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Prix littéraires d’automne en France . L’improbable sauvetage du soldat Khadra et de ses « Vertueux » ?

Par Abdellali Merdaci

 Les principaux prix littéraires français, notamment le plus prestigieux d’entre eux, le Goncourt, ont publié début septembre leurs premières sélections d’ouvrages pour le millésime 2022. Yasmina Khadra, qui a savamment orchestré la sortie de son roman « Les Vertueux » (Paris-Alger, Mialet-Barrault, Casbah Éditions) n’y figure pas. Encore moins Kaouther Adimi dont le dernier opus (« Au vent mauvais », Paris, Seuil) ne représente qu’un très mince espoir de récompense littéraire.

Khadra et l’inépuisable comédie des prix littéraires français

Au grand dam, de M. François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie, il n’y aura pas à Paris d’écrivains algériens, précisons Algériens assimilés français par la France littéraire, aux consécrations littéraires automnales, résolument franco-françaises. M. Gouyette a payé de sa personne pour pousser Yasmina Khadra, prenant une part non négligeable à la promotion de son roman « Les Vertueux », posant avec lui dans le « Jardin d’Hiver » de sa résidence algéroise. Cette diplomatie littéraire inédite fut-elle douteuse ? MM. Yasmina Khadra et François Gouyette, biberonné aux us et coutumes du Quai d’Orsay, ont parlé de « francophonie littéraire », un des axes de la pénétration culturelle de la France dans le monde. Auteur aux tirages millionnaires, traduit dans plus de cinquante langues, dont le cingalais et le tamoul du Sri Lanka, le bachagha des Lettres de Kenadsa, contribue à la propagation et à l’influence de la culture littéraire française dans le monde et peut – à bon droit – en recueillir les retombées.

Dévoilons le fumet d’arrière-cour peu ragoûtant dans cet affairement politico-littéraire exclusivement français, qui ne concerne pas directement l’Algérie. L’écrivain Yasmina Khadra appartient pleinement à la périphérie « algérienne » de la littérature française dans laquelle il a construit de repères durables. N’a-t-il pas donné suffisamment de gages à ses protecteurs français, plus spécialement dans le champ politique ? En matière de diplomatie culturelle française, il en connaît un rayon. Lors d’un récent séjour à Djeddah (Arabie saoudite), sous la férule du consul général de la France dans cette ville-phare du royaume des Selmane, il a rencontré discrètement des Saoudiennes à la demande du consul général, brigandage diligemment sanctionné dans cette démocratie en gésine par le garrot du bourreau. Certes, les « services » français ont été, en la circonstance, si vigilants pour tromper les polices secrètes de M. Mohamed Ben Selmane et leur faire un enfant dans le dos. Dans cette diplomatie de l’ombre, chacun aura trouvé son compte, le consul général étrennant sa victoire à Paris, les Dames de Djeddah rencontrant une bête mondiale de tirages littéraires, et Yasmina Khadra, en intrigant supplétif de la France culturelle.

Cet engagement généreux du prépondérant de Kenadsa, soutenant la France et ses frasques d’Orient, ne vaut-il pas le Goncourt pour « Les Vertueux » ? Pour service rendu, bien entendu. Mais, les Français sont méchants et ingrats, spécialement les membres des jurys littéraires, qui n’ont aucune considération pour « l’œuvre française » de leur ambassadeur à Alger ni pour ses conciliabules secrets avec Yasmina Khadra en faveur d’une « francophonie littéraire », bien chancelante à Tunis en 2021, qu’Alger n’éveillera pas. Et, aussi, pour leur président Emmanuel Macron qui a renoué triomphalement, cet été, avec l’Algérie et son « pouvoir politico-militaire » bouffeur de « rente mémorielle », sur fond de guerre européenne entre Russes et Ukrainiens et rareté du gaz. Et, même, se félicite-t-on à Paris, il a renversé « les aigreurs d’Alger ».

En cet automne de prix littéraires, le contexte était favorable. Et, le bachagha, grand ami de la France, chevalier de la Légion d’honneur, pouvait pressentir un juste retour d’ascenseur. Or, en guise de distributions de hochets littéraires, Yasmina Khadra, qui portait les espoirs de la périphérie « algérienne » de la littérature française, fera maigre cette année malgré un roman volumineux, où il aura jeté hargne et détermination. Brûlante déception. Va-t-il encore, en 2022, ruer dans les brancards et quereller les académies et la critique littéraire parisiennes qui l’ont recalé avec un mépris si manifeste ? Il est établi que les critiques français l’attendent toujours au tournant, quoiqu’il écrive, collectionnant dans chacune de ses œuvres de confondants solécismes. Ce serait injuste de ne pas le reconnaître. Que font, en effet, MM. Jérôme Garcin et Éric Chevillard, gourous de la critique littéraire parisienne ? Ne s’estimeraient-ils pas fondés à reprendre du service devant les prétentions hasardeusement renouvelées de M. Yasmina à une gloire littéraire française jusqu’alors déçue ? Ils savent sans doute ce pari échevelé du bachagha oasien, maintes fois proféré dans la torpeur de libations, de « mettre Alger à ses pieds et Paris dans son lit ». Mazette ! D’où a-t-il pris cette formule bravache, s’il ne se l’est appropriée, repêchée dans une insolite lecture clandestine de jeunesse ?

