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La prévarication intellectuelle a-t-elle des limites ? Les outrages répétés du professeur Cheniki

Par Abdellali Merdaci

Dans un post sur sa page Face Book, lu tardivement, Cheniki déplore un cloaque d’errements que serait la critique littéraire en Algérie ; il écrit, ainsi, sans nuances, noircissant un funeste tableau : « D’autres, à l’instar des universitaires, professeur de physique au Canada, Ahmed Bensaada et Abdellali Merdaci, professeur de littérature à Constantine s’attaquent violemment à ces écrivains [Boualem Sansal, Kamel Daoud, Yasmina Khadra], évacuant dans leurs interventions la dimension littéraire et privilégiant essentiellement la piste personnelle, en usant d’informations, partielles et partiales, qui restent à vérifier ». Utile notation : Ahmed Bensaada et l’auteur de ces lignes sont les seuls noms carbonisés dans cette charge pro domo – et ce n’est pas la première fois : pour l’exemple et aussi, ce qui est comminatoire, pour la curée, déjà lisible dans les marges de son post

Les bas-fonds de la littérature

Il faut bien préciser le contexte dans lequel le professeur Ahmed Bensaada et moi-même intervenons au moment où, en Algérie, les maîtres de chaire de l’université, ainsi Cheniki, et les manitous des pages littéraires des journaux se taisent sur les déclarations incendiaires de Boualem Sansal, Kamel Daoud, Yasmina Khadra et de bien d’autres. Souvent, ce sont des proférations mensongères et outrées de buzzeurs sur des thèmes attendus en France et en Occident (Islam, islamophobie, Arabe, « sexe arabe », soutien au sionisme mondial, en sus d’un dénigrement systématique de l’Algérie) pour se faire mousser ou pousser les chiffres de vente et de traduction de leurs ouvrages en France, en Occident et dans le monde. Ainsi, il est patent que l’affiliation de Sansal au sionisme mondial a manifestement pour but la consécration du prix Goncourt, appuyée par le lobby sioniste du champ littéraire germanopratin. Quel est donc ce romancier qui tresse – à dessein – des lauriers à un éminent juré de ce prestigieux prix littéraire français et chef de file de ce lobby sioniste, le romancier et biographe Pierre Assouline ? Sansal, bien entendu, dans « Rue Darwin » (2011). Contre ces hurleurs enragés, qui n’en finissent pas de brûler l’Algérie, nous sommes descendus dans l’arène enfumée, recevant des coups et les retournant rudement au nom de notre nation blessée et injuriée.

Ce que je trouve désobligeant, au-delà de l’ego surdimensionné et du narcissisme pathogène d’Ahmed Cheniki, c’est cette tendance pitoyable à s’ériger en donneur de leçon, en maître infatué des savoirs. Entre autres, celle qu’il nous adresse explicitement sur la façon de concevoir les réponses les plus appropriées aux déclarations polémiques d’écrivains, qui relèvent d’un registre de discours différent de celui de l’analyse descriptive et interprétative des textes littéraires, qui appellent d’autres outils opératoires, plus rhétoriques qu’analytiques.

J’ai enseigné et pratiqué pendant plus de trente ans les théories littéraires à l’université. J’ai rédigé au moins une centaine d’études utilisant les méthodes de la sociocritique, de l’histoire littéraire, du comparatisme littéraire, de l’herméneutique et de la sémiotique littéraire, me prêtant même à une formalisation algébrique du « carré magique » dans la lecture de la première mouture du « Fils du pauvre » (1950) de Mouloud Feraoun. Je ne saurais me méprendre sur la « dimension littéraire ». Lecteur dès mon très jeune âge de la littérature universelle, dans le sens que lui donnaient les Allemands Goethe et Herder, grandi dans une famille de lecteurs, j’ai poursuivi une constante recherche de la littérature sans horizons dont je n’ai pas manqué d’interroger la socialité à l’intérieur et hors des frontières du livre et la langue. Souvent, avec mes étudiants, dans d’âpres lectures de la modernité littéraire française, de Michel Butor à Patrick Modiano. Rien dans la littérature ne m’est étranger pour m’empêcher d’en exécrer la chiennaille de ses bas-fonds.

