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Hitler voulait une jeunesse «dure comme l’acier» : Macron veut façonner une jeunesse sûre pour l’armée

Par Khider Mesloub

Dès l’intronisation démocratique du politicien Adolf Hitler à la chancellerie, le nouveau chancelier décide de mettre en place un vaste programme d’enseignement visant à prodiguer aux élèves une « formation idéologique nazie ».

Pour ce faire, le Troisième Reich mobilise toutes les méthodes éducatives et toute la logistique au service de la propagation de l’idéologie nazie, notamment au sein des écoles. Tout le corps enseignant,  dorénavant dévoué à l’idéologie nazie, est massivement enrôlé dans cette entreprise de nazification de l’institution scolaire. L’objectif de l’enseignement nazifié est de forger un homme nouveau totalement dévoué à la défense du nouveau régime, donc de son projet totalitaire et militaire.

« Qui tient la jeunesse maîtrise l’avenir ». Telle est la vision des nazis, désireux de former des enfants nazifiés qui deviendront les cadres dirigeants du Reich ou ses loyaux serviteurs.

Dans son discours du 6 juillet 1933, Hitler affiche d’entrée de jeu les priorités de son régime en déclarant que « l’on doit conduire le flot incontrôlé de la révolution dans le lit tranquille de l’évolution. L’instruction des hommes est pour cela le plus important ». Autrement dit, la formation idéologique est la pierre angulaire du nouveau pouvoir nazi. Les ambitions éducatives du nouveau régime nazi visent rien de moins que la renaissance de l’Allemagne, aux plans économique et militaire. Une Allemagne accusée par Hitler d’être frappée depuis plusieurs décennies par le déclin.  Un déclin attribué à la dégénérescence raciale et à la déculturation.

Comment faire renaître l’Allemagne, sinon par la revitalisation raciale du peuple allemand, le renouement avec la germanité, selon le nouveau régime nazi. Aussi, dès lors le nouvel appareil d’instruction nazi s’efforcera à transmettre aux élèves une éducation fondée sur une vision censément authentique de la culture allemande. Une Allemagne revivifiée vouée à dominer l’Europe, le monde. La devise du système éducatif nazi est « Chaque élève doit être éduqué à haïr avec fanatisme ».

De nos jours, en France, le régime macroniste, confronté au déclin du pays, à la délégitimation institutionnelle, désaffection politique, débâcle du système éducatif, tente de réaliser, sinon un pronunciamiento politico-civique, au moins un aggiornamento bonapartiste, pour renverser la tendance. À savoir rétablir la grandeur de la France. Et l’école, cette instance de conditionnement des esprits, est la première institution enrôlée par le pouvoir macroniste pour redorer le blason de la France en plein déclin.

Dans une France marquée par la militarisation de la société et la caporalisation des mentalités, l’école se transforme à son tour en instance idéologique militariste. En caserne chargée de conditionner les élèves à la préparation de la guerre. La preuve. Ces derniers mois, plusieurs mesures à caractère militaire ont été adoptées par le régime oligarco-policier macroniste.

On peut rappeler les nouvelles mesures relatives au service national universel (SNU), le projet autoritaire du port obligatoire de l’uniforme dans les établissements scolaires. Cette dernière mesure s’inscrit dans le processus de caporalisation des écoliers, notamment par l’imposition de la manière de s’habiller et de penser. Selon Gabriel Attal, l’expérimentation de l’uniforme doit permettre d’évaluer « ce que ça permet en manière de restauration de l’autorité à l’école ». Ainsi, le ministre de l’Éducation vient d’avouer que le mobile principal de l’obligation du port de l’uniforme n’est pas l’instauration de l’égalité vestimentaire entre élèves. Mais la mise au pas de la jeunesse.

Actuellement, en France, dans un climat géopolitique qui rappelle étrangement les années 1930 marquées par  la fascisation de l’Europe, caractérisées par ailleurs par la marche forcée vers la guerre mondiale, le gouvernement Macron, aux fins d’inculquer aux jeunes le respect de l’autorité, autrement dit, les valeurs par excellence des soldats de l’armée française impérialiste, vient de réinstaurer le service militaire obligatoire, sous une nouvelle forme : le Service national universel (SNU).

Le dispositif concernerait tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans. Tous les élèves de seconde et ceux de première CAP de 6 départements devraient participer obligatoirement au SNU à partir de janvier 2024. Puis, un élargissement progressif à l’ensemble du territoire devrait avoir lieu.

