Les résultats des élections européennes du 9 juin dernier, suivis de l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale française par le président français Emmanuel Macron dont son parti a été largement défait, ont occasionné un séisme politique augurant l’effondrement de la 5ème république à trois ans de la présidentielle de 2027. Algérie54 est allée scruter, l’opinion du journaliste et auteur Jacob Cohen, et sa lecture de ce nouveau paysage politique qui se dessine en France, après l’annonce des résultats du premier tour des législatives anticipées tenu ce dimanche 30 juin.
Algérie54: Quel est votre lecture des résultats du premier tour des législatives anticipées qui s’est déroulé ce dimanche 30 Juin?
Jacob Cohen: Le premier constat est le niveau de participation exceptionnel. Il faut remonter à 1978, dans le glorieux temps du programme commun face au giscardisme, pour retrouver un taux pareil, et qui tranche avec les taux d’abstention élevés ces dernières années. Les résultats confirment par ailleurs ceux des européennes du 9 juin, et qui avaient vu une hiérarchisation des 3 blocs. Celui du président arrivant nettement derrière.
Algérie54: Le Rassemblement National jubile et espère rééditer le scénario dimanche prochain à l’occasion du second tour. Le président français Emmanuel Macron appelle à une alliance de son courant politique avec le PS et les Républicains pour barrer la route à l’extrême droite. Pensez-vous qu’il réussira son coup à une semaine de la seconde joute législative du 7 juillet prochain?
Jacob Cohen:Le résultat du Rassemblement National est paradoxal. Certes il est arrivé largement en tête, mais en atteignant son « plafond de verre ». Il ne peut pas aller plus haut et il n’a pas de réserves de voix. Et il est fort probable que le camp « républicain » (la tarte à la crème que le système ressort à chaque fois pour éviter tout changement décisif), sans faire d’alliance, s’arrangera pour organiser des désistements là où il y aura des triangulaires, empêchant ainsi le RN de confirmer sa victoire du premier tour. On retombera ainsi dans un parlement où certes le parti présidentiel sera minoritaire mais qui permettra à Macron de tenir jusqu’à la fin de son mandat en 2027, puisque comme on l’a vu depuis 2022, les partis d’opposition n’ont jamais voulu censurer le gouvernement et encore moins lancer une procédure de destitution prévue à l’article 68 de la constitution. L’opération de dissolution, qui avait semblé hasardeuse, reviendra à redonner un second souffle au pouvoir.
Algérie54: Pensez-vous que le lobby sioniste est en mesure de peser sur le verdict des urnes?
Jacob Cohen: Le parti sioniste peut dormir tranquille. Les institutions de la France lui resteront largement soumises. Le seul parti qui avait osé agiter une critique d’Israël, c’est-à-dire LFI, est largement minoritaire au sein du système politique. Par ailleurs il est noyé dans une coalition de gauche dont il ne représente que le tiers. Toutes les autres forces politiques, y compris le RN qui en est devenu le plus sioniste, sont des défenseurs acharnés d’Israël, et surtout des combattants farouches contre l’antisémitisme, et en particulier contre l’antisionisme, dont l’amalgame fait le bonheur du lobby judéo-sioniste, et interdit toute critique véritable sous peine de passer pour antisémite.
Interview réalisée par M.Mehdi