Parler hors du texte littéraire

Au nom de quelle probité intellectuelle et de quel fait irrécusable, le professeur Cheniki m’accuse-t-il présomptueusement d’« évacuer la dimension littéraire », qui s’attacherait potentiellement aux écrivains cités dans ce débat, lorsque mon intention a été constamment de les confronter au réel politique et sociétal, en France – où ils exercent – et en Algérie ? Spécialement dans leurs discours d’écrivains largement rapportés dans les médias dont le caractère polémique est évident. Le professeur ne distingue pas le texte littéraire, objet privilégié des études littéraires, des discours qui sont produits par les auteurs dans ses marges (préface ou postface de l’auteur, entretiens dans les médias, communications diverses, et même autobiographie cinématographique, on l’a vu, récemment, avec Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature 2022).

Voici des exemples de déclarations équivoques des écrivains susnommés auxquelles Ahmed Bensaada et moi avons répondu pour que chacun puisse en juger : au lendemain des événements du Nouvel An 2016, à Cologne, en Allemagne, Kamel Daoud avait accusé des « Arabes » d’avoir violé des femmes blanches, le fait a été par la suite démenti par les tribunaux allemands : dans ce cas, une accusation crapuleuse, sans autre fondement que de salir une race, relève-t-elle de la littérature ? De qui se moque Cheniki ? Boualem Sansal a stigmatisé après l’attentat islamiste de Nice, le 14 juillet 2016, des martyrs et des héros de la Bataille d’Alger (1957), toujours vivants, assimilant leur combat contre le colonialisme français au terrorisme islamiste : où est la « dimension littéraire », chère à Cheniki, dans ce propos offensant ? À moins qu’Ahmed Cheniki considère comme de la littérature tout ce qu’écrit Sansal hors de ses ouvrages. L’attaque en règle de Kamel Daoud contre l’Islam, les Musulmans, les Arabes et le « sexe arabe », fait-elle partie de ses rares écrits littéraires pour recevoir l’onction de la critique littéraire ? Yasmina Khadra, se mettant en Arabie saoudite au service de la diplomatie culturelle française, prenant ses ordres directement auprès du consul général de France dans la capitale du royaume, comme il l’énonce dans un livre d’entretiens (1), c’est encore de la littérature requérant la grosse artillerie de la psychocritique ? Comment répondre à ces nombreux dépassements d’écrivains en service commandé dans les médiaux français et occidentaux dans l’urgence du débat ?

De quelle rigueur intellectuelle se réclame Ahmed Cheniki dans ses mises en cause ? Ce n’est pas après avoir professé et fait de la recherche sur la littérature au plus haut niveau pendant plusieurs décennies que je devrais apprendre de lui, ou d’un quelconque marmiton des lettres, ce qu’est la critique littéraire. J’ai écrit de nombreuses critiques d’ouvrages littéraires et apporté de régulières contributions au débat culturel national. J’ai aussi publié une vingtaine d’ouvrages à côté de dizaines d’interventions écrites et orales dans ma spécialité d’enseignant-chercheur universitaire. Devrais-je m’imposer dans le débat public polémique le corset du discours académique, que dédaigne le professeur annabi dans ses atroces fumisteries de Face Book, où il habille la vérité en culotte de peau ? Comment faire fond d’insupportables mensonges d’écrivains en demeurant dans une distante réserve, lorsque leur controverse nue et malveillante invite à des répliques forcément tranchantes. Faut-il accepter l’Algérie fasciste et antisémite que débagoule sordidement Sansal dans la presse occidentale ? Et l’accréditer comme une vérité indiscutable ?

Une mise en scène d’écrivains

Qui sont donc ces écrivains, auréolés par la France littéraire, qui se mettent en scène avec effronterie, pour agir exclusivement les attentes de leurs garants français ? J’ai étudié et publié, ces dernières années, des textes sur l’ethos des écrivains. Mes interventions dans la presse en sont l’écho et le prolongement. Expliquons pour les lecteurs non informés. Dans la littérature et dans l’art, et c’est aussi valable pour plusieurs spécialités, telles la science, la religion ou la politique, des acteurs institués peuvent ressentir le besoin de s’exprimer en dehors ou parallèlement à leurs écrits ou à leurs actions. L’inventeur de la formule de la bombe atomique est au premier abord un homme de science, qui  n’en méconnaît pas les applications dissuasives ou destructrices. Il peut, éventuellement, produire un discours où il met en valeur un positionnement, nécessairement politique et idéologique, et une posture, souvent habilement construite, qui devrait caractériser sa présence dans l’espace social, préfigurant un ethos (Dominique Maingueneau, 1984, 2002 ; Jérôme Meizoz, 2007, 2011).

