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Les réseaux criminels de blanchiment d’argent entre le Maroc, Espagne, Belgique et Pays-Bas

Les médias belges l'Echo et RTBF, viennent de mettre à nu via une enquête d'investigation les schémas de blanchiment d'argent des réseaux criminels en activité au Maroc, Espagne, Belgique et Pays-Bas

Les médias belges l’Echo et RTBF, viennent de mettre à nu via une enquête d’investigation les schémas de blanchiment d’argent des réseaux criminels en activité au Maroc, Espagne, Belgique et Pays-Bas

Les médias belges l’Echo et RTBF, viennent de mettre à nu via une enquête d’investigation les schémas de blanchiment d’argent des réseaux criminels marocains en activité en Espagne, Belgique et Pays-Bas

Pour les deux médias belges, il s’agit bel et bien d’un corollaire du développement du trafic de stupéfiants et d’autres formes de criminalité comme l’escroquerie en ligne ou la fraude fiscale grave, et le blanchiment de l’argent sale . Ce dernier est en plein boom en Europe et spécialement en Belgique. Le dernier rapport de la Cellule de traitement des informations financières CTIF, publié ce vendredi 14 juin, le dénote une nouvelle fois, alors que le montant des transferts de fonds suspects communiqués à la justice est en hausse exponentielle.

Des transactions douteuses estimées à 2,4 milliards d’euros

Pour la CTIF, le nombre de nouveaux dossiers ouverts , véritable cœur du réacteur anti-blanchiment belge, ne cesse de grimper pour atteindre un niveau sans précédent. En 2023, plus de 63.700 nouveaux dossiers ont été ouverts, soit 50% de plus qu’en 2022 et douze fois plus qu’il y a dix ans. De la même manière, le montant total des transactions suspectes en Belgique a explosé en un an, augmentant de 50% pour atteindre 2,4 milliards d’euros.

L’année 2023 a été marquée par le rôle central des « blanchisseurs professionnels » et des sociétés écrans dans les circuits de blanchiment, relève la Ctif dans son rapport périodique. « Un nombre croissant de dossiers impliquent des sociétés coquilles vides et des individus qui, en échange d’une commission sur leurs « services de blanchiment », usent de leur expertise et de leurs infrastructures pour donner aux activités des criminels une apparence de légitimité, tout en permettant à ces derniers de rester dans l’ombre« , note Philippe De Koster, le président de l’institution.

Des entreprises rachetées par les barons de la criminalité

« Depuis la crise du Covid, nous constatons l’existence d’un pic de blanchiment« , observe ainsi le commissaire divisionnaire Philippe Noppe, qui dirige l’Office central de lutte contre la délinquance économique et financière organisée (OCDEFO). « Beaucoup d’entreprises ont fermé leurs portes durant cette période et ont été rachetées par le milieu criminel dans le but de blanchir l’argent principalement issu de la revente de stupéfiants. On parle de restaurants, de night shops, de salons de coiffure« , pointe le commissaire.

Ainsi, l’un des schémas de blanchiment les plus connus consiste à utiliser des couvertures officielles, telles que des commerces où l’on paye beaucoup en liquide afin de pouvoir, via des fausses factures, faire revenir l’argent cash issu de la vente de stupéfiants vers l’économie réelle.

Le criminel s’adapte, mais son objectif reste le même : avoir une belle voiture et une belle montre

Sur le terrain, les autorités belges affirment que les saisies d’avoirs criminels sont en forte hausse. Le fruit, selon elles, d’une tendance criminelle à long terme et d’une nouvelle vision et stratégie globales enclenchés par la Police Judiciaire Fédérale (PJF) depuis plusieurs années. Implantée dans tout le pays en 2022 et nommée « Follow the money », cette stratégie a pour principe de renforcer l’expertise des policiers « eco-fin » et de privilégier les enquêtes dans lesquelles il y a des avoirs à saisir.

