Par Houria Ait Kaci
« Le capitalisme est mort ». Il a été remplacé par le « technoféodalisme », soutient l’ancien ministre grec de l’Économie Yanis Varoufákis.
Le système capitaliste néolibéral qui a dominé en Occident ces dernières décennies est mort et avec lui, le système économique, politique et idéologique sur lequel reposait le libéralisme économique et la démocratie libérale.
Il a été remplacé par une nouvelle dictature, technologique, celle des GAFAM (Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft), les cinq multinationales qui dominent le marché du numérique, que Varoufákis et d’autres analystes appellent « technoféodalisme ».
Pour Varoufákis : « les marchés économiques sont désormais soumis aux géants du numérique, à la « rente du Cloud ». Sécrété au sein même du capitalisme, le digital abolit ce qui lui a donné naissance. Le numérique est plus intensif en capital, mais il n’est pas capitaliste. Il répond à une toute autre logique, qui par une étrange distorsion du temps, semble relever davantage d’un régime qu’on croyait appartenir au passé : le féodalisme. D’où l’idée de « technoféodalisme ».
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Dans ce féodalisme ressuscité, la dépendance aux GAFAM est particulièrement nocive pour le cerveau humain, dont le but final est d’en assurer le contrôle. Cette guerre cognitive est la plus dangereuse de toutes les guerres hybrides, car elle est invisible, silencieuse et s’attaque à l’organe qui fait office de chef d’orchestre du corps humain.
Cette guerre ne se déroule pas sur un champ de bataille classique, entre deux armées identifiées, opérant avec des armes répertoriées dans une zone de combat géographiquement située.
Elle se passe entre l’individu, connecté à des écrans derrière lesquels se trouvent des personnes et des machines dont le but est d’enregistrer les appels et les mouvements de l’individu.
Derrière ces écrans se trouve le « cloud », le réseau mondial qui stocke et gère les données en vue d’une future utilisation à l’insu de l’internaute, comme leur vente à des candidats politiques lors d’une élection ou à des Services de renseignement pour une enquête « discrète » ou de l’espionnage.
Comme partout dans le monde, en Algérie aussi, on peut constater un usage de plus en plus en important des services de ces GAFAM, surtout la forte addiction au téléphone portable pour toutes sortes d’usage de la vie quotidienne, aussi bien chez les hommes que les femmes et surtout chez les jeunes.
Mais cette utilisation exagérée du portable et des Réseaux sociaux (plutôt anti- sociaux) concourt à mettre en veilleuse la mémoire de l’individu et à endommager ses neurones avec l’usage prolongé des ondes de transmission. Des médecins ont relevé une hausse des cas de cancers du cerveau chez des personnes abusant de l’utilisation du téléphone mobile.
Sur le plan social, les « accros » du Net ont tendance à s’éloigner de leur milieu naturel et à « s’enfermer » dans un milieu « artificiel, virtuel, décalé du réel. Ils vont avoir tendance à rechercher la solitude, à fuir les contacts physiques et à préférer les contacts virtuels pour rester dans ce « cocon » fait d’images et de couleurs où tout est rassurant et harmonieux, évacuant les difficultés de la vie réelle. Certains jeunes (surtout les garçons) accros du Net ont tendance à refuser de se marier ! Ce phénomène ne risque t-il pas d’influer sur la courbe démographique ?
On a vu les berceuses et les contes de nos grands-mères peu à peu être remplacés par You Tube et les vœux des fêtes de l’aïd présentés par SMS au lieu des traditionnelles visites familiales, surtout depuis le Covid-19.
On ne voit plus nos vieux retraités réunis sur la place publique ou dans les cafés autour du jeu très populaire de dominos, qui stimule la mémoire et les échanges sociaux. Il a été remplacé par le téléphone portable !
A l’école, au collège, à l’Université, les recherches personnelles des élèves sont remplacées par des « copier-coller » de Google et les enseignants qui refusent ce genre de copies, ne sont pas bien vus! Les Réseaux sociaux (Facebook, Instagram, You Tube …) sont les sites favoris des jeunes qui les préfèrent aux médias locaux. Ce qui signifie qu’une bonne partie de notre jeunesse n’a pas accès à l’information nationale et que la « guerre médiatique » qui fait partie de la guerre cognitive est loin d’être gagnée!
Lire à ce sujet:
Plusieurs personnes, dont des enseignantes ont avoué que depuis leur retraite, elles étaient devenues « accro » à face book et n’arrivaient plus à lire de livres, ou de revues ! Le style lapidaire et simplifié de ce réseau incite à la paresse « neuronale » et au recul des capacités de raisonnement et de l’esprit critique.
