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December 9, 2025

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L’ordre de bataille électronique et cognitif , déjà engagé au Sahel et à nos frontières (1ère partie)

Par Belhoucine Mohamed* 

وَأَعِدُّوا۟ لَهُم مَّا ٱسْتَطَعْتُم مِّن قُوَّةٍ وَمِن رِّبَاطِ ٱلْخَيْلِ تُرْهِبُونَ بِهِۦ عَدُوَّ ٱللَّهِ وَعَدُوَّكُمْ وَءَاخَرِينَ مِن دُونِهِمْ لَا تَعْلَمُونَهُمُ ٱللَّهُ يَعْلَمُهُمْ وَمَا تُنفِقُوا۟ مِن شَىْءٍ فِى سَبِيلِ ٱللَّهِ يُوَفَّ إِلَيْكُمْ وَأَنتُمْ لَا تُظْلَمُونَ

(Le Saint-Coran, Sourate 8 verset 60 :  Vous préparerez contre eux toute la force que vous pouvez réunir et tout l’équipement que vous pouvez mobiliser, pour que vous puissiez effrayer les ennemis de DIEU, vos ennemis, ainsi que d’autres qui ne sont pas connus de vous ; DIEU les connaît. Quoi que vous dépensiez dans la cause de DIEU, cela vous sera généreusement payé en retour, sans la moindre injustice).

Abstract :

Le titre de cet article n’est pas du tout pamphlétaire, la guerre électronique et plus précisément l’ordre de bataille électronique et cognitif est bel et bien engagé et fait rage au Sahel entre l’Algérie d’une part et l’OTAN, l’UE, les français et les américains d’autre part (les forces impérialistes).

Il faut comprendre que la guerre électronique (EW Electronic Warfare) se déroule dans le spectre électromagnétique immatériel, elle ne produit pas de dommages destructeurs (non létaux) mais ses effets contre la chaine de commandements et le contrôle des équipements sont dévastateurs. Les systèmes de guerre électronique sont marqués du sceau du secret absolu. C’est le cas en Russie, aux Etats-Unis, en Chine…et tout proche de chez nous en Espagne, qui dispose du 31e régiment de guerre électronique à El Pardo (Madrid), la France couverte par le 44e régiment de G.E basé à Mutz dans le bas-Rhin en Alsace, dont une des 4 compagnies est déployée au Sahel actuellement.

Dans le conflit ukrainien, le général Valeri Gherassimov, 65 ans, chef d’état-major général des forces armées russes, a ordonné à ses unités de combat d’être soutenues par des bataillons et des brigades EW spécialisés. Disposant d’une supériorité totale sur les forces ukrainiennes, leurs missions consistent à brouiller, neutraliser et bloquer les transmissions HF, VHF et UHF de l’ennemi.

Mais le blocage d’une zone “ne peut être fait de manière permanente”, la solution consiste, aux moments clés, à “émettre des signaux perturbateurs de 50 kilowatts pendant environ cinq minutes et à former une sorte de barrière”.

Le but est de localiser, interférer, falsifier, perturber, endommager, les systèmes ennemis…

Les unités russes de guerre électronique recherchent les signaux émis par les radars de contre-batterie et l’électronique de défense ukrainienne pour les empêcher de fonctionner correctement. Ils tentent de dégrader, d’aveugler ou de falsifier les émissions au-dessus du territoire ukrainien des systèmes de navigation et de positionnement GPS (américain), GLONASS (russe), Galileo (européen) et Beidou (chinois) afin de rendre difficile le suivi de la trajectoire des missiles à courte et moyenne portée déployés sur le théâtre des opérations.

En 2015 l’entrée en lice de l’armée russe sur le front syrien a suscité l’engouement de toute la presse internationale pour percer et comprendre les mystères de ces équipements de guerre électronique qui ont permis aux russes non seulement d’imposer aux occidentaux une zone d’exclusion aérienne mais aussi, ont démontré leur capacité de pouvoir éteindre tout équipement radioélectrique militaire de l’ennemi comme si on éteignait une télévision.