 » Depuis que l’homme est homme, hormis le crime de sang et le crime politique, toute personne qui bascule dans la criminalité le fait pour s’enrichir« , récapitule Benoit Wolter, conseiller spécial du directeur général de la Police Judiciaire Fédérale. « L’approche ‘follow the money’ se consacre donc à cela, soit 95 à 96% de la criminalité. Aujourd’hui, c’est principalement le trafic de stupéfiants, qui dit que demain ce ne sera pas le trafic de déchets, voire malheureusement d’êtres humains ? Le criminel s’adapte, mais son objectif reste le même : avoir une belle voiture et une belle montre. Partant de là, notre approche concerne la fraude fiscale, la fraude sociale, la corruption et, évidemment, le plus important en termes monétaires : le blanchiment d’argent.« 

Concrètement, la stratégie  » Follow the money  » repose sur trois axes : le renforcement de l’expertise des policiers fédéraux d’une part, l’intervention, dès le début des grosses enquêtes, d’une équipe de policiers spécialisés, chargés uniquement de tracer et saisir le patrimoine des trafiquants; et enfin, après condamnation des criminels, le recouvrement des avoirs même s’ils sont cachés au bout du monde.

« Le blanchiment de capitaux répond à deux logiques « , indique Michaël Dantinne, criminologue à l’ULiège. « Primo : les criminels veulent jouir, comme ils l’entendent, des capitaux produits par leurs activités. Ils prennent des risques judiciaires, mais aussi parfois physiques, et ils le font pour le profit. Secundo : le processus de blanchiment doit servir de protection, en coupant les liens entre les activités criminelles et le bénéfice qui en ressort.« 

« Aujourd’hui, nous suivons mieux les entreprises qu’auparavant« , note le policier fédéral Philippe Noppe. Et de poursuivre  » Je le dis à mes enquêteurs : nous n’avons plus le luxe de consacrer quatre ou cinq ans à une seule enquête, il faut aller plus vite ». « Nous parvenons à travailler sur des enquêtes récentes et nous parvenons à saisir des dizaines de millions d’euros chaque année, en cash, en immeubles, en voitures, en or, en diamants, en cryptomonnaies ou en actions d’entreprises. Cela fait mal aux organisations criminelles et nous sommes clairement montés en puissance« 

L’un des dossiers judiciaires en cours de l’OCDEFO est, à cet égard, particulièrement emblématique pour les autorités et la CTIF. L’Echo et la RTBF ont pu obtenir les lignes principales du schéma de blanchiment suspecté.

Pour les deux médias belges, il s’agit bel et bien d’un corollaire du développement du trafic de stupéfiants et d’autres formes de criminalité comme l’escroquerie en ligne ou la fraude fiscale grave, et le blanchiment de l’argent sale . Ce dernier est en plein boom en Europe et spécialement en Belgique. Le dernier rapport de la Cellule de traitement des informations financières CTIF, publié ce vendredi 14 juin, le dénote une nouvelle fois, alors que le montant des transferts de fonds suspects communiqués à la justice est en hausse exponentielle.

Des transactions douteuses estimées à 2,4 milliards d’euros

Pour la CTIF, le nombre de nouveaux dossiers ouverts , véritable cœur du réacteur anti-blanchiment belge, ne cesse de grimper pour atteindre un niveau sans précédent. En 2023, plus de 63.700 nouveaux dossiers ont été ouverts, soit 50% de plus qu’en 2022 et douze fois plus qu’il y a dix ans. De la même manière, le montant total des transactions suspectes en Belgique a explosé en un an, augmentant de 50% pour atteindre 2,4 milliards d’euros.

L’année 2023 a été marquée par le rôle central des « blanchisseurs professionnels » et des sociétés écrans dans les circuits de blanchiment, relève la Ctif dans son rapport périodique. « Un nombre croissant de dossiers impliquent des sociétés coquilles vides et des individus qui, en échange d’une commission sur leurs « services de blanchiment », usent de leur expertise et de leurs infrastructures pour donner aux activités des criminels une apparence de légitimité, tout en permettant à ces derniers de rester dans l’ombre« , note Philippe De Koster, le président de l’institution.

Des entreprises rachetées par les barons de la criminalité

« Depuis la crise du Covid, nous constatons l’existence d’un pic de blanchiment« , observe ainsi le commissaire divisionnaire Philippe Noppe, qui dirige l’Office central de lutte contre la délinquance économique et financière organisée (OCDEFO). « Beaucoup d’entreprises ont fermé leurs portes durant cette période et ont été rachetées par le milieu criminel dans le but de blanchir l’argent principalement issu de la revente de stupéfiants. On parle de restaurants, de night shops, de salons de coiffure« , pointe le commissaire.

Ainsi, l’un des schémas de blanchiment les plus connus consiste à utiliser des couvertures officielles, telles que des commerces où l’on paye beaucoup en liquide afin de pouvoir, via des fausses factures, faire revenir l’argent cash issu de la vente de stupéfiants vers l’économie réelle.