Le Goncourt : « Courir derrière un âne mort »

Le Prix Goncourt est devenu, au gré des ans, une gratification littéraire de charognards, le déshonneur des Lettres françaises, se prolongeant dans le désaveu des clauses testamentaires d’Edmond de Goncourt. Jacques Brenner (1922-2001), en son temps critique et éditeur, tenant à jour les viles recettes des prix littéraires parisiens, n’a-t-il pas fustigé dans « La Cuisine des prix », Paris, Fayard, 2006 ; journal posthume) les agissements et arrangements entre amis du Prix Goncourt, qui fut consenti aux seuls barons de l’édition germanopratine, Gallimard, Grasset, Seuil, l’incontournable « Galligrasseuil », un monstre de la littérature française ? En 2022, l’ordonnance des prix a-t-elle vraiment changé ? Ne se décident-il pas ordinairement dans des agapes privées de copains et de coquins dans des gargotes étoilées de Paris et de province ? Ce n’est plus la qualité d’une œuvre qui emporte l’adhésion des jurys, mais celle de sauces relevées à l’aïoli. Et, Khadra avait des raisons d’y croire : la table de l’Élysée, dont il pouvait espérer la prodigieuse aide, n’est-elle pas la plus somptueuse de Paris et « Mme Brigitte » n’est-elle pas une maîtresse de cérémonie respectée et écoutée ?

Cuisines, immanquablement. La simple consultation de la liste des membres des jurys des prix littéraires parisiens correspond à un traité de gastronomie et d’œnologie françaises. Bernard Pivot, un temps président de l’Académie Goncourt, n’était-il pas incollable sur le chapitre brumeux des liquoreux ? Et, d’autres comparses, sur la charcuterie et le dépeçage du gibier d’eau. La tradition académique française est sauve, aucun de ses membres ne saurait y déroger : entrer dans un jury, c’est témoigner d’inextinguibles appétits, d’un désir de manger le monde.

Le bachagha oasien recalé au Goncourt et au Renaudot, furieusement désappointé ? Certainement : le voilà lâché par le président « Emmanuel » et « Mme Brigitte », plus encore par la table élyséenne qui ne l’a pas secouru dans ce jeu d’ombres que sont les prix littéraires français. Tout compte fait et refait, que peuvent M. Gouyette, sa carte culinaire exotique agréée par le Quai, ses « gris » de Mascara et ses « Coteaux de Médéa » en couleur locale pour sauver Yasmina Khadra d’un désastre déjà consommé ? Pour vaincre, il lui aurait fallu déplacer le jury du Goncourt à Alger, comme cela s’est fait, en 2015, à Tunis. La « francophonie littéraire » mérite que soit désertée une autre année de plus la carte  austère  du Drouant. Le « Jardin d’Hiver » de Son Excellence Gouyette vaut bien une messe pour un jury littéraire parisien qui n’en est pas à sa dernière concussion.

Le « Jardin d’Hiver » de Son Excellence Gouyette – ici, avec Yasmina Khadra –

                     vaut bien une messe…

Cependant, derrière les choix des jurys, il y a une parenté putative avec les critiques éminents de la scène littéraire germanopratine. Cette année « Muriel » sera quasiment portée par « Jérôme ». En l’absence remarquée du « Cher Connard », qui a fait grand bruit, ce sera un bon départ pour elle. Pour 2022, les jeux sont faits. Et le bachagha n’ignore pas que poursuivre le Goncourt, d’un ouvrage à l’autre dans le crépuscule des ans, c’est, comme on le dit sagement chez nous, en Algérie, « courir derrière un âne mort ».

