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December 8, 2025

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Jacob Cohen à Algérie54: le CRIF est reconnu officiellement comme maître des médias en France

Comme à son habitude, le journaliste français Jacob Cohen auteur du "printemps des sayanims " et la "26e tribu", nous livre des pertinentes analyses sur la politique interne en France, le rôle du CRIF dans le contrôle des médias, les relations algéro-françaises, les relations du Maroc avec le régime génocidaire de l'entité sioniste, la dernière visite du président américain Donald Trump dans la région du Golfe, le conflit russo-ukrainien et les négociations sur le nucléaire iranien.

Comme à son habitude, le journaliste français Jacob Cohen auteur du “printemps des sayanims ” et la “26e tribu”, nous livre des pertinentes analyses sur la politique interne en France, le rôle du CRIF dans le contrôle des médias, les relations algéro-françaises, les relations du Maroc avec le régime génocidaire de l’entité sioniste, la dernière visite du président américain Donald Trump dans la région du Golfe, le conflit russo-ukrainien et les négociations sur le nucléaire iranien.

Algérie54: L’extrême droite en France semble gagner des points après l’élection de Bruno Retailleau à la tête de LR, en prévision de la présidentielle de 2027. Quelle lecture faites-vous de l’état actuel de la situation politique en France, dans une conjoncture socioéconomique des plus compliquées?. 

Jacob Cohen: Il semble effectivement que la droite a le vent en poupe. D’abord avec le Rassemblement National qui se maintient à 30% ou les dépasse ; il reste en tout cas le premier parti de France. Ensuite avec le réveil des LR qui placent à leur tête un droitard digne du RN. Enfin le centre-gauche occupé par les macronistes et qui se révèle un vrai parti de droite.

De l’autre côté de l’échiquier, seule LFI peut être considérée comme un véritable parti de gauche, et il ne dépasse pas les 19-20%. Donc c’est un fait que la société française ne fait plus confiance à la gauche pour résoudre les problèmes et se droitise de plus en plus. Le drame de cette droite – c’est le piège tendu par Mitterrand et qui continue encore à fonctionner – c’est qu’elle ne peut unir ses forces pour faire avancer le pays dans le sens souhaité par la population. D’où les blocages politiques et l’instabilité gouvernementale. Cela dit, la France ne se distingue pas du reste de l’Europe qui connaît une poussée vers la droite, même un peu extrême.

Algérie54: Le CRIF est reconnu comme “signaleur de confiance”. Est-t-il devenu le tuteur des médias en France, dans la foulée de la hausse du mouvement de la condamnation du régime génocidaire de l’entité sioniste?

Jacob Cohen: C’est la reconnaissance officielle de son rôle de maître des médias, qu’il exerçait déjà par l’intermédiaire des centaines de journalistes et patrons de presse judéo-sionistes. Là il peut saisir directement les autorités compétentes pour leur signaler un contenu inadéquat ou « haineux » ou flirtant avec l’antisémitisme, ou pour leur demander de suspendre tel compte ou d’engager une action en justice contre une personne ou un média, et je peux vous assurer que ces autorités n’auront d’autre priorité que d’obéir promptement aux injonctions du CRIF.

Algérie54: Les relations algéro-françaises s’acheminent vers une rupture, suite aux dernières expulsions réciproques des diplomates des deux pays. Quelles sont selon vous les prochaines étapes de cet affrontement diplomatique, dont l’origine est la reconnaissance française de la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc?

Jacob Cohen: A mon avis, la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental par la France n’explique pas tout. C’est tout de même curieux que les deux pays s’enfoncent dans une crise qui peut les entrainer vers l’abime et qui n’est pas dans leur intérêt. Il y aurait des forces occultes qui poussent vers cette rupture et même plus. On a même l’impression que les tentatives de Macron pour apaiser la situation se heurtent à des obstacles soudains et insurmontables. Il y aurait une main invisible mais dont on peut deviner la nature qui l’arrête au dernier moment. Dans ces conditions,il est difficile de prévoir jusqu’où va aller la crise, et on peut légitimement être pessismiste sur son issue. Mais cela peut aussi être un signal d’alarme pour l’Algérie que certaines puissances iront jusqu’au bout pour lui nuire.

Algérie54: Au moment où les soldats du Tsahal participent aux manoeuvres militaires d’African Lions au Maroc, le chef de la diplomatie marocaine condamne le génocide du peuple palestinien de la bande de Gaza, lors de son intervention au Sommet arabe de Baghdad. Ne pensez-vous pas, qu’on a touché le fond du ridicule?

