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December 8, 2025

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Le Makhzen face aux fuites et la détermination de la jeunesse marocaine

Aux abois, le régime du Makhzen est de nouveau l'objet de fuites diffusées, par le hacker Jabaroot, en pleine contestation populaire entamée depuis le 27 septembre dernier, dénonçant les condiions de vie des marocains.Dans sa dernière livraison,le hacker Jabaroot cible directemment le Palais royal et les factures astronomiques des employés de la cour du commandeur des croyants.

Aux abois, le régime du Makhzen est de nouveau l’objet de fuites diffusées, par le hacker Jabaroot, en pleine contestation populaire entamée depuis le 27 septembre dernier, dénonçant les condiions de vie des marocains.Dans sa dernière livraison,le hacker Jabaroot cible directemment le Palais royal et les factures astronomiques des employés de la cour du commandeur des croyants.

Les fichiers divulgués par Jabaroot quelques jours après que Mohammed VI ait prononcé son sinistre discours peu convaincant et l’engagement controversé d’investissements de plusieurs millions de dollars dans les stades, révèlent les salaires des 3 400 employés de la Maison royale marocaine, répartis dans plusieurs dizaines de palais, résidences et propriétés appartenant à la famille régnante à travers le Maroc. Selon les tableaux divulgués – qui incluent les noms, les dates de début de contrat, les nationalités et même les adresses personnelles – les dépenses de personnel dépassent 50 millions d’euros. Le salaire moyen à la cour de Mohammed VI dépasse 15 000 euros par an , soit trois fois la moyenne nationale (environ 4 500 euros).

Ces dépenses sont loin du budget salarial de la Maison royale espagnole, qui s’élève à environ 4 millions d’euros. Le budget global de la monarchie makhzenienne dépasse les 200 millions d’euros, loin des 8 millions d’euros alloués au palais royal espagnol

Comparées aux dépenses des familles royales européennes, aucune n’égale celles de la famille royale makhzenienne . Le Royaume-Uni arrive en tête, avec une allocation de 86,3 millions de livres sterling en 2024, soit entre 100 et 110 millions d’euros.

Le coût réel est considérablement plus élevé, car il n’inclut pas les dépenses couvertes par d’autres départements d’État, tels que la sécurité, les transports ou l’entretien des résidences royales. Monaco arrive en deuxième position, avec environ 48 millions d’euros par an, suivi de près par les monarchies de Norvège et des Pays-Bas, dont les budgets s’élèvent respectivement à 43 et 44 millions d’euros. En Norvège, ce montant couvre à la fois les dépenses personnelles du roi, celles du personnel et l’entretien des résidences officielles.

Ces chiffres pourraient alimenter davantage les manifestations dans les rues du Maroc, oùdepuis le 27 septembre dernier, des groupes de jeunes marocains organisés en ligne réclament de l’argent pour l’amélioration des services publics dans les secteurs de la Santé, l’enseignement et la lutte coontre le chômage très répandu chez les jeunes diplômés. Les jeunes manifestants exigent des mesures pour réduire les inégalités sociales, tandis que l’establishment makhzenien investit des millions d’euros dans la construction et la rénovation de stades en vue de la Coupe du monde 2030, que le Maroc accueille aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

Le retour de Jabaroot sur la scène politique s’accompagne de menaces envers le pouvoir makhzenien, conformément à ses messages désormais habituels adressés aux ministres et aux responsables de la sécurité et du renseignement. « Tous vos systèmes sont sous contrôle », menace-t-il dans ce message, qui expose les dépenses du palais, dans un défi clair à Mohammed VI, une figure jusqu’ici restée à l’écart des manifestations malgré les revendications des jeunes concernant la chute du gouvernement et la lutte contre la corruption au sein de l’élite politique et économique.

« Cette publication est une réponse au mépris du roi face aux revendications de la jeunesse marocaine visant à dissoudre le gouvernement », explique Jabaroot, se penchant sur la crise que traverse le pays voisin. « C’est aussi un avertissement à ceux qui se croyaient à l’abri du danger », ajoute-t-il.

Des sources proches du pouvoir marocain , l’identifient comme un ancien membre des services de renseignement marocains, déterminé à se venger de ceux qu’il accuse de détenir des secrets d’État en toute impunité.

Son activité, décrite comme une forme exceptionnelle de pression psychologique contre la puissante Direction générale de la sécurité territoriale,DGST, dirigé par Abdellatif El Hammouchi, de plus en plus menacé par l’éviction comme fusible à l’instar de l’oligarque premier ministre Aziz Akhannouch; a mis à nu le nerf le plus sensible du régime : son propre système d’espionnage.

Depuis sa chaîne Telegram, Jabaroot a publié des accusations et des documents compromettant des personnalités clés du Makhzen . Dans son récit, il dénonce la corruption, les abus de pouvoir et l’utilisation de la surveillance comme outil politique. Ses fuites de plus en plus précises et explosives ont fait de lui une figure inconfortable, lui valant des comparaisons avec Julian Assange pour son audace et sa capacité à remettre en cause les structures les plus secrètes du pays.

