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L’expérience de Milgram illustre l’envergure de la vigueur de l’obéissance à l’autorité (II)

Par Khider Mesloub

« Qui aime bien châtie bien ». « Si je te fais mal, c’est pour ton bien », ou bien « Tu me remercieras plus tard ». (Tel est le discours dominant des gouvernants : les confinements, les couvre-feux, les restrictions des libertés, la fermeture des magasins et restaurants, des établissements culturels, sportifs, touristiques, la vaccination obligatoire, subis deux années durant, c’est pour le bien de la population, serinaient-ils, même si la population était majoritairement précipitée dans la détresse psychologique, la déchéance physique et la rumination suicidaire, la paupérisation absolue).

Voici l’exemple de maximes d’une grande humanité que tout enfant s’entend marteler par ses parents, ses professeurs et autres autorités de substitution (gouvernants). « Qui aime bien châtie bien », se plaît à répéter le parent à sa progéniture (les dirigeants à leur peuple). Alors que la réalité humaine nous prouve que : celui qui aime ne châtie pas. Avec de telles « normes éducatives », et la souffrance et la torture font alors partie intégrante de leur conception de la vie, principes normatifs assimilés au Bien. À leurs yeux, châtier et supporter les châtiments constituent un mode de fonctionnement normatif psychologique et éducatif de l’homme élevé avec de telles normes éducatives. Dès lors, la frontière entre le Bien et le Mal est parasitée par des conceptions totalement erronées (comme avec la gestion calamiteuse de la crise sanitaire émaillée d’injonctions contradictoires édictées par le gouvernement Macron : « Ne portez pas de masque/Portez un masque! Les enfants ne sont pas contaminants/Les contaminations explosent, on ferme les écoles! Cas contact : restez chez vous/Cas contact : impossible de se faire reconnaître comme tel par l’employeur! Faites-vous vacciner/Il n’y a pas de vaccin! On ne confinera plus jamais/On reconfine, etc. »).

 La perception du Bien et du Mal est faussée (dans le cas de la crise sanitaire, la confusion entre la vérité et le mensonge, devenue la règle gouvernementale et médicale, a eu pour dessein d’opacifier la compréhension de la pandémie et de masquer les véritables enjeux économiques sous-jacents, sans oublier les visées politiques et militaires machiavéliques). Éduqués par de telles conceptions éducatives confuses, il ne faut pas s’étonner que ces hommes soient potentiellement capables de se métamorphoser en criminels, en psychopathes. Des serviteurs zélés des pires régimes, des pires dictatures. Ce sont ces mêmes « gens normaux » qui sont capables d’appuyer sur le bouton des décharges électriques, sans discontinuer, sans scrupule ni remord.

De toute évidence, cette obéissance, cette idiotie heureuse, est le corollaire de l’autorité. Sans autorité instituée et contraignante, point d’obéissance (comme l’expérience covidatoire despotique l’avait prouvé, avec la soumission de la population à l’autorité gouvernementale et scientifique, orchestrée lors du PLANdémie de COVID).

Sans apprentissage précoce et intériorisation de la soumission à l’autorité, point d’obéissance. Par son obéissance, l’homme signe sa soumission, et reconnaît à l’autre le droit d’exercer son autorité (comme la situation de la crise sanitaire l’avait démontré : le peuple, par son obéissance et sa soumission, avait octroyé aux gouvernants un blanc-seing d’autoritarisme. Autoritarisme devenu viral, puisqu’il est dorénavant pandémique : tous les États ont contracté complaisamment le virus du despotisme, qu’ils ne semblent pas pressés d’endiguer tant il les a guéris de la contestation populaire et de la révolte sociale, anéanties à force de restrictions politiques et de répressions policières. Le Covid-19 aura été le meilleur allié des classes dirigeantes).

On récompense l’obéissance au degré élevée de sa soumission à l’autorité. Plus l’obéissance est obséquieuse, plus la servitude est récompensée (tout un chacun pouvait le constater lors du PLANdémie de COVID).

L’homme n’a rien à apprendre du chien en matière d’obéissance à son maître. Au reste, depuis que le chien est devenu l’ami de l’homme, il a perdu sa liberté. Il a contracté le virus de l’obéissance, inhérent à l’espèce humaine. Depuis sa domestication par l’homme, le chien a développé un « instinct humain d’obéissance » remarquable par sa longévité. Et il n’est pas près de s’en défaire, à l’image de son « maître », l’homme qui porte l’obéissance comme une seconde peau sur son corps décharné d’humanité mais vérolée d’indignité.

