Les médias et politiques français ont abondamment critiqué la Russie parce qu’elle a confié la défense de son pays à des milices privées. Pour critiquer il faut d’abord pratiquer et respecter la vertu qu’on exige d’autrui.
Sans pointer Blackwater qui n’est que la partie immergée d’un immense trafic, ou à la guerre privatisée pratiquée par les occidentaux aujourd’hui en Ukraine, on peut évoquer une actualité riche sur ce point dans la glorieuse patrie des droits de l’homme.
Cejeudi matin est arrivé en France le premier ministre indien, invité d’honneur lors des festivités du 14 juillet.
Rien à voir avec la Révolution française dont la majorité des Français ignore l’histoire et les héros, coincés entre Louis XVI et Napoléon. La plupart d’entre eux chantent la Marseillaise sans savoir pourquoi. Seul le « sang impur » excite le flot des tarés pour « abreuver leur sillon » et assoiffer leur instinct xénophobe.
L’événement n’est plus à la gloire des sans-culottes et des Lumières qui les ont inspirés.
Ce n’est plus un défilé, mais un salon de l’armement avec des clients dans les tribunes et au bout des caméras. N. Modi, comme avant lui les chalands réels ou virtuels qui l’ont précédé, est là pour négocier les prix et les délais de livraison. Pas pour perdre son temps avec des petits soldats qui marchent au pas.
Ce n’est pas le président, l’élu des citoyens ou sa première ministre, qui accueille les chefs d’Etat mais les employés de Dassault, de Thales ou de Safran qui réceptionnent des clients.
Le 14 juillet des camelots pressés de solder leurs marchandises. La France a un « socialiste » spécialiste des débouchés du complexe militaro-industriel qui s’occupait de la prospection des marchés des armes, le très sémillant ex-ministre de la défense, ex-ministre des affaires étrangère l’illustre entremetteur Y. Le Drian, aujourd’hui perdu dans le brouillard du Levant, qui avait en charge les parts de marchés des industries de la mort.
Il fut un temps où la France avait une « défense nationale » réellement nationale, une pensée stratégique à l’usage raisonné des armes, une industrie, des décisions… et des élus à la hauteur d’une mission qui ne se limitait pas à la fabrique d’une quincaillerie à placer sur les marchés. Cela, sans naïveté aucune.
Aujourd’hui, tout est privatisé de l’industrie aux industriels, des politiques à leurs clients. La France n’est plus qu’un pion sur un échiquier dominé par des rapaces sans frontières et ses élus ne sont plus que des employés tarifés, cotés à l’argus, des auxiliaires d’une machine qui n’a de comptes à rendre à personne.
C’est ça désormais la démocratie représentative qui ne représente plus aucun électeur, à l’exception des réceptionnistes qui accueillent les clients au service de donneurs d’ordres que personne n’a élus.
Tous aux Champs-Élysées !