Par Dr Belhoucine Mohamed*
Nous n’avons pas d’autres solutions ni aucune autre alternative, que de renforcer et sceller notre alliance stratégique militaire avec la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le brouillage rend inexploitable les émissions de l’adversaire ; le leurrage et l’intrusion lui donnent de fausses indications ou de fausses pistes (Deception). L’ensemble de ces moyens étaient autrefois appelés contre-mesures électroniques (CME), en anglais ECM pour Electronic Counter Measures. L’attaque électronique inclut également l’emploi d’armes à énergie dirigée, destinées à détruire les systèmes électroniques adverses ou pour aveugler par laser (pilote d’avion, de combat, infanterie, chars,). L’attaque électronique implique l’utilisation de moyens actifs, donc indiscrets. A cet égard, le meilleur exemple est le système laser russe Peverest, une plate-forme terrestre mobile à laser stratégique conçue pour désactiver les engins spatiaux ennemis à des altitudes jusqu’à 1500 km et qui sont capables par ailleurs à abattre les avions atmosphériques. Le système Peverest est en service de combat en Ukraine. Il peut également « brûler » l’équipement des avions de reconnaissance américains (RC-130) et des drones, et avec quelques modifications, même les détruire physiquement à bout portant. Il est aussi utilisé pour camoufler les positions de lancement des missiles balistiques intercontinentaux RS-24 Yars.
Alors que le Peverest « aveugle » les systèmes de l’ennemi, le ZADIRA les brûle. Le ZADIRA peut frapper un drone à une distance de 5 km. Il faut savoir que le faisceau Laser est invisible, silencieux, sa vitesse est égale à la vitesse de la lumière, donc la cible est pratiquement frappée instantanément. Le coût d’une impulsion laser est extrêmement faible par rapport aux missiles anti-aériens. Le système optoélectronique du ZADIRA détecte le drone, le prend en chasse dans une poursuite automatique (IA), puis le laser s’allume directement et brûle littéralement le corps du drone. Il y’a aussi le LUCHESAR conçu pour neutraliser les dispositifs de reconnaissance contenant des matrices CDD (capteurs d’images, Charge Coupled Device, systèmes à transfert de charge) en les endommageant efficacement avec un autre attribut associé celui de détruire les équipements de surveillance de l’ennemi. Ce système peut être monté dans nos avions de chasse pour les protéger de missiles sol-air et air-air de l’ennemi. Mais la principale difficulté à laquelle se heurte le faisceau Laser est sa puissance qui ne peut excéder 50 kilowatts. Selon nos sources, dans un laboratoire russe des scientifiques ont réussi à combiner 10 faisceaux lasers en un seul. Et, donc au lieu d’un laser d’une puissance de 50 kilowatts, ils ont obtenu un seul faisceau avec une puissance de 500 kilowatts. Un tel faisceau est suffisamment énergétique, peut être utilisé non seulement contre les drones ou les missiles de croisière ou les avions, mais même contre les véhicules blindés. Nous allons assister durant cette décennie à l’entrée en lice des armes laser de grande puissance, ce qui constitue un chamboulement total des règles de la confrontation militaire entre armées régulières. Les russes, sur ce registre ont pris une grande avancée scientifique et technologique sur l’occident.
Une leçon à tirer : comment les avions russes sont ils arrivés en Syrie sans que personne ne s’en aperçoive ?
Les russes ont su bâtir en Syrie un système redoutable automatisé de collecte et de traitement de l’information, maitrise, contrôle, communications, puissants moyens de calcul (ordinateurs), renseignements et interopérabilité. Ce système permet l’identification des cibles de bombardement et leur répartition parmi les différents types d’avions, le tout géré et centralisé par un software (Polani). Le modus operandi des russes est totalement ignoré par les américains et leurs alliés, ce qui fait qu’ils sont dans l’incapacité totale de déclencher de contre-mesures (ECM) efficaces contre les russes en Syrie et en Ukraine.
