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Dans un entretien accordé au journal Le Figaro: Le président Tebboune révèle les grands axes de sa politique

Le Président Tebboune

Dans un entretien accordé au journal français Le Figaro, le président de la république Abdelmadjid Tebboune réitère sa détermination à moraliser la vie politique en Algérie.«Je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance», dit-t-il, ajoutant «Je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance»,

Les gens ont l’espoir de changement

Interrogé sur l’impatience des algériens quant à la satisfaction des revendications du Hirak, le président Tebboune estimera en substance « j’accepte qu’on me demande d’aller plus vite, cela prouve que les gens ont l’espoir de changement. Le Hirak a obtenu pratiquement tout ce qu’il voulait: il n’y a pas eu de cinquième mandat, ni de prolongation du quatrième mandat, puis le président a démissionné. Les têtes les plus visibles de l’ancien système sont également parties, et la lutte a été engagée contre ceux qui ont mis l’économie à genoux. Reste les réformes politiques, j’en ai fait ma priorité, et je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance. Concernant les priorités de son mandat présidentiel, le président Tebboune notera que la révision de la Constitution, est la première priorité

La révision de la Constitution, priorité des priorités

« C’est la priorité des priorités. J’ai donné à des spécialistes des orientations et formulé des limites, celles qui touchent notamment à l’identité nationale et à l’unité nationale. Tout le reste est négociable. Un premier document va être remis à près de 600 partis, associations, syndicats, corporations, etc. Ils auront un mois pour en débattre librement, et il reviendra ensuite vers le comité de rédaction. La mouture finale sera soumise aux deux chambres du Parlement, puis à un référendum populaire. Ce dernier est déterminant pour obtenir une Constitution de consensus, car je ne veux pas imprimer ma propre vision au changement constitutionnel. Nous aurons notre Constitution au plus tard d’ici le début de l’été, et nous ferons en sorte que le référendum se tienne le plus tôt possible ». Le président Tebboune indiquera que l’amendement de la loi électorale est une seconde priorité « Le deuxième chantier sera celui de la loi électorale, qui est censée parfaire nos institutions élues. Le nouveau Parlement sera amené à jouer un plus grand rôle, mais pour cela, il a besoin d’être assez crédible et ne souffrir d’aucun déficit de légitimité pour sa représentativité. Une des conditions sine qua none pour cela, c’est la séparation de l’argent de la politique ». Le Président Tebboune ajoutera « Moi, je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le président

Je ne me sens redevable qu’envers le peuple

Interrogé sur le rôle de l’ANP, et cet amalgame entretenu par des milieux hostiles à l’Algérie, autour de cette question aux desseins inavoués,à savoir « le Hirak veut aussi «un État civil, non militaire». Le président Tebboune notera avec insistance que l’ANP accomplit ses missions constitutionnelles, elle ne s’occupe ni de politique, ni d’investissement, ni d’économie. Elle est là pour sauvegarder l’unité nationale, protéger la Constitution et les Algériens contre toute infiltration terroriste et toute tentative de déstabilisation du pays. Vous ne trouverez aucune trace de son immixtion dans la vie du citoyen si ce n’est lors du service national.Il ajoutera « Moi, je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le président. Si je me suis engagé dans la présidentielle, c’est parce que j’avais un arrière-goût de travail inachevé

La tête de la mafia a été coupée mais pas le corps

Questionné au sujet du complot dont il a fait l’objet en 2017, trois mois après avoir été investi comme Premier Ministre, le président Abdelmadjid dira «  Mon pays étant en difficulté, j’ai pensé pouvoir apporter un plus même si je savais que c’était un sacrifice pour ma famille et moi-même. C’est un devoir. S’agissant de la mafia politico-financière dont les figures croupissent aujourd’hui en prison, le président estimera que « La corruption et l’accumulation d’argent sale ne s’effacent pas avec du correcteur. La tête de la mafia a été coupée mais pas le corps. De l’argent sale circule encore. Chaque jour de nouveaux responsables, des pseudos hommes d’affaires se retrouvent devant la justice. Les fondements de l’État algérien doivent être sains. Ce qui nous attend est bien plus grand que les travaux de Sisyphe. Nous sommes en train de reconstruire, mais ça va prendre du temps. Aucun État moderne ne s’est bâti en une génération. La Ve République en France a commencé en 1958 du siècle passé! Commençons par tracer les contours de notre nouvel État sur le plan constitutionnel, puis institutionnel, puis économique.

