La Cour d’appel d’Agadir, dans le sud du Maroc, a condamné au moins quinze personnes à des peines de prison allant de trois à quinze ans pour leur implication présumée dans des manifestations de jeunes qui ont éclaté dans tout le pays fin septembre et qui ont marqué la troisième semaine de défiance envers le régime du Makhzen.
Neuf personnes ont été condamnées à dix ans de prison, deux à quinze ans, une à cinq ans, une à quatre ans et deux autres à trois ans, selon des verdicts rendus mardi dernier . Ces peines concernent notamment « insultes et violences envers des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions », « dégradation de biens publics », « obstruction de la voie publique », « incendie criminel », « destruction et pillage avec usage de la force », « comparaison de vols aggravés de nuit et de multiples auteurs ».
Un rapport récent de l’ Organisation marocaine des droits de l’homme indique que plus de 100 personnes sont toujours en détention provisoire dans au moins huit villes, 264 autres sont en liberté conditionnelle et 29 dossiers ont été clos suite aux manifestations.
Selon Human Rights Watch , trois personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité ont riposté par des tirs meurtriers devant un commissariat de police à Lqliâa le 1er octobre, dans un contexte d’escalade du conflit. Les autorités affirment avoir d’abord utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, puis des armes en état de légitime défense. Des vidéos analysées par l’organisation montrent des manifestants jetant des pierres et attaquant l’entrée du commissariat, ainsi qu’un homme grièvement blessé, gisant à proximité, avec des blessures visibles.
Sur le plan politique et social, les analystes estiment que ces manifestations reflètent les pressions persistantes liées aux inégalités, au chômage des jeunes – officiellement proche de 35,8 % – et à la stagnation des services publics essentiels. De plus, le fait que le pays investisse dans les infrastructures sportives en vue de la Coupe du monde 2030, qu’il accueille avec l’Espagne et le Portugal, lui a valu des critiques, lui reprochant de privilégier des projets prestigieux au détriment des besoins sociaux urgents.