Comme rappelé plus haut, l’objectif de l’enseignement nazifié était de forger un homme nouveau totalement dévoué à la défense du nouveau régime, donc de son projet totalitaire et militaire. Dans la même logique et perspective, au mois de décembre dernier, sur le pont du porte-avions Charles-de-Gaulle, Macron avait martelé sa détermination à rapprocher étroitement la jeunesse de la chose militaire : « Je sais pouvoir compter sur les militaires pour faire face aux défis de renforcer les forces morales de la nation, en particulier de la jeunesse. »

Pour sa part, le Sénat, dans un rapport de juin 2022, définit clairement les réels objectifs du SNU. Il s’agit « dans une logique de contribution à l’esprit de défense, d’informer les jeunes des perspectives de carrière dans les armées et la gendarmerie, et des besoins des forces de réserves, la professionnalisation imposant un effort particulier pour susciter des vocations ». En d’autres termes, il s’agit d’une entreprise d’enrôlement et de militarisation de la jeunesse.

Dans le cadre de la domestication de la jeunesse, de l’apprivoisement et de l’habituation au climat de guerre, ces adolescents, en intégrant le Service national universel, devront apprendre à se lever à l’aube, enfiler l’uniforme, participer à la levée du drapeau français, chanter La Marseillaise avant de se rendre à des activités diverses autour de l’autodéfense et de l’engagement.  Mais aussi s’intégrer dans des modules d’apprentissage sur des enjeux liés à la défense, à la mémoire et à la transmission « des valeurs de la République » (c’est-à-dire valeurs bourgeoises françaises impérialistes et belliqueuses, les valeurs chauvinistes et réactionnaires réactivées dans un contexte de course à la militarisation de Europe).

L’instauration du SNU s’inscrit dans la politique de durcissement autoritaire impulsée par le régime totalitaire macroniste, qui a fait de la question de l’ordre à l’école une de ses priorités. Le gouvernement Macron entend discipliner la jeunesse et imposer les valeurs réactionnaires chauvinistes dans un contexte de militarisation de l’ensemble de la société. Selon certaines sources, le gouvernement Macron « réfléchirait à interdire le passage du baccalauréat pendant 5 ans à quiconque refuserait de réaliser son Service National Universel ». Autrement dit, l’adolescent est sommé de s’enrôler dans le SNU, faute de quoi il sera condamné à la privation scolaire, à l’ignorance, au chômage.

Ces exercices militaires encadrés par l’armée seront bientôt une réalité pour les 800 000 lycéens. Une formation d’une durée de 12 jours sera imposée à tous les lycéens, et ce, sur le temps scolaire. La journée commencerait à 6H30 pour s’achever à 22H30, selon plusieurs sources. « Les rituels républicains (levée du drapeau, marseillaise…) font partie intégrante des éléments qui rythment et donnent un cadre à chaque journée », souligne l’une de ces sources.

Les jeunes devront porter un uniforme et le téléphone portable sera proscrit en journée, pour s’assurer que les jeunes ne soient pas distraits pour leur apprentissage des « valeurs républicaines », selon le document officiel relatif au SNU.

Dans un contexte de réarmement impérialiste et d’embrigadement militariste de la jeunesse, outre les lycéens, le gouvernement Macron compte enrôler également des étudiants. Les étudiants sont encouragés à devenir réservistes pour l’armée française en échange de l’attribution d’une allocation de 2 500 euros par an pendant cinq ans, et le financement du permis de conduire.  « À côté du militaire, il y a le civil et je souhaite que nous renforcions nos capacités à nous défendre face aux nouveaux risques à travers une mobilisation de la Nation tout entière et une augmentation des réservistes aux côtés des forces de sécurité intérieure », avait déclaré Macron lors de sa campagne électorale de 2022.

Voici l’avenir « radieux » offert par le gouvernement Macron à la jeunesse : les carrières militaires, les champs de bataille, les fronts de guerre. Une jeunesse à laquelle la France belliciste n’offre que la paix des cimetières, c’est-à-dire la guerre, ou le cimetière des usines, c’est-à-dire le chômage.

Hitler voulait une jeunesse allemande « dure comme l’acier ». Macron veut façonner une jeunesse française idéologiquement sûre pour l’armée. Macron n’attend pas qu’elle soit « dure comme l’acier », mais sûre pour le sacrifice. Dans les deux régimes aux affinités totalitaires électives, le dessein est identique.

 

 

 

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