Par KhiderMesloub

L’autoroute est, par excellence, la voie la plus rapide pour atteindre diligemment sa destination. Parcourir en vitesse un trajet. Sans rencontrer ni frein pour appuyer sur l’accélérateur. Ni pierre d’achoppement pour faire vrombir et vomir son tuyau d’échappement. Sans formalité, sinon celle de l’acquittement d’un péage. Sans bifurcation, ni déviation.

L’autoroute est réputée pour sa rapidité et sa fluidité. Aussitôt engagée sur l’autoroute, la voiture entame son accélération fulgurante. Pour de nombreux automobilistes amateurs de grandes vitesse et de sensations fortes, l’emprunt de l’autoroute est, chaque fois, une renaissance. Cependant, la mort se tient toujours en embuscade.

En effet, l’autoroute est réputée pour sa dangerosité. Chaque année, on déplore de nombreux morts.

Curieusement, ce lieu bétonné désertique peut aussi devenir un lieu de naissance. Où, sous l’effet de l’accélération des contractions d’accouchement, une femme peut enfanter à toute vitesse.

C’est la mésaventure arrivée à une espagnole qui, il y a trois ans, avait dû accidentellement accoucher sur l’autoroute. C’est le plus heureux accident qu’il lui soit arrivée puisqu’elle avait donné naissance à une petite fille.

Selon un site électronique français, il y a trois ans, elle avait eu des contractions alors qu’elle était enceinte de huit mois. Lorsqu’elle avait appelé les services d’urgence, on l’avait informée qu’une ambulance mettrait un certain temps à arriver. Elle avait finalement accouché à mi-chemin, entre son domicile et l’hôpital, après avoir été prise en charge par le véhicule d’assistance et de secours, sur… l’autoroute. 

Cet heureux événement survenu accidentellement sur l’autoroute s’est aussitôt transformé en cauchemar pour la maman catalane. En aventure kafkaïenne.

Sa fille étant née sur l’autoroute C-32 entre Malgrat de Mar et Tordera (Espagne), la mère de famille ne disposant que d’un «rapport (qui) ne détaillait aucun autre endroit que l’autoroute» comme lieu de naissance, les autorités espagnoles ont refusé d’enregistrer la fille à l’état civil. Tout s’est passé comme si l’autoroute est un no man’s land. Une entité géographique sans statut juridique.

Aussi, à la suite de cette naissance accidentelle de sa fille sur l’autoroute, durant trois ans elle n’avait pu l’enregistrer à l’état civil. Permettre à sa fille d’accéder aux soins de base.

«C’est comme si ma fille n’existait pas. Elle n’a pas pu aller à la maternelle, je n’ai pas pu obtenir d’aide pour elle, j’ai dû payer les médicaments et elle a pu consulter un médecin grâce à mes enfants», a déclaré sa maman.

«J’ai d’abord consulté l’hôpital de Calella, où j’ai reçu des soins médicaux, puis je me suis rendue à l’état civil, mais je n’ai trouvé aucune solution. Ensuite, je me suis adressée aux services sociaux, qui m’ont aidée à effectuer les démarches nécessaires que, jusqu’à très récemment, je ne pouvais pas accomplir», a-t-elle expliqué. 

Finalement, après trois ans de bataille administrative menée par la «mère courage», elle va enfin pouvoir enregistrer sa fille à l’état civil.

Moralité : si l’autoroute permet aux fous du volant de réaliser leurs rêves des fulgurantes vitesses, elle peut aussi se muer à grande vitesse en cauchemar pour une maman qui a eu le malheur d’accoucher d’un enfant dans cet endroit considéré par les autorités espagnoles comme un no man’s land. 

Paradoxalement, tout décès survenu sur l’autoroute est, quant à lui, systématiquement enregistré à l’état civil par les autorités espagnoles. 

À croire que l’autoroute est associée naturellement à la mort et non à la vie, à l’inévitable disparition accidentelle d’un automobiliste et non à la naissance accidentelle d’un enfant. 

N’est-ce pas pour acheminer diligemment des engins de mort, les chars, que l’autoroute fut développée par le régime nazi d’Allemagne ? 

Khider MESLOUB