Jacob Cohen: Le ridicule et le cynisme ont été dépassés déjà par feu le roi Hassan 2 qui s’était imposé en défenseur d’Al-Quds dès 1972 (je crois) et qui en a présidé le Comité jusqu’à la fin de sa vie. Mais il était évident qu’il n’allait rien faire pour s’opposer aux plans de conquête et de judaïsation de la ville sainte.

La Palestine hélas ! a servi de prétexte à de nombreux régimes arabes pour se faire une popularité à bon compte, surtout lorsqu’on a des trahisons à se faire pardonner. Ainsi le régime chérifien multiplie les déclarations et les aides aux Palestiniens pour faire oublier son alliance avec le régime sioniste et sa collaboration étroite sur le plan militaire.  

Algérie54: Donald Trump revient à Washington avec des milliers de milliards de dollars,après son déplacement dans la région du Golfe. Quelle lecture faites-vous de ce périple du chef de la Maison Blanche?

Jacob Cohen: Pour moi c’est d’abord la mise au pas des monarchies du Golfe, Qatar compris, qui restent bien arrimées au parrain américain. On aura remarqué que l’Arabie Saoudite ne se revendique plus comme membre des BRICS. Cela s’est fait en les caressant dans le sens du poil, avec menaces probables en cas de résistance. Ainsi se reconstitue le bloc sunnite contre l’Iran. Ce bloc se coulera, d’une façon ou d’une autre, dans le processus des normalisations avec Israël. Ce qui est déjà dans les faits concernant le Qatar et le royaume wahabite. Il est à noter que la protection du parrain yankee s’étend désormais à la nouvelle Syrie. Le régime de Damas est sommé de normaliser ses relations avec Israël, ce qu’il fera en mettant en sourdine ses droits sur le Golan et autres conquêtes territoriales récentes sionistes. Et en prime des milliers de milliards pour l’économie américaine. L’ordre US règne de nouveau sur la région. 

Algérie54: Les négociations d’Istanbul entre la Russie et l’Ukraine augurent la fin de la guerre malgré l’opposition des pays européens, grands perdants de cette confrontation armée. Quelle sera selon vous l’issue de ces négociations imposées à Zelensky par Donald Trump?

Jacob Cohen: La position de Trump n’est pas encore très claire. Cela est dû probablement aux tensions entre deux camps dans son entourage qui défendent, l’un la paix à tout prix, l’autre l’illusion de venir à bout de la Russie. C’est tout de même un vieux rêve yankee de démanteler ce grand pays et de faire main basse sur ses richesses. C’est difficile, même pour un Trump, de faire une croix sur ce grand projet défendu depuis Kissinger et Brzeziński et qui a été le moteur de la politique étrangère américaine. Trump est devant ce dilemme qu’il n’arrive pas à résoudre. Il faudra bien pourtant. La défaite ukrainienne sera bientôt la sienne et l’alliance russo-chinoise semble désormais irréversible, un cauchemar pour l’Amérique, entrainant le renforcement du Sud global. Trump a bien tenté d’amadouer Poutine mais ce dernier n’a pas marché. Plus il attend, plus le prix de la défaite sera grand.

Algérie54: Les Iraniens ne semblent pas fléchir dans leurs négociations avec les américains sur le dossier du nucléaire. Verra-t-on à court terme un accord?

Jacob Cohen: Rappelons d’abord que c’est Trump qui avait mis fin en 2018 à l’accord entre l’Iran et les grandes puissances signé en 2015 qui réintégrait ce pays dans l’économie mondiale en renonçant à l’armement nucléaire. Cet accord donnait entière satisfaction à tout le monde, sauf à Israël dont l’objectif est de diaboliser l’Iran et l’empêcher de se développer normalement. Donc l’intérêt de Trump, en le dénonçant, revenait au même résultat. Un nouvel accord semble nécessaire pour apporter une stabilisation régionale. Cet accord se fera certainement, ne serait-ce que parce que l’Iran  fait partie des problèmes prioritaires discutés entre Trump et Poutine. La question est de savoir, en fonction des rapports de forces et des marchandages globaux, jusqu’à quel point l’Iran peut conserver la maitrise de l’uranium enrichi et de ses stocks.

Entretien réalisé par M.Mehdi

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