Excepté dans les contextes extrêmes de guerre, de colonialisme, d’esclavage, de prise d’otage, l’obéissance s’exécute librement, elle s’offre en toute quiétude à l’autorité (comme nous l’avions vécu concrètement avec la servitude volontaire adoptée par l’ensemble des populations mondiales à la suite des mesures de confinement et de restrictions des libertés décrétées par les gouvernements). Dès lors, ce n’est pas l’autorité qu’il faut incriminer, mais l’obéissance qu’il faut fustiger, condamner.

Pas d’autorité sans obéissance. Éliminer l’obéissance et aussitôt s’effondre l’autorité, s’éteint la gouvernance despotique. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », disait Étienne de La Boétie. Et il concluait : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »

En vérité, il est plus difficile de venir à bout de l’obéissance que de l’autorité. L’obéissance est un cancer qui gangrène la société « démocratique », qui a érigé la tolérance en vertu cardinale. Or, seule l’intolérance est salvatrice, porteuse d’humanité. La démocratie bourgeoise souffre de « tolériété » aigüe. Elle tolère complaisamment toutes les injustices, les pathologies sociales, les inégalités, au nom du respect de la différence, de l’altérité. Il faut renouer avec la salutaire intolérance pour nous guérir de notre soumission sociale, démission politique, abdication morale. Il faut être intolérant contre toutes les injustices, les pathologies sociales, les gouvernances despotiques. Notre société ne souffre pas d’intolérance, mais de trop de tolérance. Par lâcheté et pusillanimité, on a érigé la tolérance en dogme, au grand bénéfice des classes possédantes qui jouissent de notre tolérance de l’injustice sociale, de l’exploitation, de l’oppression.

L’apprentissage de l’obéissance s’enseigne principalement au sein de l’Éducation nationale. À cet égard, les circulaires de l’éducation nationale sont explicites. Ces écoles-casernes se chargent d’inculquer la discipline. Le conditionnement des esprits s’exerce durant au moins une quinzaine d’années pour fabriquer des adultes diplômés es Obéissances. Des adultes prêts à s’engager sous l’autorité d’un patron, d’un haut gradé pour servir dans l’armée, sévir sous toute autorité, institution despotique. Prêts à appuyer sur le bouton des décharges électriques.

De même, le sport, notamment d’équipe, est une autre école de cette violence exercée contre la liberté d’agir et de penser. L’école du sport (qu’il faut différencier du sport pratiqué par plaisir individuellement) se charge également d’enseigner la discipline, l’obéissance, notamment dans les clubs. Il n’est donc pas surprenant que l’école et le sport le plus populaire, le football, soient devenus des terrains d’exercice des pires violences. Pas surprenant que la société capitaliste fondée sur l’obéissance à l’autorité (et la tolérance… des injustices sociales, de l’oppression et de l’exploitation) ait fait de l’école et du football les lieux privilégiés du conditionnement social, de l’embrigadement idéologique.

De surcroît, Il ne faut pas oublier le rôle de la télévision et du cinéma. En effet, ces deux sphères médiatiques et filmiques diffusent quotidiennement des émissions et des films où toutes les violences gratuites sont ainsi légitimées. Ces deux institutions idéologiques participent à la banalisation de la violence, à la tolérance des déviances, à la normalisation des comportements antisociaux, par la diffusion de programmes et de films valorisant la violence et l’anomie.

On entend souvent dire que « les prisons sont la meilleure école pour fabriquer des bandits, des psychopathes, des malades mentaux ». Mais, c’est notre société capitaliste contemporaine moderne qui est, à la fois, la meilleure école et la pire prison pour fabriquer ces spécimens, ces énergumènes, à l’échelle industrielle, politique. Ces bandits et malades mentaux, devenus la norme, capables d’appuyer sans scrupule sur le bouton de décharges électriques sans interruption. De déclencher une guerre. De commettre un génocide. D’extorquer la plus-value aux travailleurs.

La bourgeoisie est la meilleure école du crime ! Les jeunes voyous structurent (construisent) leur personnalité sur ces modèles identificatoires bourgeois criminels, dont l’enrichissement personnel indécent repose sur la rapine, désignée sous les termes génériques euphémistiques : affaires, business, commerce, spéculation.

Par l’intériorisation de la maxime hautement éducative « Qui aime bien châtie bien » (« je te fais du mal pour te faire du bien »), la souffrance individuelle intégrée comme une bienfaisante action publique, il n’est pas surprenant que le docile et obéissant enfant se mue à l’âge adulte en potentiel tortionnaire, que la majorité de ces adultes figure parmi les quatre-vingts pour cent des cobayes disposés à appuyer sans scrupule sur le bouton des décharges électriques, avec une joie carnassière et une férocité jubilatoire.