Un autre fait important à révéler, chez les militaires russes, il n’existe pas de traitre parmi eux pour livrer les protocoles datas aux impérialistes, c’est spécifique à l’âme russe comme l’a si bien décrit Léon Tolstoï dans ses deux grands romans Guerre et Paix et Anna Karénine.
C’est grâce à un équipement russe de guerre électronique de dernière génération appelé Krasukha-4 disposé sur la base aérienne de Hmeymim en Syrie, que les russes ont créé un bouclier d’invisibilité pour les objets dans les airs et le sol avec un rayon allant de 300 à 500 km. Le Krasukha-4 est en mesure « d’aveugler » les radars de détection et de guidage des missiles anti-aériens MIM-104 Patriot situés sur la frontière turque, et également les radars des avions de chasse F-16C turcs décollant de la base Incerlik.
Sous la protection des Krasukha-4 et d’autres systèmes de brouillage (Rytchag, Atvobaza, Krassoukha, President-S, Rtout ETC..) qui génèrent des contre-mesures y compris dans le spectre visible, infrarouge ou laser, contre les moyens optoélectroniques de surveillance aérienne et satellitaire (IMINT) des puissances impérialistes, des dizaines d’avions russes n’ont pas été détectés par l’OTAN durant leur vol et leur atterrissage en Syrie, mais seulement quelques jours après qu’ils soient arrivés sur la base aérienne de Hmeymim.
A la suite des mesures de guerre électronique appliquées par les Russes, les terroristes islamistes ‘’modérés’’ qui étaient informés par les Etats-Unis depuis 2012, sur tous les mouvements de l’armée syrienne, n’ont plus de données sur la concentration en secret des troupes syriennes sur les axes, Lattaquié-Idlib, Lattaquié-Hama et Lattaquié-Homs. Cela a permis à l’armée syrienne, appuyée par des bombardiers russes, de déclencher des actions offensives avec des blindés pour reprendre aux terroristes le contrôle du segment Hama-Homs de l’autoroute M5 qui relie Damas à Alep.
Le Krasukha-4 russe est un équipement à bande large mobile, monté sur le châssis 8X8 de type BAZ-6910-022, qui brouille les radars de surveillance des satellites militaires, les radars au sol et aériens de type AWACS et ceux montés sur des drones. Le Krasukha-4 est le seul système au monde capable de brouiller les satellites-espions américains de la classe Lacross/Onys. Ces satellites évoluent sur orbite basse et sont équipés de SAR (Synthetic Aperture Radar) qui leur permet de pénétrer la couche de nuages ainsi que le sol ou les murs des bâtiments, avec une résolution de 20 cm.
En sus du Krasukha-4S, les avions russes Su-24, Su-25 et Su-34 sont équipés de systèmes de brouillage SAP-518 et SPS-171 et les hélicoptères Mi-8 AMTSH avec des Rytchag-AV à cela s’ajoute le navire Priazovye spécialisé dans le brouillage et la collecte des informations de type Elint et Comint (interception de tous les réseaux de communications et neutralisation des radars ennemis).
A cela s’ajoute la liste des équipements électromagnétiques de fabrication russe (liste non exhaustive) :
– Le système « Silok-02 » qui permet de faire atterrir les drones conventionnels des terroristes, en supprimant les canaux de communication par satellite, en violant les signaux de contrôle et de télémétrie des drones de l’ennemi conventionnel pour les désactiver complètement.