Le cerveau d’une personne qui ne lit plus de livres, n’écrit plus sur du papier, est un cerveau qui ne produit plus de nouveaux neurones et devient une proie facile pour être contrôlé. Et c’est là le but de la guerre cognitive. Et les multimilliardaires des multinationales de la Tech le savent bien puisqu’ils n’envoient pas leurs enfants dans une école « numérique » mais dans une école classique, où ils apprennent à lire, compter et écrire sur du papier et non sur des tablettes ! Il faut dire que la stratégie des oligarques et des multinationales dans ce domaine n’est pas le fait du hasard mais élaborée dans des laboratoires comprenant des équipes pluridisciplinaires dont des psychologues et des sociologues.
Malheureusement chez nous, cette situation s’est accentuée avec le confinement imposé avec le Covid-19, qui a vu la connectivité augmenter et la lecture de la presse papier et des livres, baisser encore plus.
Sans compter la hausse du prix du papier sur le marché boursier international qui a provoqué une hausse des prix d’impression qui a fortement impacté l’édition du livre et provoqué la fermeture de nombreuses librairies. Un éditeur privé disait qu’avant l’épidémie du Covid et la crise du papier, il éditait un livre chaque mois et maintenant seulement un livre par an ! Le cinéma, le théâtre, la musique ont été également touchés. Or, tous ces Arts relèvent de la sphère culturelle qui impacte positivement notre cerveau et nourrit notre esprit, notre identité et notre appartenance à une même société.
Il faut souligner à propos de l’épidémie du Covid 19 que celle-ci avait été provoquée par le club des Mondialistes, (liés aux GAFAM), qui l’ont provoquée grâce à un virus cultivé en laboratoire et dont le but recherché est la réduction et le contrôle de la population mondiale. Les vaccins à ARNm, ont provoqué beaucoup d’effets secondaires, notamment sur le cerveau.
Lire à ce sujet l’article du Pr Michel Chossudovsky.
Avec un tel cerveau formaté, ces internautes deviennent « taillables et corvéables à merci » comme l’étaient les serfs au Moyen- Age au temps du féodalisme ! Cette véritable œuvre d’aliénation et de contrôle du cerveau humain, constitue l’enjeu principal de la guerre cognitive qui fait partie de l’arsenal des guerres technologiques qui incluent également « l’économie numérique », dominée par les « géants du numérique » qui exercent un monopole sur les données et les algorithmes.
« Nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, attachés à la glèbe numérique par un rapport de dépendance. Qui peut vivre sans Google ? Même lorsqu’on pense ne pas passer par le géant du digital, la plupart des services numériques que nous utilisons sont en réalité ses clients. Directement ou indirectement, notre vie dépend des Gafam » écrit Cédric Durand, dans « Technoféodalisme. Critique de l’économie numérique, La Découverte ».
Mais si on ne peut pas se passer des GAFAM, on peut au moins empêcher une dépendance « aveugle » à ces instruments de domination de l’oligarchie occidentale en expliquant leurs dangers et leurs méfaits sur le cerveau humain et la domination sur les économies nationales économique ou « néo-colonialisme » technologique !
Mais, la dernière nouvelle qui concerne la suppression du moteur de Recherche Google par ce dernier et son remplacement par l’Intelligence artificielle (IA) (créée par le même Google) ce qui va accélérer la concurrence au sein des GAFAM. Il faut souligner que l’IA est utilisée aussi comme arme de guerre, comme dans le cas du génocide de Ghaza.
La création de cette IA qui n’est pas sans danger pour le cerveau humain auquel elle tente de se substituer. Son créateur, Geoffry Hinton qui a démissionné de Google en 2023, a qualifié l’IA « d’effrayant » et regrettait son œuvre. Il s’inquiétait de la concurrence effrénée entre les GAFAM et des périls que cela représente pour l’Humanité.
Lire à ce sujet l’article de Noureddine Kellassi sur « Le Soir d’Algérie » du 13 Mai 2025.
L’Algérie qui a décidé de rattraper son retard technologique doit pouvoir tirer les leçons des expériences d’autres pays pour ne pas tomber dans les mêmes travers et réaliser un travail de conscientisation de sa jeunesse et de son élite économique. Il faut protéger toute la population contre les dangers de la guerre cognitive mais surtout les franges les plus vulnérables.
Pourquoi ne pas créer une instance de surveillance et de régulation de ces technologies pour mesurer leurs impacts négatifs sur l’Economie, l’emploi, la société ? Cette instance doit comprendre des équipes pluridisciplinaires (psychologues, sociologues, politologues…) et des représentants de la Jeunesse.
Les députés pourraient aussi proposer une législation et des gardes- fous pour empêcher les abus et méfaits de ce monopole sur le cerveau, ce nouveau néocolonialisme caché et plus dangereux et qui menace de disparition de nombreux emplois et plusieurs activités ?
Ou alors sommes- nous tous condamnés à devenir des esclaves des GAFAM et de l’IA appelée à substituer à la plupart des emplois ici bas ? « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », ce proverbe de Rabelais, prend ici tout son sens.