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December 8, 2025

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Mali: retrait de la CPI, fuite en avant ou anticipation ?

On dit souvent : « Celui qui n’a pas de paille dans son ventre ne craint jamais le feu. » Or, la junte malienne, elle, semble en porter des bottes entières.

Par Dr. Benali

On dit souvent : « Celui qui n’a pas de paille dans son ventre ne craint jamais le feu. » Or, la junte malienne, elle, semble en porter des bottes entières.

Sous des pressions internes multiformes — dégradation de la situation socio-économique, blocus imposé par le groupe terroriste le JNIM et accusations d’atrocités — la junte, à la recherche d’une bouée de sauvetage, s’engage sur un couloir sans issue. 

Le 22 septembre 2025, le Mali, le Niger et le Burkina Faso — membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — ont annoncé leur retrait du Statut de Rome, affirmant que la Cour pénale internationale (CPI) serait un outil de « répression néocolonialiste » et de justice « sélective », tout en invoquant la défense de leur souveraineté. Mais cette posture masque une réalité plus troublante : la junte malienne est la première concernée, tant ses actions sont mises en cause dans des actes graves, notamment en collaboration avec des mercenaires russes du groupe Wagner ou d’« Africa Corps ».

Des rapports récents documentent qu’en 2025, les forces armées maliennes, alliées à Wagner, ont perpétré des exécutions sommaires, disparitions forcées et crimes commis par l’armée malienne en coalition avec des mercenaires russes (Wagner) contre des civils, notamment dans les ethnies peule et touareg. Ces abus exemplifient la responsabilité directe de la junte, qui doit répondre non seulement politiquement mais juridiquement de ces actes.

Il ne s’agit d’accusations sans fondement, car la junte, en ayant fait appel à Wagner, est donc directement complice de ces dérives, car elle a externalisé une partie ou entièrement sa sécurité à une force qui opérant sous son « contrôle militaire et judiciaire ».

Ces faits donnent corps à l’idée que la junte ne peut être considérée comme un simple exécutant, mais comme un acteur structurel dans les crimes, du fait de son autorité, de ses décisions de partenariat (avec Wagner / Africa Corps), et de son refus ou incapacité de rendre justice aux victimes de la responsabilité croisée des Famas et des mercenaires dans les crimes commis dans des cas comme :

  • Le massacre de Moura, en mars 2022, attribué aux forces maliennes (Fama) et à Wagner, a entraîné la mort d’au moins 500 personnes civiles, pillages et viols. 
  • Les massacres d’Abeïbara, en juin 2024, dans la région de Kidal, des civils Touaregs ont été exécutés pendant des opérations menées conjointement par les Famas et des mercenaires du groupe Wagner.
  • Et la liste est longue sur les exactions, arrestations arbitraires, disparitions forcées, tortures, pillages, viols des Famas et de Wagner.

Le groupe de mercenaires, auquel Bamako a fait appel, a été encouragé par la junte à commettre les pires des exactions, à aliéner les populations et à alimenter les tensions internes afin de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possibles. C’est dans ce sens que l’organisme The Sentry parle d’un « triple échec » militaire, politique et moral.  

Outre cela, des témoignages de certains Wagnériens rapportés par le périodique Jeune Afrique de juin 2025, accablent plus les Fama et les mercenaires de Wagner sur des pratiques et crimes commis. Plus encore, ils accusent leurs homologues maliens d’« incompétents » et de « voleurs ».

Face à ces crimes, des organisations touarègues ont déposé, le 16 juin 2025, un signalement auprès du Bureau du Procureur de la CPI visant les armées malienne et burkinabée ainsi que les mercenaires d’« Africa Corps », pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 2022.

Face à cette situation horrible, des organisations touarègues ont déposé, le 16 juin 2025, un signalement au Bureau du Procureur de la CPI autour, visant les armées malienne et burkinabée ainsi que les mercenaires du groupe « Africa Corps ». Le signalement contient des allégations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 2022 : meurtres, arrestations arbitraires, disparitions forcées, pillages, tortures. Le signalement est jugé important sur le plan légal et politique pour les victimes, car il vise à obtenir reconnaissance, réparation, et mettre en lumière les responsabilités.

Au-delà du discours souverainiste et panafricaniste, la junte malienne, locomotive du retrait de la CPI, s’est engagée dans un jeu dangereux : affirmer son pouvoir au prix de la vie des populations, en violation des normes internationales qui prohibent le recours à des mercenaires. Le retrait du Statut de Rome apparaît dès lors comme une manœuvre visant à se soustraire à d’éventuelles poursuites.

Ainsi le retrait de la CPI, loin d’être un simple acte juridique, ne peut être qu’une manœuvre pour limiter sa propre vulnérabilité et neutraliser les poursuites à venir car accuser la CPI d’être « sélective » relève de l’« incorrection » d’une junte imbue par ses relations douteuses pour s’exposer à des vérités.

Considérant les faits suivants, il est difficile pour la junte malienne de soutenir sérieusement que la Cour pénale internationale (CPI) est « sélective » dans ses poursuites. Premièrement, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable en septembre 2016 pour la destruction de mausolées à Tombouctou, et sa peine a été réduite après appel. Deuxièmement, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud a été condamné le 20 novembre 2024 à dix ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis entre 2012 et 2013 à Tombouctou ; peine confirmée en appel. Troisièmement, un mandat d’arrêt existant pour Iyad Ag Ghali — chef d’Ansar Dine / JNIM — a été émis en 2017 et rendu public en 2024 pour des crimes présumés commis entre janvier 2012 et janvier 2013. 

Ces trois cas montrent que la CPI a déjà agi contre des ressortissants maliens pour des crimes graves, ce qui affaiblit fortement l’argument selon lequel elle ne poursuivrait que certaines personnes ou certains pays selon des critères arbitraires. En cela, la manifestation de « sélectivité » invoquée par la junte semble davantage relever d’une stratégie politique visant à détourner l’attention du fait que des poursuites concrètes sont en cours ou déjà jugées.

Ce choix n’est pas une “stratégie intelligente” en droit, mais une manœuvre dictée par des influences externes favorables à l’instabilité, voire par des logiques de pouvoir et de protection.

Concernant ses influences internes tout le monde sait qu’elles proviennent de la connexion makhzeno-tag3ano-sioniste.

Enfin toutes autres justifications de la part de la junte malienne ne peuvent être qu’excuse pour maintenir une population dans une prison à ciel ouvert, qui passe un des moments les plus difficiles : dégradation de la situation socio-économique et sa prise en tenaille entre le terrorisme de la junte et celui des groupes terroristes.

Je me tiens à cela, car la liste des dessous est longue. Enfin, qui vivra verra !!! 

Pour conclure, j’aime ce proverbe en bambara qui dit :

« bɛ sene fɛnw ye, jɛ bɛ bɔ i ma » (Ils seront comme de la paille, un feu les brûlera).

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