Un rêve de victoire

Insistons là-dessus : que peut la politique dans la mare des prix littéraires germanopratins ? Rêvons donc pour M. Yasmina. Car, tout est possible dans l’étrange coterie littéraire parisienne. La raison d’État devrait surmonter les inexpugnables obstacles dressés sur le chemin victorieux de Yasmina Khadra et de ses « Vertueux ». M. Emmanuel Macron, et davantage « Mme Brigitte », férue des Lettres et des Arts, qui peut tout, ont l’entière ressource de déplacer les montagnes littéraires germanopratines, de transférer cette année, la signalée année des « Vertueux » et de l’amitié retrouvée avec Alger, le jury du Goncourt à Alger. Le gouvernement de M. Abdelmadjid Tebboune, qui n’entend rien aux truanderies littéraires germanopratines, qui s’en « tape » fichtrement, serait disposé à ouvrir à l’Académie Goncourt les portes du Musée des Beaux-arts, aux collections picturales aussi renommées que celles du Louvre ; et, M. Gouyette lui cédera « par devoir » ses salons en se tortillant derrière les tentures carminées à l’instant fatidique du vote ultime. Exceptionnellement, le Goncourt aura rajouté à sa liste finale du mois d’octobre « Les Vertueux », provoquant la colère rouge de « M. Éric », qui sent le complot cousu de fil blanc contre « Muriel ».

Dans cette péripétie politico-littéraire, M. Macron et « Mme Brigitte » placeront toutes leurs billes. La France n’aura jamais mis autant de gaz dans la tourbe des prix littéraires – même si l’Algérie, son gouvernement et ses lecteurs n’ont aucun intérêt dans le succès littéraire de Khadra. Merci, malgré ce bémol, M. Poutine, continuez sûrement votre affaire en Ukraine. L’« intrigue Khadra » est rondement menée dans les coulisses par Son Excellence François Gouyette, le seul chef de poste français à recevoir les éloges d’un journal algérien en soixante années d’indépendance, qui a tuyauté M. l’ambassadeur d’Alger à Paris afin de refuser, en excluant tout recours, le visa d’entrée en Algérie aux académiciens du Goncourt Tahar Ben Jelloun, supplétif du Makhzen, semeur de haine envers les Algériens et, particulièrement, M. Yasmina ; Pierre Assouline, lobbyiste sioniste, qui ne donne sa voix à un postulant arabe qu’à l’aune de son adhésion au Pacte d’Abraham ; Pascal Bruckner, simplement incurable islamophobe. Tous trois défenseurs de « Muriel ».

Inévitablement, derrière cette folle agitation, Mme Betty Mialet, l’éditrice-fétiche de Yasmina Khadra, aura réservé pour des jurés et des critiques littéraires en vue, entre autres Frédéric Beigbeder, créateur du Prix de Flore, les cuisines faisandées de Paris. Rien de tout cela ne disconvient à l’amoralité connue du Goncourt et de ses académiciens en goguette. Mais si le Goncourt de Khadra n’est qu’une féérie, il y a de fortes chances que le bachagha oasien et ses « Vertueux »  décrochent le Grand Prix du roman de l’Académie française, qui ne se cache plus d’être un prix de rattrapage politique. La « Vieille Dame » corrompue du quai de Conti a définitivement abdiqué sa dignité en attribuant ses suffrages à un cloaque de mots visqueux et illisibles, en 2015, l’année du centenaire de son Grand Prix.

Allons donc, Français encore un effort ! Président « Emmanuel », « Mme Brigitte », Son Excellence « François », « Betty », ne désespérez ni la littérature, même si elle est communément petite relativement à votre auteur, ni la France littéraire qui en est la caution. Rien n’est encore perdu pour Khadra et ses « Vertueux » pour monter au firmament de l’Académie française et de la littérature française ?

L’échec des « Vertueux » et la mort littéraire d’un bachagha des Lettres

Voilà dans quoi est empêtré le bachagha des Lettres de Kenadsa : une trame néocoloniale française, qui l’éloigne de la littérature de son pays où il était Mohamed Mouleshoul. Il a fait, en toute conscience, le choix de la France littéraire et de sa périphérie « algérienne » d’écrivains harkis, qui la servent sans galons. Regardez Boualem Sansal, traumatisé à vie par le Goncourt, pour lequel Israël et le puissant lobby sioniste du champ littéraire, y compris Bernard-Henri Lévy, n’ont pu infléchir les votes des jurés de la ronflante académie. Et Khadra, qui n’en démordait pas, qui croyait que 2022 serait l’année de ses « Vertueux » pour encadrer le chèque symbolique de dix euros du Goncourt. Et engranger, en France même, le boulimique tirage d’un million d’exemplaires. Amertume !

Las ! Aucun écrivain algérien assimilé français de la périphérie « algérienne » de la France littéraire n’a jamais décroché la timbale. Et avant eux, dans les années 1950, Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri (supplanté par Béatrix Beck), Kateb Yacine, Malek Haddad, Assia Djebar, Henri Kréa, Marie-Louise « Taos » Amrouche, dans les années 1960, Mourad Bourboune, Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Rachid Mimouni… Ils n’entraient pas dans les calculs des académies des prix littéraires germanopratins. De 1952 à 2022, en soixante-dix ans, rien n’aura changé.

