Le Proche-Orient risque de sombrer dans le chaos d’une guerre fratricide opposant l’agresseur sioniste et les mouvements de résistance, dans la foulée des martyres des chefs de cette résistance comme les martyrs Hassan Nasrallah et Ismael Haniyeh. L’auteur et journaliste Jacob Cohen en évoque les conséquences de cette escalade.
Algérie54: Le martyre du chef de la résistance libanaise ,Hassan Nasrallah, est un signe annonciateur d’une guerre certaine et un embrasement général au Proche-Orient. Quelle lecture faîtes- vous au sujet des conséquences à court terme?
Jacob Cohen: Un embrasement général parait improbable, du moins à court terme. Aucun pays de la région ne voudra se lancer dans l’aventure, seule une intervention massive de l’Iran pourrait déclencher cet embrasement. Or ce pays a toujours agi avec prudence pour ne pas prêter le flanc à une attaque massive des Américains. Est-ce que le Hezbollah a gardé toutes ses capacités de frappe massives et voudra-t-il le faire pour provoquer un embrasement ? Les jours prochains le diront. Je tablerai plutôt sur des attaques ciblées et limitées de la part des Houthis, de la résistance irakienne et bien sûr du Hezbollah.
Algérie54: A quarante jours de la présidentielle américaine, les soldats américains seraient la cible des mouvements de résistance, au Yémen, Irak, Syrie, et Liban. Qu’en pensez-vous?
Jacob Cohen: Si on veut vraiment faire mal aux Américains, les toucher dans leur moral, les faire douter de leur engagement militaire, ce serait de faire des victimes militaires. Surtout à l’approche des élections. Le gouvernement en place le paierait très cher, électoralement parlant. Surtout que beaucoup de militaires américains se trouvent dans des situations vulnérables. Et les mouvements de résistance ont montré leurs capacités et leur sens stratégique.
Algérie54: La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique à quelques encablures de la période hivernale. La communauté internationale est impuissante devant le génocide des palestiniens imposé par la bande sioniste de Netanyahou. Y-a–t-il une solution en vue pour sauver des centaines de milliers de palestiniens civils?
Jacob Cohen: Il est à craindre que cette solution soit introuvable. Le régime sioniste a montré, dès le 8 octobre, sa détermination à nettoyer ethniquement la bande de Gaza. N’ayant pas réussi à repousser les Gazaouis vers l’Egypte, il tente désormais de rendre leur vie tout simplement impossible. Toutes les structures sont systématiquement détruites, scolaires, hospitalières, administratives, religieuses, économiques, etc. Et le monde le sait, le constate, mais il est incapable de réagir. Et même si la guerre s’arrêtait, les Gazaouis vont dépérir de maladie, de famine, de froid, d’inactivité, de désolation. La catastrophe humanitaire n’est pas près de s’arrêter.
Algérie54: Dans une salle quasi vide, Benjamin Netanyahou a brandi une carte montrant les gentils et méchants pays arabes, pour justifier le génocide des palestiniens. Quel est votre avis sur le sujet?
Jacob Cohen: Netanyahou continue dans son délire propagandiste. Il sait qu’il raconte des histoires mais il s’en fiche. Il a un mépris total pour l’ONU, pour le droit international, et pour la majorité des Etats qui la composent. Il est sûr de son impunité totale. C’est un bras d’honneur colossal qu’il a fait à la communauté internationale.
Algérie54: Le régime du Maroc est accusé de soutenir l’entité sioniste dans son génocide des palestiniens,à l’opposé la rue marocaine ne cesse de revendiquer l’annulation de l’accord de normalisation. Qu’en dites- vous?
Jacob Cohen: Le régime marocain, à l’instar des pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec le régime sioniste, maintient sa position, car il paierait cher un changement, notamment vis-à-vis du camp occidental qui le soutient à cette fin. La rue marocaine ne parait pas un élément suffisamment important et dissuasif pour imposer une rupture des relations. Le régime peut tabler aussi sur le soutien, au moins implicite, de toutes les principales institutions du pays, sans compter les militaires et les services de sécurité.
Entretien réalisé par M.Mehdi