Le criminel s’adapte, mais son objectif reste le même : avoir une belle voiture et une belle montre

Sur le terrain, les autorités belges affirment que les saisies d’avoirs criminels sont en forte hausse. Le fruit, selon elles, d’une tendance criminelle à long terme et d’une nouvelle vision et stratégie globales enclenchés par la Police Judiciaire Fédérale (PJF) depuis plusieurs années. Implantée dans tout le pays en 2022 et nommée « Follow the money », cette stratégie a pour principe de renforcer l’expertise des policiers « eco-fin » et de privilégier les enquêtes dans lesquelles il y a des avoirs à saisir.

 » Depuis que l’homme est homme, hormis le crime de sang et le crime politique, toute personne qui bascule dans la criminalité le fait pour s’enrichir« , récapitule Benoit Wolter, conseiller spécial du directeur général de la Police Judiciaire Fédérale. « L’approche ‘follow the money’ se consacre donc à cela, soit 95 à 96% de la criminalité. Aujourd’hui, c’est principalement le trafic de stupéfiants, qui dit que demain ce ne sera pas le trafic de déchets, voire malheureusement d’êtres humains ? Le criminel s’adapte, mais son objectif reste le même : avoir une belle voiture et une belle montre. Partant de là, notre approche concerne la fraude fiscale, la fraude sociale, la corruption et, évidemment, le plus important en termes monétaires : le blanchiment d’argent.« 

Concrètement, la stratégie  » Follow the money  » repose sur trois axes : le renforcement de l’expertise des policiers fédéraux d’une part, l’intervention, dès le début des grosses enquêtes, d’une équipe de policiers spécialisés, chargés uniquement de tracer et saisir le patrimoine des trafiquants; et enfin, après condamnation des criminels, le recouvrement des avoirs même s’ils sont cachés au bout du monde.

« Le blanchiment de capitaux répond à deux logiques « , indique Michaël Dantinne, criminologue à l’ULiège. « Primo : les criminels veulent jouir, comme ils l’entendent, des capitaux produits par leurs activités. Ils prennent des risques judiciaires, mais aussi parfois physiques, et ils le font pour le profit. Secundo : le processus de blanchiment doit servir de protection, en coupant les liens entre les activités criminelles et le bénéfice qui en ressort.« 

« Aujourd’hui, nous suivons mieux les entreprises qu’auparavant« , note le policier fédéral Philippe Noppe. Et de poursuivre  » Je le dis à mes enquêteurs : nous n’avons plus le luxe de consacrer quatre ou cinq ans à une seule enquête, il faut aller plus vite ». « Nous parvenons à travailler sur des enquêtes récentes et nous parvenons à saisir des dizaines de millions d’euros chaque année, en cash, en immeubles, en voitures, en or, en diamants, en cryptomonnaies ou en actions d’entreprises. Cela fait mal aux organisations criminelles et nous sommes clairement montés en puissance« 

L’un des dossiers judiciaires en cours de l’OCDEFO est, à cet égard, particulièrement emblématique pour les autorités et la CTIF. L’Echo et la RTBF ont pu obtenir les lignes principales du schéma de blanchiment suspecté.

Placé à l’instruction et traité par le parquet fédéral, ce nouveau dossier a fait l’objet de plusieurs interpellations et placements sous mandat d’arrêt. Il s’agit d’une affaire récente dans laquelle plusieurs personnes sont soupçonnées d’avoir organisé un système audacieux de blanchiment entre trois pays, la Belgique, l’Espagne et le Maroc, pour un profit de plusieurs dizaines de millions d’euros, précisent des sources proches du dossier. Plusieurs inculpations ont déjà été réalisées. Le principe, si tant est que les enquêteurs parviennent à le mettre au jour, est celui d’un grand cycle de l’argent sale.

Cette technique, utilisée par des réseaux spécialisés, est l’une des figures marquantes des tendances du blanchiment d’argent en Belgique. « Les schémas mis en place par ces « professionnels du blanchiment » reposent sur une constellation de sociétés et de comptes bancaires ainsi qu’un très grand nombre d’hommes de paille et de mules, tant en Belgique qu’à l’étranger, permettant ainsi, à chaque étape, d’opacifier les chaînes de blanchiment« , observe le président de la CTIF, Philippe De Koster, en préambule du rapport 2023 de son organisation. Il présente ce phénomène comme un « risque majeur » pour le pays. Et un chantier pour la prochaine législature.

Lire: #Investigation : pourquoi tant de fusillades liées au trafic de drogues ?

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