C’est face à ces interrogations que tente de répondre cet article.

A la gestion classique d’opérations militaires de champs de bataille apprises dans toutes les académies militaires, au cours de ces dernières décennies est venu s’ajouter l’importance d’un nouveau système d’information entièrement automatisé, moderne, hypersophistiqué, ayant à son actif des succès foudroyants, durant les récentes guerres de Serbie, d’Irak et de Syrie. Ce système est appelé C5ISR (Command, Control, Computers, Communications, Cyber, Intelligence, Surveillance, and Reconnaissance). Il est nécessaire pour que les opérations engagées soient réussies, de disposer de la bonne information, l’homme n’a pas les moyens cognitifs de traiter des millions d’informations dans un champ de bataille pour réagir vite avant l’ennemi, où le temps de traitement et de réaction sont presque confondus, de l’ordre du milliardième de seconde (détection et réponse aux menaces sous les feux de la bataille). Pour soutenir toutes les phases de la gestion et de l’exploitation (acquisition, le stockage, la diffusion, la récupération et l’exploitation) des informations d’une manière rentable et sécurisée, il faut que le commandement puisse gérer et contrôler automatiquement tous les résultats de tous les scénarios réels de champs de guerre (aérienne, terrestre, navale et électromagnétique). Selon l’armée russe, l’objectif des technologies C5ISR est de « permettre au soldat en réseau de dominer l’information et d’obtenir une létalité décisive et immédiate ». Ces technologies peuvent aller des radios, postes de travail et smartphones à la vision nocturne et aux capteurs électroniques. Ces solutions mutualisées constituent un système C5ISR. Pour permettre le commandement et le contrôle, les combattants ont besoin d’un équipement qui leur permet d’acquérir une connaissance ultime de la situation. Cela signifie que les commandants et leur personnel doivent disposer d’un accès fiable et sécurisé aux communications et à toute forme de renseignement susceptible de les aider dans leur mission.

Toute armée avant de s’engager dans un champ de bataille doit réunir 03 conditions fondamentales :

1- Elle doit être si puissante qu’elle n’aura pas besoin de se battre du fait de sa seule force (c.à.d. une dissuasion à toutes épreuves qui auto-annihile et désarme le moral du commandement de l’armée ennemi).

2- Elle doit être autonome stratégiquement, et le pays dont elle relève doit lui assurer par ses propres forces industrielles et agricoles, à fabriquer tous ses munitions, son réarmement et sa maintenance, son alimentation, ses hôpitaux, son énergie etc..

3- L’adhésion et l’appui du peuple à soutenir toute confrontation militaire sont impératifs pour le moral de l’armée, surtout celle visant à mettre en échec toute agression contre le pays.

Pour décider de l’issue de la bataille, la possession et la maîtrise de l’information, permet d’agir avec une grande efficacité. Par exemple :

Le tir réussi contre une cible dont les coordonnées ont été fournies par les systèmes d’informations.

Un soldat dans le désert ou dans la montagne, ratissait à l’aveugle le terrain juste il y a quelques années, peut avoir maintenant dans son écran d’ordinateur portable et à l’aide de drones portatifs des informations sur le champ de bataille locale : la position de groupes isolés, la position de l’attroupement des forces ennemies et les cibles matériels à détruire, même s’il ne dispose pas des capteurs et senseurs adéquats, pour déterminer le temps, l’espace et le nombre de renforts pour engager l’opération.

Un navire au milieu de l’océan peut recevoir via la communication par satellite la situation environnante complète (une image très large de la zone (400 kms de diamètre)) de la confrontation navale, même si l’ennemi utilise un mode complet de navigation silencieux et sans signal radar (radar éteint).

