Par Djeha
Dix jours de violences sur l’île de Mayotte. Des affrontements toujours plus violents laissent les autorités françaises impuissantes. Des violences ont redoublé dans ce département, en proie à une insécurité permanente. Des conflits inter-quartiers qui se sont intensifiés après un meurtre, le 12 novembre.
« Des maisons ont été incendiées, des personnes ont été agressées et certaines amputées à la machette », selon Estelle Youssouffa, députée sans étiquette de Mayotte. (Franceinfo, le mardi 22/11/2022).
Pour elle, l’explosion de violences était « un drame annoncé ». « On a l’impression d’être abandonnés par les autorités, parce que ça fait des années que Mayotte appelle à l’aide. Est-ce qu’on est des Français comme les autres ? Des familles entières quittent l’île, les investisseurs, les fonctionnaires. On est en train de tuer Mayotte dans l’indifférence générale. »
Des chiffres parlent plus que les mots.
Mayotte : île de 250 000 habitants
Taux de chômage à Mayotte : 30%
France : 8%
Et que fait le gouvernement français ?
Au lieu d’investir dans l’économie de l’île, augmenter le nombre d’écoles et de professeurs, de médecins et d’infirmiers. Au lieu des prendre des décisions d’Etat responsable.
Le gouvernement français envoie les policiers du Raid pour rétablir l’ordre.
Comme naguère, la « pacification » coloniale.
Au lieu de s’occuper de la sécurité sanitaire, il ne se préoccupe que des effets désastreux d’une mauvaise politique.
En métropole, il conduit la même politique seulement occupé de répondre aux instances européennes et aux injonctions du FMI qui ne considèrent que les questions de la dette, du déficit budgétaire et de la réduction des prélèvements obligatoires, conséquences d’une mauvaise gestion, d’un retrait de la puissance publique, d’une générosité stérile à l’égard du capital qui n’investit pas les sommes considérables qui lui sont accordées pour qu’il le fasse, qu’il ne recrute pas de chômeurs, qu’il ne forme qu’avec les subventions que lui consent la collectivité.
Mais ne veut à aucun prix qu’on augmente ses impôts.
Le nombre de pauvres augmente, des travailleurs habitent dans leurs voitures… et les milliardaires prolifères.
En France aussi il y a un déficit criant de professeurs, de médecins, d’emplois stables et rémunérateurs, de services publics équitablement répartis sur le territoire.
Et ce système s’étend partout en Europe où dans certains pays (y compris aux Etats-Unis) l’espérance de vie diminue et quand il y a des médicaments ou des équipements médicaux en période de pandémie, c’est aux Chinois (encore à ce jour) ou aux Indiens qu’ils s’adressent.
A quoi d’autre servirait la notion de citoyenneté ? A quoi servirait de s’égosiller à chanter la Marseillaise, d’oublier la fraternité et l’égalité et entretenir les benêts sur la mythologie de la « pureté de leur sang » ?
A la sécurité sociale, E. Macron préfère la sécurité policière qui ne règlera, ni en France ni à Mayotte, aucun des problèmes posés.
Les médias français ont abandonné le dossier aux « forces de l’ordre ». Les « Grands Reporters » qui se bousculent sur les plateaux de TV-réalité préfèrent ne pas quitter les rivages du Dniepr et la chaleur des couloirs de l’administration présidentielle à Kiev, pendant que le reste de l’Ukraine grelotte, manque d’eau, d’éclairage et de nourriture.
Une exception cependant, à ma connaissance.
Paris Match, ordinairement spécialisé dans le vaudeville et les chiens écrasés, il lui arrive des sorties de routes non contrôlées.
Il a mis Mayotte à sa « Une » de son numéro de ce mois de décembre.
Un chef d’œuvre archéologique de néocolonialisme.
A feuilleter avec les pincettes habituelles sur le nez.