr, même au sein de la CEDEAO, que l’intervention militaire ait une chance raisonnable de succès. Vous pouvez déclencher une intervention militaire, mais on ne sait jamais comment ça va finir. Ils sont donc très prudents. Ils font preuve d’un maximum de retenue face à cette option, et ils ont raison de le faire ».

Au sujet de l’instabilité des frontières de l’Algérie avec le Niger et le Mali, le ministre algérien des affaires étrangères estime que  » Dans cette région, le Mali et le Niger, ces populations du côté nigérien de la frontière, elles viennent se faire soigner dans nos hôpitaux. elles viennent dans notre région pour le commerce, le tourisme, les produits vitaux. Comment pouvez-vous appliquer des sanctions à cela? Vous fermez votre frontière et dites aux gens : « Vous devez mourir de l’autre côté ; vous n’avez pas accès à mes hôpitaux. Qui peut faire ça ? En ce qui concerne les sanctions, nous avons de très fortes réserves car ce sera une action punitive contre la population ».

Pour ce qui est de la menace terroriste à la lumière de la destitution de Mohamed Bazoum, Ahmed Attaf estime que  même avant le coup d’État, la situation était très grave au Niger. Et il y a cette fameuse zone appelée la zone des trois frontières, réputée pour la forte concentration de groupes terroristes. Et de fait, en Algérie, en ce qui concerne le Sahel, on a cessé de parler de groupes armés, on parle d’armées terroristes. Ils ont gagné un nouveau [niveau] d’échelle, d’activités, en termes de personnel, en termes d’équipement. Et de poursuivre  » Et nous avons vraiment affaire dans la région à des armées de terroristes qui menacent directement le Burkina Faso, le Mali, certaines régions du Tchad et le Niger. Et les Américains, ils ont exactement le même bilan : que la situation est très grave et qu’elle commande une forte coordination ou une coopération étroite entre les pays de la zone pour relever ce défi ».

Questionné au sujet des flux migratoires subsaharienne, Ahmed Attaf indique qu’il avait abordé la question  avec les responsables nigériens et maliens lors de sa visite effectuée en avril dernier à Niamey et Bamako . « La question de la migration n’est pas exclusivement une question politique que vous pouvez traiter dans le cadre d’un accord international pour dire, vous ferez ceci et cela. Dans cette région — je parle précisément du Niger, du Mali, du Tchad et vous pouvez descendre en Afrique de l’Ouest — c’est aussi un énorme enjeu économique » souligne le ministre .

 Et d’ajouter « Ces gens quittent leur pays, ils quittent leur village parce qu’ils sont à la recherche d’une vie meilleure — et pour certains d’entre eux, pour nourrir leur famille. Il faut donc s’en occuper politiquement, diplomatiquement. Mais si la composante économique de la solution n’est pas là, alors vous ne réglerez pas le problème ».

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