– Le système « Borissoglebsk-2 » est réputé pouvoir supprimer toute communication radio de la plupart des pays de l’OTAN et des Etats-Unis en Ukraine et en Syrie. Le Borissoglebsk-2 est capable de brouiller les télécommunications mobiles satellitaires et les dispositifs de radionavigations (GPS). Il opère sur une bande de fréquence plus large pour la collecte et le brouillage des radars, il possède des temps de balayage plus rapides du spectre de fréquences et possède une plus grande précision pour l’identification de la localisation de la source des émissions radar ainsi qu’une capacité de suppression accrue. Le système de suppression électronique le plus avancé de Russie, le RB-301B « Borisoglebsk-2 », bloque les canaux radio HF et UHF terrestres et aéroportés de l’armée Otanesque. Le complexe de guerre électronique Borisoglbesk-2 empêche les attaques de drones. Il détecte les signaux de contrôle des drones dans une portée de plus de 30 km. Les signaux sont utilisés pour déterminer les coordonnées des drones attaquants. Borisoglebsk-2 brouille également les communications par satellite. La guerre électronique doit souvent interagir avec des radars pour neutraliser les drones. Les unités radar détectent les cibles à des altitudes minimales et moyennes et transmettent les données aux complexes de guerre électronique Borisoglebsk-2
– Le système « Zhitel » ou le R-330ZH est une station de communication de brouillage conçue et fabriquée par la société russe Protek. Le R-330ZH est conçu pour la détection, l’analyse, la radiogoniométrie et le brouillage des systèmes de communication par satellite et par téléphone cellulaire fonctionnant dans la fréquence de 100 à 2 000 MHz. Le système de brouillage permet l’analyse et la sélection des paramètres du signal des émetteurs. La station de brouillage R-330ZH a été utilisée par l’armée russe lors de la crise de Crimée en mars 2014 et en 2016 en Syrie et en Ukraine en 2022.
– Le système « Sinitsa » R-934B « Sinitsa », destinée à perturber et même à endommager les systèmes de communication et de guidage des satellites en orbite terrestre basse.
– Le système « Altayet » fonctions non fournies
– Le système « Leer-3 » ou système de guerre électronique RB-341В « Leer-3 » soutenu par des drones Orlan-10, dont le travail consiste à intercepter les signaux de navigation par satellite, les communications 3G, 4G et les messages texte.
– Le système 1RL257 « Krasukha-C5 » pour la reconnaissance et l’attaque électronique, et la station de brouillage automatique R-330Zh « Zhitel », peuvent fonctionner en interface. Tous deux visent à brouiller à longue distance les signaux radar des avions d’alerte et de contrôle aéroportés AWACS E-3 Sentry et AEW E-2 Hawkeye de l’US Air Force, qui tentent de localiser les chasseurs russes en vol.
– Les systèmes interfacés RB-109A « Bylina » et Tirada-2 sont utilisés pour dégrader et brouiller les transmissions des satellites de communication.
– Le système « SPR2M Rtut-BM » , il s’agit de la suppression des canaux de communication ennemis. De plus, la station de brouillage est capable de protéger les troupes de l’artillerie ennemi.
– Le système « Moskva-1 » (Moscou-1) est le dernier système de guerre électronique russe destiné à la reconnaissance et au contrôle de l’espace aérien à une distance de 400 km. Le système est capable de détecter des cibles dans l’espace aérien en mode passif, sans émettre de signaux. Cette capacité permet à Moskva-1 d’être invisible pour l’ennemi. En outre, le système peut brouiller les signaux des radars aéroportés ennemis protégeant diverses installations au sol. En service depuis 2015, se compose de 3 modèles très détaillés, éléments complets du système de guerre électronique Moskva-1. Il s’agit du radar passif 1L265, du brouilleur 1L266 et du poste de commande 1L267.
– Le système « Mourmansk-BN » est un système de guerre électronique moderne développé par la société russe KRET. Le rôle principal du système est d’éliminer les émissions à haute fréquence (HF) des forces de l’OTAN – en particulier le système mondial de communications HF des États-Unis (HFGCS) et les communications militaires par satellite à haute fréquence. Selon des sources militaires russes, il peut brouiller les systèmes de communication dans une portée allant de 5 000 à 8 000 km !