Les puissances impérialistes, jusqu’à récemment, la guerre de Syrie, avaient une suprématie aérienne et électromagnétique totale grâce au système automatisé C4ISR (Command, Control, Communications, Computer, Intelligence, Surveillance et Reconnaissance). La puissance des airs, est la principale composante d’une guerre dite de théâtre ou conventionnelle. Elle consiste à détruire et supprimer totalement les défenses aériennes (radars, missiles, artillerie anti-aérienne) et empêcher que les forces aériennes adverses puissent décoller, voir les neutraliser (Agressions impérialistes contre l’Irak et la Lybie). Mais l’issue finale de la bataille ne se fera que si on marche à pied.

Une grande surprise (reprise par toute la presse spécialisée militaire dans le monde) attendait les connaisseurs et spécialistes de la guerre électronique qui ne s’imaginaient pas que les russes puissent reproduire en Syrie  le scénario passé de la mer noire du printemps 2014 du Su-24 qui n’avait embarqué ni missile ni bombe, armé seulement du boitier de guerre électronique russe Khibiny qui a mis en déroute le destroyer américain USS Donald Cook malgré que celui-ci armé jusqu’aux dents (96 missiles de croisière Tomahawk et 50 missiles anti-aériens) est devenu subitement sourd et aveugle.

Le système Khibiny russe a débranché le radar, les commandes de combat et le système de transmission des données du système Aegis de l’US Navy comme on éteint une télévision. Sauf que cette fois-ci en Syrie, les russes ont reproduit le même scénario dans une ampleur gigantesque, sur un rayon de plus de 300 km, d’avoir réussi à fermer l’accès à l’espace électromagnétique du territoire syrien aux puissances impérialistes et à leurs alliés terroristes (Access Denied).

Je rappelle que le système AEGIS (C4ISR) américain, réunit les moyens de défense antimissiles de tous leurs navires à travers la planète qui en sont équipés pour former un réseau commun, un réseau-centrique permettant d’identifier, de suivre et d’attaquer des centaines de cibles à la fois. Les russes viennent encore de déjouer allégrement le système AEGIS durant les récentes manœuvres militaires russo-chinoises en aout 2023 en mer du Japon malgré les grandes dépenses américaines pour le mettre à niveau pour le ‘’refurbished’’ durant cette dernière décennie.

De l’aveu même du commandant militaire de L’OTAN, a reconnu publiquement que les américains et leurs alliés viennent de subir la pire des humiliations de se retrouver exclus de la zone aérienne syrienne et japonaise. La Russie a créé une zone d’exclusion, impénétrable pour tous moyens de l’OTAN (Anti-Access/ Area Denial- A2/AD Bubble, voir plus amples explications dans la suite).

Ce qui est nouveau cette fois, dans les opérations de guerre en Syrie et les manœuvres navales au Japon et en mer de Chine, à haute intensité létale,” hard kill ”, la suprématie totale du système d’informations russes C5ISR a altéré de façon drastique celui de l’alliance atlantique et des américains. Pour atteindre cet objectif, dans la zone contrôlée, les russes ont réduit fortement le système d’information adverse afin qu’ils ne puissent plus disposer de moyens de communication SIGINT (voir explication ci-dessous).

Le premier résultat de l’intervention russe en Syrie ne tarda pas à venir : les américains et l’OTAN sont fixés définitivement de l’incapacité de leurs logiciels sophistiqués C4ISR (dépenses cumulées de plus de 189 milliards de dollars en l’espace d’une décennie qui n’ont servies à rien malgré le concours de toutes les compagnies occidentales et israéliennes de fabrications d’équipements et de logiciels de guerre électronique) à faire face aux technologies russes. Les russes viennent de démontrer magistralement que l’OTAN serait une proie facile pour Moscou. Ce qu’elle ne cesse de prouver en Ukraine depuis février 2022 à la date d’aujourd’hui.

Comment ?  