Albert Einstein (1879-1955) était contre l’usage létal de sa découverte scientifique, qui lui a échappé. Cette pétition de principe définit une posture humaniste. N’est-elle pas accessible à une lecture publique ? Peut-on contribuer à la création de l’arme terrifiante du Mal (à Hiroshima et Nagasaki) et s’habiller de la toge virginale d’une belle âme ? La contradiction entre positionnement, posture et ethos est discernable. Ouvrons une parenthèse : j’observe que mon contradicteur fait une lecture détestable des concepts de « positionnement » et de « posture », qui se projette lui-même, en détenteur suprême de la science littéraire, dans une posture en surplomb, supérative et magistrale. Passons…

Lorsque les écrivains se prononcent sur leur société, sur leurs œuvres, et plus généralement sur le monde, en dehors de ces œuvres, ils y échafaudent un positionnement et une posture à la fois dans la société et dans le champ littéraire qui sont les leurs – dans le cas des écrivains cités, le champ littéraire français et la société française où ils écrivent et sont publiés. Ils délibèrent aussi d’un ethos d’écrivain : Boualem Sansal, soutien du sionisme et islamophobe ; Kamel Daoud, défenseur de la femme blanche d’Occident et, bientôt, de la communauté arc-en-ciel LGBT+ (2), après avoir été un délateur homophobe et un auteur d’agressions conjugales envers son ex-épouse, punies par le tribunal d’Oran (3) ; Yasmina Khadra, en petit coursier de la France littéraire, agitant le souvenir de la France coloniale, « camusien » de combat en Algérie (on rappellera ses brumeux exordes lors de la « Caravane Camus, empêchée, en 2010).

Mais, l’essentiel des discours de ces écrivains, en dehors de leurs œuvres, et de leurs fourvoiements portent sur l’Algérie. Ce qui n’exclut pas un engagement don quichottesque dont le ridicule n’est jamais perçu. Une des lectrices avisées de Sansal notait son mantra d’écrivain « engagé » : « J’écris comme on enfile une tenue de combat », aurait-il soutenu (Lisa Romain, 2018). Diantre ! « Une tenue de combat ! » Contre qui ? Le pouvoir algérien de tous les temps pour les rabaisser, mais surtout pour Israël et sa doctrine sioniste pour les élever.  Faudrait-il passer et repasser l’éponge sur ces outrances – et les absoudre ? Dans cet esprit sentencieux, qui est la caricature de l’académisme tant prisé dans nos universités, Ahmed Cheniki postule que Boualem Sansal et Kamel Daoud ont le droit de faire publiquement le choix d’Israël et que leur rétorquer sur cet engagement, qui les définit significativement dans la société occidentale, est mauvaise manière de malappris, dévitalisant leur potentiel littéraire. Ah ! Bon ! On en est là ?

Où réside justement l’essence proprement littéraire des proclamations d’auteurs lorsqu’il s’agit de la vie littéraire et de ce qu’ils y mettent dans leurs compétitions de légitimité ? À quelle échelle de littérarité devrait-on placer ces discours d’escortes échevelés ? Le professeur Cheniki le sait et l’a probablement enseigné mille et une fois : la littérature, c’est le texte littéraire, d’une part, et la vie littéraire, de l’autre. Pourquoi parler de ce second aspect serait-il blâmable ? Cheniki répudie toute réflexion critique et une sociologie des écrivains qui n’ignore ni leurs èthè (pl. d’ethos) ni leurs mise en scène dans le champ littéraire et dans la société. Il aurait sûrement fermé la porte aux travaux de Pierre Bourdieu et de ses disciples Pascale Casanova (aujourd’hui décédée), Gisèle Sapiro (4), Jérôme Meizoz…

Revenons à la « dimension littéraire ». À l’exception de Sansal qui a diffusé directement l’ethos antinational, sioniste et islamophobe qui le constitue autant dans ses œuvres que dans les discours d’accompagnement qu’il leur apporte, Daoud et Khadra produisent et agissent strictement cet ethos dans la lisière glauque de leurs œuvres. Examinons cette possibilité : Kamel Daoud, écrivant un roman (ou récit) sur le « sexe arabe » et Yasmina Khadra, donnant une suite à son misérabilisme néo-indigénistes après ce que « Le jour doit à la nuit » (2008) auraient sollicité d’autres approches. Ils ne l’ont pas fait, décidant d’engagements publics extrêmes, de supplétifs harkis, qui ne doivent rien à la littérature. Lorsque Julien Benda s’adressait aux élites françaises contemporaines dans « La Trahison des clercs » (1927), n’était-il pas dans une dimension polémique, celle du débat d’idées contradictoire, la Sainte Morale contre la Nation et la Classe. Sansal et Cie et leurs épigones sont-ils dans la loyauté du débat public, qui n’ont les ressources que d’un style frelaté des  égouts de la pensée ?

