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L’Emir Abdelkader, précurseur de la codification du droit humanitaire moderne

L’Emir Abdelkader, plusieurs années avant la codification du droit international humanitaire, avait déjà établi un droit pour les prisonniers de guerre et exigé qu’un traitement humain leur soit réservé, sans distinction de religion ou de nationalité, a indiqué mercredi à l’APS Zouhor Assia Boutaleb, de la Fondation Emir Abdelkader.

« Avant même la fondation du mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l’Emir Abdelkader avait déjà établi que tout soldat hors état de combattre, qu’il soit prisonnier ou blessé, doit être épargné, soigné et protégé sans discrimination », a précisé Mme Boutaleb, à l’occasion de la commémoration du décès de l’Emir Abdelkader (26 mai 1883).L’Emir Abdelkader, qui a combattu le colonisateur français pendant 17 ans (à partir de 1832) alors qu’il était un jeune homme, a ainsi devancé Henry Dunant lequel, quelques années plus tard, a fondé la Croix-Rouge et le droit humanitaire international moderne.

 

Mme Boutaleb a relevé que c’est l’Emir Abdelkader « qui avait pris l’initiative de rédiger un règlement dans lequel il imposa à ses soldats le respect absolu des prisonniers français, et ceci bien avant les conventions modernes qui datent de 1949″.

Elle a rappelé, en outre, l’action humanitaire de l’Emir Abdelkader, alors même qu’il n’avait plus aucune responsabilité officielle et qu’il vivait en exil à Damas (Syrie), il n’a pas hésité à accueillir et défendre quelque 13.000 chrétiens, voués à une extermination certaine, lors des événements de Damas survenus en 1860. »L’action de l’Emir, qui a ainsi usé de ses compétences militaires, diplomatiques et politiques pour protéger ces chrétiens, a été saluée par nombre de dirigeants de pays et de souverains de l’époque, dont la France, l’Angleterre et la Russie », a-t-elle rappelé, ajoutant que l’Emir Abdelkader « n’était nullement contre les autres religions mais contre le colonialisme et la violation d’une terre libre ».

Son humanisme et sa stratégie militaire ont été reconnus également aux Etats-Unis d’Amérique notamment dans la petite ville américaine qui l’honore depuis 1846, El-Kader (dans l’Iowa), a-t-elle ajouté, citant, à cet égard, la presse américaine du 19e siècle, pour qui l’Emir représentait « la grandeur d’âme qui, l’épée à la main durant 17 ans, repoussait la force coloniale française ».

Sur un autre plan, Mme Boutaleb a qualifié l’Emir Abdelkader de « fin stratège, qui a pu établir une armée moderne et régulière, avec des salaires et des grades fixes », ajoutant qu’il a pu établir aussi, malgré les circonstances, un « Etat algérien avec une monnaie algérienne, libéré de toute subordination à un souverain ou dirigeant militaire ».

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