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À bas le féminisme vindicatif, punitif, déviant et castrateur (1/2)

 Par Khider Mesloub

En Occident décadent, la journée du 8 mars est devenue la fête du Féminisme (libertaire et libertin) et non de la Femme opprimée et exploitée.

Paradoxalement, dans la société capitaliste occidentale surprotégée, où la gent féminine semble émancipée, quand les féministes et les instances politiques et médiatiques parlent de la femme, c’est toujours comme un être singulier, une personne infériorisée, aliénée, fondamentalement différente de l’homme (toute ressemblance avec le monde musulman, pourtant fustigé pour sa misogynie, serait une pure et fortuite coïncidence). Ironie de l’histoire, le meilleur allié du patriarcat, c’est le néo-féminisme, qui perpétue les mêmes stéréotypes phallocentriques (encore prégnants dans les pays islamiques) et prônent les mêmes traitements différentialistes sexués, réservés exclusivement à la femme, au plan social et judiciaire, tels qu’ils ont cours dans les pays musulmans.

En effet, par leur action d’essentialiser les violences commises contre les femmes, leurs mobilisations exhortant les pouvoirs publics à protéger les femmes, à voter des lois spécifiques pour les femmes, les néo-féministes perpétuent le schéma patriarcal qui infériorise et infantilise la femme. Aux yeux des néo-féministes différentialistes, toute femme, tel un enfant consubstantiellement immature et vulnérable, serait, de par sa nature même appartenant au « sexe faible », congénitalement en danger, susceptible d’être victime de la prédation masculine.

Somme toute, par leur politique féministe essentialiste, les néo-féministes détachent les femmes de la communauté humaine universelle pour les assigner à des statuts particuliers inférieurs, réduites à une minorité à protéger du fait de leur « faiblesse congénitale », leur « vulnérabilité innée ». Ce faisant, elles les placent dans une condition infrahumaine, d’extranéité sociale, c’est-à-dire d’étrangères à la communauté humaine. Comme cela a également cours dans les pays musulmans où la femme est soumise à un statut d’éternelle mineure nécessitant sa protection par un mâle. En Occident, cette protection réservée exclusivement au « sexe faible » est assurée par l’État, le tuteur de la femme.

Par ailleurs, le néo-féminisme bourgeois contemporain, « intoxidentalisé », c’est-à-dire intoxiqué par l’idéologie misandre et l’arrogance légendaire occidentale, cultive une politique victimaire. Rappelons que, selon le dictionnaire Le Robert, le terme misandre désigne « une femme qui a de la haine ou du mépris pour les hommes ». Dès le début de notre siècle, les dérives du féminisme avaient déjà été dénoncées par Élisabeth Badinter dans son ouvrage Fausse route. Décortiquant la déroute du féminisme contemporain, dans son livre publié en 2003, elle fustigeait le « féminisme guerrier », la guerre des sexes, le féminisme misandre, victimaire.

Aujourd’hui, les féministes différentialistes instrumentalisent les violences conjugales. Les violences faites aux femmes sont devenues l’arme du féminisme punitif. Sur ces violences résiduelles, elles assènent leurs argumentations victimistes. À chaque violence commise contre une femme par un homme, indécemment instrumentalisée, les féministes brandissent leurs accusations flanquées de leurs immanquables revendications pécuniaires.

En effet, dans le dessein de réclamer financement public et subventions privées, le féminisme « martyrologique » a besoin d’assombrir la condition conjugale réservée aux femmes par les hommes. Pour vivre pécuniairement, il a surtout besoin de victimes pour ne pas succomber à la mort associative lucrative. Faute de victimes médiatiquement « visibilisées », parfois fabriquées à des fins de règlement de compte politique, le féminisme victimaire finirait par tomber dans les oubliettes sociétales. Ainsi, derrière le discours de dénonciation de la violence sexiste, outrancièrement instrumentalisée, s’affairent des associations féministes vénales, financées généreusement par les fonds publics, autrement dit par l’argent du contribuable.

Globalement, le féminisme victimaire fonctionne sur un schéma binaire : femme victime (toute femme) /homme bourreau (tout homme). Or, les chiffres des homicides contre les femmes sont en baisse régulière. Les homicides dont les victimes sont des femmes sont en baisse constante (moins 25 % depuis 10 ans). En France, 90 tuées en 2020 (79 tuées en 2022), contre 146 en 2019 (cette baisse considérable du nombre de morts est intervenue dans un contexte de crise sanitaire et sociale, sur fond de confinement, censé avoir accentué les violences intrafamiliales et conjugales, thème amplement relayé par les médias pour éluder les véritables violences sociales et politiques infligées à l’ensemble du peuple par le gouvernement, notamment par l’explosion du chômage, l’augmentation de la précarité et de la paupérisation, la flambée des pathologies psychiatriques, la recrudescence de la surveillance et du contrôle social, la répression policière et la militarisation de la société).

En réalité, d’un point de vue fondamentalement humain, en matière pénale, statistiquement, dans l’ensemble des pays, les premières victimes des violences en général sont largement les hommes. Les femmes ne constituent qu’un très faible pourcentage en matière de violences, à plus forte raison d’homicides. Certes la violence létale est majoritairement perpétrée par les hommes, mais les principales victimes de cette violence sont essentiellement les hommes eux-mêmes. « Selon les données fournies par l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, dans le monde, 78,7 % des victimes d’homicide sont des hommes, et dans 193 des 202 pays ou régions répertoriés, les hommes étaient plus susceptibles d’être tués que les femmes ».

De fait, au sein de la société capitaliste mondiale contemporaine, chaque année plus de 750.000 personnes meurent de violences liées à des conflits armés et à la petite ou grande criminalité dont une grande majorité 490.000 en dehors des zones de guerre, c’est-à-dire dans la société civile, victimes de la criminalité inhérente au capitalisme. Le féminisme ne dénonce jamais ce génocide perpétré par la société capitaliste criminogène et belligène.