Par des attaques électroniques massives, parfaitement organisées au moyen de systèmes ESM-ELINT (explications plus loin, ci-dessous) couplés au complexe automatisé C5I (Command, control, Communication, Cybernétique et Computer et intelligence) , système, qui consiste à empêcher l’adversaire d’utiliser le spectre électromagnétique (4e champ de bataille), spectre qui regroupe l’ensemble de toutes les ondes électromagnétiques en fonction de leur longueur d’onde et de leur fréquence : il s’agit donc pour l’essentiel de mesures de brouillage de ses émissions et de mesures de leurrage ou d’intrusion à l’intérieur du système ennemi.

La guerre conventionnelle moderne repose sur le complexe automatisé « C5I », Command (piloter, maitriser), Control, Communication, Cyber, computer (ordinateurs et informatique) et intelligence (renseignements : SIGINT, HUMINT, MASINT, IMINT et tous les multi-INT) et une force aérospatiale (drones et satellites).

L’expérience syrienne et les récentes manœuvres en mer de Chine ayant associées la Chine et la Corée du Nord démontrent que le système russe est le plus performant, mais ses principes de base et son modus operandi restent entourés de mystère.

Dans le système automatisé C5ISR, tous les équipements, satellitaires, aériens, terrestres et navals et les combattants qui participent dans un champ de bataille travaillent en réseau et sont reliés les uns et les autres par des communications permanentes qui permettent aux états-majors de commander des batailles en temps réel pour détruire de façon intensive un maximum de cibles en immobilisant et en gelant tous mouvements de l’ennemi pour qu’il ne puisse pas se déplacer afin de pouvoir l’achever et l’anéantir totalement sur ses positions fixes révélées, tout en suivant l’état des stocks opérationnels et du confort des troupes engagées (munitions, carburant, alimentation ultra énergique et poly-vitaminée, latrines, prise en charge rapide des blessés et des morts, de la fatigue, du confort pour revigorer le moral des combattants etc..).

C’est tout le système nerveux ESM-ELINT couplé au C4I de l’Otan et des américains qui est actuellement brouillé par les russes en Ukraine, Syrie, dans une partie de la Turquie et actuellement au Sahel et aux frontières algéro-marocaines. Il faut ajouter que le système automatisé C5ISR russe réunit les dernières générations de microprocesseurs et de matériel de communication par satellite, avec les nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle en intégrant des capteurs de détection et de guidage. Ils disposent en outre, d’installations de mémoire et de serveurs propres avec des puissances de calcul et de traitement de dernière génération inégalables, et sont sécurisés par cryptage numérique dans toute la gamme des fréquences, rendant impossible tout brouillage. Le C5ISR réparti automatiquement les cibles détectées par structure de reconnaissance vers chaque système (5 systèmes C4ISR russes opèrent déjà en Syrie, réparties en fonction du rayon d’action, par zone opérationnelle) de frappes terrestres russes et syriennes (pièce d’artillerie, char, missile), ou vers ceux placés à bord de navires ou d’avions.

Les russes savaient que les systèmes de surveillance aérienne et spatiale de l’OTAN étaient en mesure de contrôler toute l’activité des avions militaires russes basés en Syrie. Grâce aux avions de reconnaissance américains RC135, aux avions britanniques Sentinel R1, aux avions-radars AWACS et aux drones Predators, déployés sur les limes syriens, il est possible d’intercepter : le trafic radio sur les réseaux russes, le nombre et le types d’avions, les trajectoires de vol, le type d’arme utilisé, les objectifs ciblés chez les terroristes et leur emplacement. Il faut savoir que dans ces guerres d’appui au terrorisme que l’Otan, les américains et les israéliens fomentent en Irak, Syrie et actuellement au Sahel et à nos frontières avec le maroc, se ressemblent toutes, les terroristes seront armés, financés et soutenus par les États-Unis et leurs alliés français et que ces mêmes terroristes seront toujours avertis à temps pour chaque opération grâce à des équipements satellitaires sophistiqués qui leur seront fournis (il ne faut jamais sous-estimer l’ennemi, quel qu’il soit).

*Docteur en Physique, DEA en économie du management

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