Par: Mohamed El-Abassi.
En regardant la vidéo d’une interview de Macron en marge de sa visite au Maroc, cela m’a rappelé, exactement une ancienne interview accordée à un média algérien du temps où le Président français, en visite en Algérie, s’était fait encensé par une inspiration ensorcelante pour séduire davantage que pour convaincre.
Le style de communication « macroniste » scénarisé donne l’impression d’être idéaliste, humaniste, politiquement correct mais, sitôt dit, si vite oublié. Il avait déclaré, en 2017 à Alger, que la colonisation française en Algérie était « un crime contre l’humanité », en pensant convaincre, par des mots, l’Algérie en caressant ses dirigeants dans le sens du poil, et penser dépoussiérer miraculeusement, par une simple déclaration, une sombre et douloureuse page indélébile de l’histoire de la France coloniale en Algérie.
Mais voilà, que le chef de l’Etat français se trouve à quelques encablures de son second et dernier mandat, rien n’a été concrétisé pour sceller une entente sur le dossier de la mémoire, autrement dit, la responsabilité qu’il a promis d’assumer dans un dialogue et à travers un mécanisme bilatéral consensuel animé d’historiens pour solder le passé douloureux, et envisager un avenir débarrassé des pesanteurs passéistes.
Toute la belle parole enjolivée de superlatifs pimpants de Macron et ses engagements de campagne électorale et d’après son élection, font désormais partie d’une parole reniée et d’un passé oublié. Que vaut donc la crédibilité d’un chef d’Etat s’il ne tient pas parole !
Comment pourrait-il se faire accroire au Maroc et se démentir en Algérie, même si la relation est fondamentalement différente !
L’explication pour comprendre ce saut imprudent de Macron, frappé d’amnésie, en s’engouffrant, pieds et mains liés, dans une sorte d’alliance, qui renie à la France son présumé statut de pays des libertés et des droits de l’homme, pendant que sa crédibilité de membre permanent au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies se trouve irrémédiablement entachée.
Si le Maroc pense s’enorgueillir d’un aveu du Président Macron qui aura dit, haut et fort, ce que la France a toujours été, fait et s’y était investie contre le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination, et si la France de Macron pense avoir égratigné l’Algérie, c’est alors que Paris s’est accordée avec Rabat dans une entente machiavélique conjoncturelle, le temps que l’histoire n’écrive ce qui « ne s’écrit pas ».
Le timing de ce qu’on appelle fièrement des retrouvailles n’est, en fait, qu’un leurre savamment concocté par l’Elysée pour placer la France dans la préférence makhzénienne, le temps d’une succession ou plutôt une abdication chaotique.
Quand la poudre de perlimpinpin à certains regards étourdis se sera évaporée et qu’elle se sera bien dissipée, ce qui s’écrira, de l’encre indélébile de l’histoire balaiera la parole non tenue des hommes d’Etat qu’elle jettera dans les flots de ses oubliettes éternelles.
Le Président Macron devrait, dès à présent, penser à se trouver un « nègre » pour se réécrire sans conformisme, ni narcissisme.