Nos maux viennent de l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement

Sortir l’Algérie de la dépendance aux hydrocarbures…

S’agissant du volet économique, le président Tebboune mettra en exergue la nécessité de la diversification des revenus de l’économie nationale. »Les hydrocarbures sont une richesse divine épuisable, mais ils doivent générer des richesses plus durables. L’Algérie regorge d’autres ressources dont la principale  est sa jeunesse instruite ».

« Ma génération est restée dans son carcan mais les jeunes sont en contact avec le monde entier. Des jeunes formés sur les bancs de l’école algérienne sont sollicités pour leur dynamisme et leur savoir-faire, partout dans le monde, aux États-Unis, en Europe… C’est dans cet esprit universaliste et par une compétition saine et moderne que nous allons construire un nouvel édifice économique basé sur la valorisation de la production nationale, l’économie de la connaissance et la transition énergétique. » ajoutera-t-il .

Dans le même contexte, le président Tebboune insistera sur la nécessité de booster, les start-up, TPE et PME , la valorisation des  produits agricoles et la lutte contre  l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement. » Cela a tué la production nationale » insiste-t-il.

Sur ce plan, il dira »Nous allons par exemple arrêter l’importation de kits automobiles. L’usine Renault qui est ici n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc. Comment créer des emplois alors qu’il n’y a aucune intégration, aucune sous-traitance?

Ouverture du champ à la diaspora

Pour ce qui est du futur rôle de la diaspora algérienne, appelée à s’impliquer dans le développement du pays, le président Tebboune a indiqué qu’il s’efforcera d’emblée à changer l’article 51 qui prive l’Algérie de ses nombreuses compétences.

«  L’immigration d’origine algérienne à l’étranger a toute sa place ici, et nous œuvrons pour qu’il n’y ait plus de séparation entre les citoyens émigrés et ceux qui sont restés au pays. Ils ont les mêmes droits et possibilités. Qu’ils soient momentanément ou définitivement à l’étranger, leur pays d’origine demeure l’Algérie, et ils y sont les bienvenus. Certains postes, ultrasensibles, qui touchent à la sécurité nationale, ne peuvent pas être ouverts à n’importe qui. C’est une pratique mondiale, ils se comptent sur les doigts d’une main. Mais on peut être binational et recteur d’université, directeur d’une société nationale, et travailler dans toute structure où il n’y a pas de secrets d’État » martèle-t-il.

Pour ce qui est des relations algéro-françaises, le président Tebboune indique que l’Algérie est pour des relations sereines avec la France, fondées sur un respect mutuel

En France, Il y a un lobby revanchard

Interrogé sur les dernières déclarations du président français Emmanuel  Macron qui s’est engagé à opérer un travail mémoriel avec l’Algérie comparable à celui que Jacques Chirac avait effectué vis-à-vis de la Shoah. Le président Tebboune,dira J’ai eu quelques contacts avec le président Macron, et je sais qu’il est honnête intellectuellement, qu’il n’a aucun lien avec la colonisation. Il essaye de régler ce problème qui empoisonne les relations entre nos deux pays ; parfois il est incompris, et parfois il fait l’objet d’attaques virulentes de la part de lobbies très puissants. Il y a un lobby revanchard, qui rêve du paradis perdu, parle trahison de De Gaulle et je ne sais quoi encore… Notre indépendance a presque 60 ans. Il est quand même bizarre que l’Algérie revienne encore dans presque toutes les actualités politiques françaises! Et quand on en arrive à écrire une loi qui glorifie la colonisation, on est loin de ce que nous attendons…

Il ajoutera « Nous sommes pour des relations sereines avec la France, fondées sur un respect mutuel. À un certain moment, il faut regarder la vérité en face. Un premier pas est de reconnaître ce qui a été fait, le deuxième pas est de le condamner. Il faut du courage en politique. Mais il y a un autre lobby (le Maroc NDLR), dont toute la politique repose sur l’endiguement de l’Algérie, et qui est présent en France. C’est un lobby, aux accointances économiques et sociales, qui a peur de l’Algérie. Même quand l’Algérie intervient pour proposer des règlements pacifiques à des crises, ce lobby tente de s’immiscer sous prétexte qu’il est également concerné.