Parmi ses révélations les plus médiatisées figure le cas d’ Abderrahim Hamidine , chef des services de renseignement de Casablanca, à qui il attribue l’achat d’une luxueuse villa avec piscine malgré son salaire de fonctionnaire. Il a également ciblé Mohamed Raji, dit « Monsieur Écoute », qu’il accuse d’être le cerveau d’opérations d’espionnage électronique et d’être responsable de l’utilisation du programme Pegasus dans le pays.

Une autre fuite importante concernait le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi . Jabaroot a publié des documents qui, selon lui, montrent que le ministre a acheté une maison à Rabat grâce à un prêt de plusieurs millions de dollars, remboursé dans un délai inhabituellement court, puis fait don de la propriété à son épouse pour une valeur inférieure à sa valeur réelle. L’accusation, accompagnée de copies de contrats et d’actes, a déclenché un tollé politique à Rabat.

Les fuites ne se limitent pas à des cas individuels. Jabaroot a publié des listes contenant les noms et les informations personnelles de hauts responsables de la DGST, révélant des transactions financières présumées et des liens opaques entre les services de renseignement et les milieux d’affaires. Son objectif affiché est de montrer comment le pouvoir au Maroc repose sur un système de contrôle et de surveillance qui, selon ses termes, « espionne tout le monde pour en protéger quelques-uns ».

L’impact de ses actions a suscité un débat interne sur la sécurité de l’État et des tensions au sein de l’appareil de renseignement. Diverses interprétations soulignent que Jabaroot est le visage d’une guerre fratricide intestine entre factions au pouvoir, dans la foulée de la guerre de succession et la fin de règne de Mohamed VI. Quel qu’il soit, Jabaroot a accompli un exploit sans précédent : permettre aux secrets du régime marocain de circuler au vu et au su de tous, dans un pays habitué au silence et à l’opacité.

La détermination de la jeunesse face à l’indifférence de Mohamed VI

« Que les tribunes vides soient un message de protestation civilisé et fort , reflétant les priorités et les aspirations du peuple à un avenir meilleur. » Tel est l’appel au boycott lancé par GenZ 212 contre le manque de services publics de qualité, l’absence de perspectives d’emploi pour les jeunes et les investissements scandaleux de plusieurs millions de dollars dans les stades et les infrastructures de la Coupe du monde 2030, qu’il organise avec l’Espagne et le Portugal .

Des appels ont été lancés pour boycotter les rencontres de football, comme c’est le cas pour le dernier match des lions de l’Atlas mardi 14 octobre contre le Congo joué dans un stade vide.

« Nous vous invitons donc à prendre la décision de boycotter pacifiquement et consciemment ce match au stade. Que les tribunes vides soient un message de protestation civilisé et puissant, reflétant les priorités et les aspirations du peuple à un avenir meilleur. Nous sommes de tout cœur avec les Lions, mais notre conscience est avec les droits des jeunes », lançait GenZ 212 dans un communiqué.

Le discours de Mohammed VI vendredi dernier n’a pas apaisé la colère populaire qui a déclenché les plus grandes manifestations au Maroc ces dernières années. Dans son discours devant les deux chambres du Parlement, le commandeur des croyants, qui se donnait le nom du “roi des pauvres”, au début de son règne en 1999, a évité d’évoquer la colère de la population exprimée par des manifestations quotidiennes,mais a exhorté le gouvernement à « accélérer le développement de l’éducation et de la santé » et à accorder « une attention particulière aux régions les plus pauvres ».

L’une des stratégies des manifestants est de maintenir leur contestation jusqu’à la Coupe d’Afrique des Nations 2025, qui se tiendra au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

GenZ 212 a déjà appelé à de nouvelles manifestations samedi prochain 18 octobre, ainsi qu’au boycott des produits liés à l’élite politique et économique, représentée par le Premier ministre marocain en difficulté, le magnat Aziz Akhannouch. « Nous annonçons qu’après des débats internes responsables et un large vote auquel nos membres ont participé, il a été décidé de poursuivre notre démarche de protestation pacifique et d’en élargir les formes », a averti la jeunesse dans un communiqué parallèle.

Et de poursuivre “Nous annonçons l’organisation de manifestations pacifiques dans plusieurs villes le samedi 18 octobre prochain . Nous appelons tous les jeunes du Maroc et tous les citoyens à se mobiliser massivement pour soutenir ce mouvement jusqu’à ce que nos justes revendications soient satisfaites. Nous annonçons également l’élargissement de nos formes de lutte, notamment l’élargissement de la campagne de boycott des produits lancée précédemment, dont les objectifs et les mécanismes seront progressivement précisés, ainsi que d’autres moyens de faire entendre notre voix.

Les jeunes insistent sur le fait que leurs revendications restent les mêmes que lors de leur première manifestation il y a trois semaines. Depuis, le régime du Makhzen a opté pour la répression policière. « Nos revendications n’ont pas changé ; elles sont légitimes et figurent parmi nos revendications, parmi lesquelles : le droit à une éducation de qualité et à des soins de santé adéquats pour tous ; la lutte contre la corruption et la responsabilisation ; et, en priorité absolue, la libération immédiate de tous les prisonniers d’opinion pour leur participation pacifique », explique le mouvement qui défie l’establishment marocain. « Tous les citoyens marocains sont engagés dans cette cause de dignité. Rendez-vous samedi 18 octobre », concluent-ils.

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