En vérité, les violences conjugales impliquent parfois les deux sexes. La conception angélique selon laquelle les femmes seraient toujours les victimes et les hommes systématiquement les agresseurs est fallacieuse. Dans un couple, certes l’homme peut faire preuve, in extremis, de violence, mais la femme manifeste également une réelle violence verbale et psychologique, voire physique. Cette violence est minimisée, voire ignorée, par les féministes.  Un tiers des victimes de violences physiques dans le couple sont des hommes. Officiellement, 20 % des hommes sont victimes de violences conjugales, un chiffre en réalité sous-évalué du fait du tabou lié à la difficulté pour les hommes de se confier. Pire : d’être crus, tant dans l’imaginaire collectif la violence est consubstantiellement inhérente à l’homme.

Du point de vue juridique, le discours féministe véhicule l’idée selon laquelle les violences conjugales ne seraient pas suffisamment jugées ni condamnées. Or, l’histoire des annales pénales prouve le contraire. Depuis le XIXème siècle, les violences conjugales sont toujours sévèrement punies, la violence de l’époux constituant par ailleurs un facteur aggravant, donnant lieu à une condamnation sévère.

Loin de nous l’idée de nier l’importance de la violence commise contre les femmes par leurs conjoints, en particulier les assassinats des femmes, il convient néanmoins de replacer cette violence et ces meurtres dans le contexte actuel du développement exponentiel de la violence protéiforme générée par le système capitaliste belligène en pleine putréfaction. Comment définir et qualifier ces meurtres de masse perpétrés fréquemment par des jeunes adolescents à peine pubères, notamment dans les établissements scolaires, dans la plus grande démocratie du monde, les États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays civilisés occidentaux ? Selon les statistiques publiées par la police fédérale (FBI), les États-Unis ont enregistré plus de 21.500 homicides en 2020, soit près de 59 par jour. Un grand nombre de ces homicides est perpétré par des enfants âgés de 10 à 19 ans. Depuis 2012, il y a eu 3865 fusillades de masse. En 2022, plus de 620 fusillades ont éclaté aux États-Unis.  Soit presque deux fusillades par jour. L’an dernier, de nombreuses fusillades ont été commises par des adolescents. 25 mineurs meurent chaque semaine par balle et 91 % des enfants tués dans le monde par des armes à feu, le sont aux États-Unis. Cette violence juvénile et infantile est autrement plus dramatique et meurtrière. Pourtant elle ne suscite pas le même émoi, le même effroi, la même indignation, la même fureur.

Aujourd’hui, le féminisme vindicatif tente de prendre en otage le droit en s’arrogeant le monopole de la représentation de la souffrance légitime. Or, il n’en est rien. Aucun durcissement du code pénal est susceptible d’apporter un adoucissement de la société. Même l’existence de la peine de mort n’a jamais enrayé la criminalité, comme la société étasunienne criminogène l’illustre.

Contre cette dérive judiciaire féministe, les opposants (les juges et les avocats) à « l’exceptionnalité juridique féminine », notamment la codification du « féminicide », invoquent le principe d’égalité devant la loi. Selon les juristes opposés à toute « exceptionnalité judiciaire » et codification, l’institutionnalisation du féminicide vise à s’appliquer à une catégorie de la population. Or, cette application porte atteinte au principe d’universalisme du droit et d’égalité des citoyens devant la loi pénale. L’incrimination spécifique du « féminicide » a pour objectif de sanctionner plus diligemment et plus sévèrement les auteurs du crime. Toujours est-il qu’avec cette spécification juridique, à situation identique, l’auteur d’un meurtre ou de violences perpétrées contre une femme se verrait appliquer un traitement judiciaire distinct et une condamnation plus lourde que le coupable de forfaits identiques commis à l’encontre d’un homme. Au final, cela reviendrait à considérer le meurtre d’une femme plus répréhensible que celui d’un homme. Ce qui serait, au plan humain et moral, inacceptable.

Cela confirme l’exception d’extranéité dont les féministes veulent se prévaloir devant les tribunaux pour échapper à la justice de droit commun s’appliquant à tous les justiciables, sans distinction de sexe. Rappelons que le concept d’extranéité est originellement un terme juridique désignant un individu ou groupe d’individus qui, dans une société donnée, ne bénéficie pas de l’accès aux droits et devoirs de celle-ci mais se voit appliquer les lois de sa société d’origine. En l’espèce, les néo-féministes militent, en vertu de ce statut d’extranéité auto-attribué, excipé comme un droit, pour bénéficier d’une justice rendue en fonction de leur sexe d’origine, c’est-à-dire féminin, et non pas du droit universel.

En tout état de cause, la question des violences contre les femmes n’est pas un problème féminin (féministe) mais un dramatique problème de société. Encore une fois, il n’est pas dans les projets de la nature humaine de s’autodétruire : le ver n’est pas enfoui dans la tête de l’homme mais tapi dans le giron de cette société capitaliste criminogène. Le mal n’est pas d’abord dans l’homme, mais dans la société. Le capital, comme le féminisme, met sur le compte de la psychologie de l’homme la malice des faits sociaux. Par cette opération de manipulation consistant à condamner uniquement le Mâle, elle exonère le Mal suprême de la société capitaliste, autrement plus meurtrier et génocidaire : l’exploitation et l’oppression salariales, les guerres, les famines, les exodes, etc.

Lire notre article Offensive de l’offensant féminisme misandre et inquisitorial,

  1. https://algerie54.dz/2023/03/06/femmes-violence/
  2. https://algerie54.dz/2023/03/07/femmes-violence-2/

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