Nous sommes viscéralement jaloux de notre souveraineté chèrement reconquise

Dans le même contexte, le président demeure convaincu que les Algériens ne veulent pas que l’on s’occupe de leurs affaires. Comment peut-on suggérer une période transitoire à l’Algérie ou s’immiscer dans le choix de son peuple? Il revient aux Algériens seuls de régler cette affaire. Et il appartient aux autres d’admettre que nous sommes viscéralement jaloux de notre souveraineté chèrement reconquise. Et quand je vois des jeunes, sous l’œil passif, sinon complice, de la police française, malmener des personnes âgées qui viennent dans leur consulat voter à la dernière présidentielle algérienne… Est-ce que l’on est dans un pays réellement démocratique? Beaucoup d’Algériens en France voulaient aller voter, mais ils ont eu peur. Pour nous, l’affaire n’est pas enterrée. L’enquête continue.

Concernant le Mali, le président Tebboune estime implicitement  que la France a empêché le règlement de la crise dans ce pays voisin »Si on nous avait laissé faire, il y a longtemps que le problème malien aurait été réglé » souligne-t-il

Sans la France , l’Algérie aurait rapidement régler la crise au Mali

Le président Macron, oui. Ses prédécesseurs, non. Si on nous avait laissé faire, il y a longtemps que le problème malien aurait été réglé. L’Algérie n’a cessé de présenter des solutions aux Maliens depuis 1962. Ce sont des frères. Leurs problèmes sont nos problèmes. L’accord d’Alger était presque parfait. C’était la seule voie possible pour que le sud du Mali intègre le nord dans ses structures et institutions. Mais la France officielle a voulu régler le problème militairement. Nous nous sommes retirés et voyez ce qui se passe sur le terrain. Les solutions militaires n’ont jamais réglé les problèmes, bien au contraire, dans notre cas, ils compliquent les situations et servent d’appel d’air aux terroristes. Maintenant, il faut revenir à l’accord d’Alger. Quant au G5 Sahel, il n’a pas les capacités militaires pour lutter efficacement contre le terrorisme.

Le conflit libyen, se règle entre libyens

Concernant la Libye, le président Tebboune notera que »Dès 2011, nous avons dit que ce n’est pas ainsi que l’on règle les problèmes. Si Kadhafi pose problème, c’est à ses citoyens de décider de son sort. Aujourd’hui il faut pousser les Libyens à dialoguer et à reconstruire leur État. Si nous sommes habilités par le Conseil de sécurité de l’ONU, nous sommes capables de ramener la paix rapidement en Libye, car l’Algérie est un médiateur sincère et crédible, accepté par toutes les tribus libyennes. Il ne faut pas faire des guerres par procuration, il faut s’engager à ne pas vendre des armes et cesser de faire venir des mercenaires… Nous, nous fournissons aux Libyens de la nourriture et des médicaments et non des armes pour s’entretuer. Si la désintégration de la Libye se poursuit, d’ici à un an, un an et demi, l’Europe et la Méditerranée auront une nouvelle Somalie à leurs frontières avec des conséquences certaines sur leur stabilité et leur sécurité. La chance actuelle de la Libye est que ses grandes tribus n’ont pas pris les armes. Elles sont toutes prêtes à venir en Algérie pour forger ensemble un avenir commun. Nous sommes les seuls à proposer des solutions saines et désintéressées. On ne nous laisse pas faire. Pourtant, l’Algérie n’a aucune visée hégémonique, ou visée sur les richesses de ce pays frère qui nous a ouvert ses portes pendant notre guerre de libération » conclut-t-il.

 

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