Dans quelle mesure un ethos d’écrivain, lorsqu’il est inscrit dans l’œuvre, devient-il une caractérisation esthétique aussi évocatrice que le texte littéraire ? Un autre exemple, puisqu’on est entre pédagogues dans cette affligeante affaire. Dans son théâtre (écrit), Kateb Yacine investit fortement la révolte qui est doublement celle des personnages (de leur « actio ») et du langage des textes (« dispositio », « taxis »). Or, cette révolte, cet ethos de « l’homme révolté », Kateb les revendique en dehors de l’œuvre dans sa vie de personne et d’écrivain et les assume dans une esthétisation typée et marginale (ainsi le compagnonnage de beuveries nocturnes, parfois violentes, avec Issiakhem, Haddad, Aït-Djafer, à Paris et Alger). Chez Kateb, l’ethos de « révolté » est consubstantiel à l’œuvre. Mais de Kateb, et aussi Boudjedra, à Sansal, Daoud, Khadra, le niveau a lamentablement baissé. Qu’ont-ils à vendre sinon des crachats sur la Palestine et sur les Palestiniens, l’éloge du sionisme mondial, l’Islam déchiré, une triste course aux hochets de la Légion d’honneur française et une indéracinable haine de l’Algérie ? Cette bande de cons ne mérite-t-elle pas des claques ?

Indélicatesse et forfanterie

Mes interventions publiques – comme celles d’Ahmed Bensaada, j’y reviendrai –  sur cet aspect polémique des parcours d’écrivains cités, suffisamment documentées, et méticuleusement recoupées, ne peuvent être traitées comme des « informations partielles et partiales », au gré d’une légèreté railleuse et coupable d’Ahmed Cheniki. N’aurait-il pas fallu, là-dessus, exposer des preuves ?

Il me semble que ce n’est pas la première fois que je réponds au maître de chaire annabi, ci-devant spécialiste des « discours essentialistes », sur cette méchante incrimination qu’il m’oppose, sans profit (5). Je m’interdis de le faire dorénavant. Malencontreusement, le professeur Cheniki revient inconséquemment à la charge, en mettant en cause délibérément l’honnêteté intellectuelle de ceux qui écrivent sur Sansal, Daoud et Khadra – ou, encore, sur les dérobades relativement à l’Algérie de Mohammed Dib (1920-2003), Assia Djebar (1936-2015) et de tant d’autres.

J’entends rester dans un débat respectueux pour ne pas me prononcer sur les imputations scandaleuses qu’Ahmed Cheniki assène aux intellectuels algériens, ni sur ses escobarderies qui ressortent tragiquement de l’indélicatesse et de la forfanterie, indignes de l’université algérienne dont il reste un haut représentant. Je n’en retiens qu’une à laquelle je suis, certes, associé, qui a justifié cette réplique. Tape-t-il encore une fois sur Ahmed Bensaada parce qu’il n’aura pas digéré sa clairvoyante œuvre critique « Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête » (Boumerdès, Les Éditions Frantz Fanon, 2016), qu’aucun universitaire algérien n’a su écrire ? Il me donne l’occasion de lui redire publiquement mon estime et mon respect pour son immense réflexion pionnière sur les idées et les stratégies qui gouvernent notre monde actuel. Il en parle avec l’humilité du savoir d’un grand penseur né au cœur du malheur de l’Algérie, qui en garde toujours les échardes vives. A-t-on jamais aimé et défendu comme Ahmed Bensaada cette grande et sublime Algérie, qui vit dans nos rêves et dans nos espérances ?

Le professeur Ahmed Cheniki reproche à Bensaada, à moi-même et à beaucoup d’intervenants dans le débat public sur la littérature, de ne pas lire et de parler de ce qu’ils ne connaissent pas. Cette accusation est simplement ignoble. Il faudra certainement lui en retourner l’amer compliment.