Yasmina Khadra qui sait qu’il ne remportera jamais le Goncourt par la seule qualité de son travail d’écrivain a pensé mobiliser le concours de l’État français, se tenant à ses côtés et à son service à Paris, Djeddah et Alger. Vainement Les images de son accointance avec la diplomatie française, son consul général à Djeddah et son ambassadeur François Gouyette à Alger, n’auront malheureusement pas appuyé sa candidature aux prix littéraires d’automne à Paris.

Si l’on excepte le cas sordide de Boualem Sansal et ceux – nombreux – d’Algériens devenus français, Anouar Benmalek, Salim Bachi et Kamel Daoud, en tête, qui ne nous intéressent pas, Khadra reste le seul écrivain algérien à s’être compromis avec l’État français pour rehausser une carrière littéraire qui n’a besoin ni du Goncourt ni de coups de pouce politico-diplomatiques. Il fait partie avec le Brésilien Paulo Coelho, l’Américaine Daniele Steele, les Français Marc Lévy et Guillaume Musso d’un rare réseau d’écrivains qui peuvent vendre par le biais de contrats de traductions pharaoniques leurs œuvres dans des dizaines de langues  en millions d’exemplaires, titillant le succès planétaire de l’Anglaise J.K. Rowling et de l’Américain Stephen King.

Le bachagha de la Saoura sait qu’il peut faire circuler à plusieurs millions d’exemplaires l’œuvre la plus inaccomplie, écrite en charabia, alors que d’authentiques créateurs dans le monde n’écouleraient pas plus de mille exemplaires. C’est (presque) le cas pour les matamores de l’Académie Goncourt dans sa composition de 2022, dont l’écrivain le plus vendeur ne dépasserait pas les 10 000 exemplaires et réunis, tous ensemble, s’ils devaient publier un roman la même année, leur total de ventes n’excéderait pas les 50 0000 exemplaires ? Que pèsent-ils devant le basique million d’exemplaires de Khadra, attendu comme un messie dans les librairies du monde, jusqu’à Rawalpindi ?

Grosse fortune de la littérature, Yasmina Khadra est toujours à la recherche de consécrations littéraires germanopratines qui signeraient l’incontestable sacre de l’écrivain, sa reconnaissance par ses pairs, à Paris-même. Dans son cas, le succès de vendeur millionnaire de la littérature globalisée n’a pas effacé la béance d’une identité littéraire inassouvie. À Paris, Yasmina Khadra ne sera jamais un écrivain légitime. Le président « Emmanuel », « Mme Brigitte », Son Excellence « François », « Betty », toutes les mangeailles épicées de « France et de Navarre » ne feront pas bouger d’un iota cette triste vérité. Littérairement, le bachagha des Lettres de Kenadsa est mort. A-t-on idée de faire carrière dans l’Empire mondial des Lettres français, fut-il aujourd’hui déchu, en écrivant « faux comme une casserole » ? Merci « M. Éric » de nous le rappeler.

POST-SCRIPTUM

MINISTRE (1). M. Amine Zaoui, romancier et conférencier sans cachet, a toujours rêvé d’être le grand ministre de la Culture de l’Algérie, l’oiseau rare que l’Algérie et les Algériens, unanimes, appellent de leurs vœux. Il est encore recalé à l’occasion d’un léger toilettage de l’équipe gouvernementale par M. Tebboune, jeudi 8 septembre. Tant pis. Il ne devrait être qu’à moitié déçu puisque, ces dernières années, il a coché toutes les cases du néo-hirak, en en nourrissant les espoirs les plus délirants. Un néo-hirak et son gouvernement de coalition foutraque ramassant rachado-makistes, trotskystes et communistes néo-staliniens, agitateurs de la NED et bobos en costume de lin de Hydra et de la Mouradia, tous accrochés aux chars de l’Otan à Alger, attendus à la saint-glinglin. Pauvre Amine, chaque jour qui passe si loin de son rêve !

MINISTRE (2). Il y a environ quatre-vingts recteurs et présidents de Grandes Écoles en Algérie. Dans cette fine fleur de l’Université, la seule éminence qui dispose d’une plume alerte, rodée à toutes les actualités, qui considère que l’écriture n’est ni une tare ni une honte, a été choisie par le président Tebboune pour l’accompagner dans son programme dédié à l’Enseignement supérieur et à la Recherche scientifique. Cette prime donnée par M. Tebboune à l’expression publique du débat scientifique est salutaire. Toutefois, M. le recteur Kamel Bedari, patiemment en poste à M’sila, analyste prudent et avisé des gazettes, a-t-il les compétences pour mettre l’Université algérienne au travail et, surtout, pour abattre la camarilla de directeurs centraux qui s’est, jusqu’à présent, imposée comme force d’inertie aux ministres du secteur ? Faudrait-il parier que les changements nécessaires dans ce ministère attendront la saint-glinglin ? Pauvre recteur Benziane, qui n’a jamais rien écrit et publié !

 

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