L’expérience scientifique Milgram s’est déroulée dans une situation normale, au sein d’un laboratoire, avec des personnes innocentes. Qu’adviendrait-il dans un contexte de bellicosité réelle ? Assurément, la férocité de ces personnes se déploierait et se déchaînerait avec une plus sanglante cruauté.

Cette expérience scientifique dévoile la nature pathologique de la majorité des hommes et femmes de notre société capitaliste pathogène et belligène. La férocité dont ils sont capables révèle des personnalités psychopathiques. Ces caractéristiques pathologiques ne sont pas la conséquence de facteurs exogènes, mais la traduction du fonctionnement même de leur « normalité ». Aussi longtemps que l’autorité et l’obéissance constituent des vertus sociales cardinales, tolérées avec abnégation, la société fonctionnera comme une jungle composée d’animaux bipèdes régis par le seul instinct de domination et de meurtre. La vie n’a aucune valeur.

Dans le rapport analysant l’expérience scientifique, il est indiqué que « mieux le sujet était intégré à la société, plus il était susceptible d’obéir à l’ordre de torturer » (c’est la situation des populations des pays riches farcies d’obéissance). Ce constat est alarmant. Cela révèle que quatre-vingts pour cent de gens socialement intégrés, dits « civilisés », sont disposés à torturer, à maltraiter, à massacrer des personnes en cas de nécessité. N’est-ce pas au cœur de l’Europe civilisée que se déroulèrent les deux barbares guerres mondiales qui décimèrent respectivement 20 et 60 millions d’individus ? Que fleurirent les pires totalitarismes : fascisme, nazisme, stalinisme, racisme, colonialisme, apartheid : poisons made in Europe ?

Par exemple, sévir comme mercenaires au service du terrorisme d’État, des bandes criminelles religieuses islamistes ou mafieuses, des milices ethniques irrédentistes. Que l’on ne s’étonne pas des récurrents massacres collectifs perpétrés par des jeunes psychopathes au sein des établissements scolaires, notamment aux États-Unis. Des jeunes psychopathes islamistes disposés à se faire exploser au milieu d’une foule. À foncer au volant d’un camion sur des piétons, à poignarder des innocents.

Au reste, si quatre-vingts pour cent acceptent joyeusement d’exécuter des ordres inhumains, cela laisse une grande marge de manœuvre à l’État pour puiser une masse moutonnière brute disposée à remplir les basses besognes criminelles et meurtrières en vue de perpétuer son ordre établi.

J’ai toujours pensé que le fascisme se love dans le giron de la démocratie bourgeoise, dans les entrailles du capital. Le fascisme est le frère siamois de la démocratie bourgeoise. Ce sont les deux revers de la même médaille capitaliste. Comme l’époque actuelle l’illustre, avec la métamorphose de la démocratie en dictature, sans coup d’État militaire ni révolution fasciste. Cela dévoile également le caractère illusoire de la démocratie bourgeoise. En effet, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital (caractérisée par une totale obéissance à l’autorité). Dans l’histoire, démocratie et dictature, deux modes de régulation politique au sein du même système de production capitaliste, se succèdent alternativement au sein du même État, au gré des conjonctures économiques et sociales mais, surtout, de l’assoupissement ou de l’exacerbation de la lutte des classes.

Dans l’expérience scientifique, il demeure vingt pour cent qui n’ont pas exécuté les ordres. Selon le compte rendu du rapport : « les insoumis, c’étaient plutôt les marginaux, des individus mal intégrés ».

Le salut de l’humanité viendrait-il de sa marge, et en marge de l’ordre existant, les prolétaires hors système ? Salut porté par cette frange pourvue encore d’humanité, d’esprit d’intolérance aux injustices et à toutes les formes d’oppression ; réfractaire à toute obéissance, révoltée contre toute autorité, éprise de principes de liberté et d’égalité, attachée à la fraternité ?

Une frange de l’humanité prête à appuyer, non pas sur le bouton des décharges électriques, œuvre d’âmes viles et personnalités serviles, mais sur le commutateur de l’Histoire, pour couper, par l’action collective révolutionnaire émancipatrice, le courant d’alimentation du système tortionnaire et génocidaire capitaliste.

Lire: L’expérience de Milgram illustre l’envergure de la vigueur de l’obéissance à l’autorité (I)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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