– Le système « Palantin » fonctionne à distance de plus de 20 kilomètres. Il est capable de brouiller les signaux de l’adversaire sans toucher les infrastructures civiles. Palantin peut également empêcher le fonctionnement des drones. Les capacités du système Palantin sont de deux à trois fois supérieures aux capacités des moyens de guerre électronique russe de la génération précédente. Il n’a pas d’équivalent dans les armées de grands pays étrangers. Le système tactique de guerre électronique Palantin a déjà été fourni aux troupes russes en Ukraine pour brouiller les communications radio existantes et potentielles et effectuer des reconnaissances électroniques. Il peut aveugler l’adversaire dans des bandes courtes et ultra-courtes et le priver des communications cellulaires et interurbaines. Le système réunit diverses unités de guerre électronique et de reconnaissance en un seul réseau pour accroître leur efficacité. Les concepteurs ont introduit un système d’aide à la décision. L’algorithme de mission optimal est créé sans interférence humaine et la charge sur chaque véhicule est automatiquement répartie.
– Le système « Infauna » est un système électronique multifonctionnel de reconnaissance et de brouillage. L’équipement du véhicule de guerre électronique comprend les outils traditionnels des systèmes de guerre électronique pour le brouillage et la gestion des communications, ainsi que des équipements optoélectroniques. Les tâches principales du véhicule Infauna sont la protection des routes, des véhicules de combat et du personnel contre les mines radiocommandées et les engins explosifs, ainsi que le brouillage des systèmes de communication radio de l’ennemi au niveau du bataillon. L’Infauna peut produire des interférences d’aérosols qui sont utilisées pour la protection contre les armes de haute précision dotées de systèmes de gestion laser et vidéo. La multifonctionnalité implique, outre la capacité de brouiller les IED radiocommandés, la communication radio et le brouillage optique afin de protéger les soldats, les équipements et objets militaires contre les armes guidées équipées de guidage vidéo ou laser.
– « Resident » et « Lava-RP » : 2 stations de brouillage
– Le système « R6934 BMW » : fonctions non fournies
– Le système « Koipol » Station de détection et de ciblage
– Le système « Pol-21 » Dédié à la la protection des installations des bases militaires russes contre les missiles de croisière, les drones et les bombes aériennes pilotées. Pole-21 est intégré aux forces de guerre électronique en service comprenant Borisoglebsk-2. Pole-21 crée un champ de perturbations totalement contrôlé pour les systèmes de navigation spatiale. Les brouilleurs Pole-21 sont inclus dans la défense des installations importantes.
– Le système « Lesochek » Le brouilleur Lesochek embarqué sur véhicule. Il dépasse ses homologues russes et étrangers, car il dispose d’une bande de fréquences opérationnelle plus large et de nouvelles méthodes de brouillage. Lesochek augmente la protection des véhicules, des blindés et des troupes contre les explosifs radiocommandés en marche et en escale. Le complexe est mobile et peut être transporté par une armure, une automobile et même dans un sac à dos. Le système Lesochek résiste aux armes hostiles de guerre électronique et aux armes à émission guidée et empêche une attaque de drones.
– Le système « Kyzyl » : C’est un système embarqué sur drone qui supprime les transmissions Elint et Comint de l’ennemi conventionnel.
– Le système « Khibiny » :
– Le système RB-636 « Svet-KU », dont le rôle est de localiser et d’intercepter les signaux radio.
Interfaçage : Un grand nombre d’armes de guerre électronique diverses, notamment le Zhitel et le Krasukha, ont rendu nécessaire leur interfaçage.
Le nouveau complexe Bylina RB-109A sera livré à l’armée russe d’ici 2025. Il est contrôlé par l’intelligence artificielle et peut détecter et classer des cibles, déterminer le matériel pour brouiller les communications et d’autres moyens électroniques. Bylina est transporté par cinq camions et se connecte automatiquement au quartier général, aux postes de commandement, aux stations de guerre électronique après le déploiement et identifie les stations de radio, les systèmes de communication, les radars, les avions AEW, les satellites et les stations de radio de faible puissance des groupes de subversion.
*Docteur en physique, DEA en économie du management