Notes

  1. Cf. «Le Baiser et la morsure ». Entretien avec Catherine Lalanne», Alger, Casbah Éditions, 2021.
  2. Kamel Daoud, « Rideau de fer et de peau », « Le Point » (Paris), n° 2628-2629, 15-22 décembre 2022.
  3. On se reportera au récit islamiste et homophobe de Kamel Daoud « Ô Pharaon », éradiqué de la liste officielle de ses publications, aujourd’hui introuvable en Algérie, que le lecteur curieux peut consulter sur le site de l’université du Michigan (É-U). Sur les démêlés conjugaux et sur l’art du couteau de Kamel Daoud, lire Jacques-Marie Bourget (« Quand Daoud, ami de Macron, battait son ex-femme », « Le Grand Soir », 17 octobre 2022) et Mehdi Messaoudi (« Kamel Daoud condamné par le tribunal d’Oran, il devient ‘ ‘l’auteur’’ de la violence conjugale », « Le Libre Penseur », 20 octobre, 2019).
  4. Voir, notamment, « La Guerre des écrivains, 1940-1953 », Paris, Fayard, 1999. L’analyse du rôle des écrivains français à travers leurs positionnements politico-idéologiques et leurs postures, de l’occupation nazie de la France en 1940 au début des années 1950, se concentre sur les positions qu’ils ont recherchées dans leurs compétitions dans un champ littéraire en perte d’autonomie. Dans l’essai de Gisèle Sapiro, aucun parcours d’écrivain, de la collaboration à l’engagement militant, n’est effacé. Et les lâchetés et les trahisons accomplies, autant celles des institutions littéraires françaises (Académie française, jurys des prix littéraires, critique, université) que de leurs acteurs, ne sont rédimées.
  5. Abdellali Merdaci, « À propos d’un débat sur la littérature. Donnons un nom, une identité et un avenir à la littérature algérienne », « Algérie 54 », 25 juillet 2022.

POST-SCRIPTUM

Les partis-pris changeants d’Ahmed Cheniki.

1) Un observateur juste et impartial. Ahmed Cheniki, a été avec le  regretté Hadj Miliani (1951-2021), parmi les premiers universitaires à m’apporter leur soutien après les attaques pernicieuses contre ma personne du journaliste français Antoine Perraud (Mediapart, Paris), inspirées en 2012 par Boualem Sansal, au lendemain de son séjour controversé en Israël. En 2016, revenant sur cet épisode d’infamie, Cheniki écrivait : « Le journaliste de Mediapart, ignorant probablement les règles éthiques et déontologiques, insulte sans aucune prudence méthodologique ni connaissance du terrain des confrères et apporte une ‘‘information’’ sans prendre la peine de la vérifier. Ce qu’on appelle communément un ‘‘journalisme de caniveau’’. L’employé de Mediapart s’en prend ainsi, utilisant un vocabulaire grossier et outrancier, au seul universitaire, Abdellali Merdaci, qui a osé une critique défavorable des textes de Sansal […] Cette personne juge qu’elle seule a raison et que les journalistes et les universitaires algériens seraient des mercenaires » (Cf. Ahmed Cheniki, « Qu’est-ce qui fait courir Boualem Sansal ? », « Le Matin-dz », 21 mars 2016). Aujourd’hui, convient-il de le regretter ?, le professeur annabi a pris le relais de l’exécuteur des basses œuvres de Mediapart.

2) Le « discours hors les livres ». Toujours sur Sansal, bon nombre de chercheurs français, choisissant une lecture orientée et un panégyrique de l’auteur, s’en sont pris à mes réflexions sur son parcours d’écrivain et sur les propos à l’emporte-pièce qu’il semés pendant ses campagnes de promotion de ses œuvres. Parmi eux, Lisa Romain. Elle écrit dans une objectivité relative : « La démarche engagée de l’auteur [Sansal] éclaire bon nombre de ses choix esthétiques et formels et fait chez lui l’objet d’une théorisation poussée. Elle permet également d’analyser avec neutralité le discours tenu hors les livres. S’inspirant en cela des travaux récents d’une veine sociologique de la critique littéraire qui accepte pleinement la prise en compte de l’engagement, la présente étude postule que la posture médiatique de Boualem Sansal fait partie intégrante de son œuvre et que l’ensemble de ses discours para-textuels forme, pour reprendre l’expression d’Abdellali Merdaci (son détracteur le plus virulent !) un « livre blanc » dont l’analyse semble ici tout à fait justifiée » (« La mise à l’épreuve du discours référentiel dans l’œuvre de Boualem Sansal », Thèse, Université de Lille, 2018). C’est, précisément, le commentaire critique de ces « discours hors les livres » qui m’est reproché par l’universitaire française, qui en a tiré de longs développements emberlificotés, et, aujourd’hui, par Ahmed Cheniki.

 

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