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Après le Sri -Lanka, le Maroc

Le Sri Lanka a raflé ce samedi la mise au conflit ukrainien dont les résonnances touchent plusieurs régions du monde. La raison, le peuple sri-lankais est sorti en masse pour destituer le président qui s’apprêtait à fuir le pays et son gouvernement incapables de redresser une économie sri-lankaise en faillite.

Pour rappel, Colombo s’est déclaré il y a quelques mois en défaut de paiement sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Une situation à l’origine d’importantes manifestations populaires revendiquant la tête du président accusé de corruption et le départ de l’appareil exécutif. Aujourd’hui, le Maroc se trouve dans la même situation du Sri-Lanka. Explications.

Les autorités marocaines avaient annoncé il y a quelques semaines, qu’au cours du premier trimestre de l’exercice 2022, le déficit commercial marocain  s’est établi à près de 91,04 milliards de dirhams, soit près de 10 milliards de dollars.

Cette tendance ne devrait pas changer pour le reste de l’année en cours (prochaine diffusion de la tendance du second trimestre du 2022) ce qui signifie que la dette marocaine est appelée à dépasser le PIB marocain estimé à 124 milliards de dollars, et contraindra Rabat à trouver de nouveaux prêts pour éviter l’inévitable cessation de paiement.

Le recours à de nouveaux prêts avec des taux d’intérêts élevés, se répercutera certainement sur le pouvoir d’achat des marocains déjà lourdement affecté par les retombées du Covid-19, et la hausse des prix énergétiques et alimentaires, l’effort de guerre au Sahara Occidental et les scandales de corruption touchant la famille royale et les tenants des décisions du Makhzen devenu une filiale du Mossad.

Par ailleurs, il faut noter, que la recherche de prêts pour Rabat ne sera pas une mission aisée dans la mesure ou l’instabilité politique que vit la royauté, la guerre de succession et la vacance du pouvoir ne plaident pas pour des négociations faciles avec les instances financières internationales de Breton Woods comme le FMI et la BM.

Un déficit commercial toujours en hausse

Il convient de rappeler, que le déficit commercial durant le premier trimestre de l’exercice 2022 , avait enregistré une hausse de 43,6% par rapport à la même période de 2021, selon l’Office marocain des Changes.

Le déficit commercial est lié à la hausse des importations par rapport aux exportations à hauteur de 37,8% soit 230,05 MMDH, alors que le montant des exportations, a été établi à 139,01 MMDH (+34,2%), note  l’Office marocain des changes dans son récent bulletin sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs, ajoutant que le taux de couverture a perdu 1,6 point à 60,4%.

La hausse des importations de biens concerne la quasi-totalité des groupes de produits, fait observer l’Office, notant que la facture énergétique a plus que doublé à 43,79 MMDH. Cette évolution fait suite, essentiellement, à la hausse de 12,14 MMDH des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils due à l’élévation des prix qui ont presque doublé, passant à 8.833 DH/T contre 4 490 DH/T un an auparavant. En parallèle, les quantités importées ont enregistré une hausse de 15,8%.

De leur part, les importations des demi -produits ont enregistré une hausse de 53%, suite à la forte croissance des achats de l’ammoniac. Les importations des produits bruts se sont accrues, quant à elles, de 72,6%, principalement à cause de la hausse des achats des soufres bruts et non raffinés qui ont quasiment triplé (+3,971 MMDH).

S’agissant des importations des produits alimentaires, elles ont affiché une hausse de 25,4%, tributaire, principalement, de l’augmentation importante des achats d’orge (2,27 MMDH). Les approvisionnements en blé ont augmenté de 16% due à l’effet prix en accroissement de 38,8%. Les quantités, quant à elles, ont baissé de 16,4%.

L’exactitude des  prévisions de l’expert international Nouredine Leghliel

Interrogé par Algérie 54 au début du conflit ukrainien, l’expert international en énergie et analyste financier, l’Algérien Nouredine Leghliel avait souligné que l’économie marocaine sera très affectée par la crise ukrainienne, survenue dans le sillage du Covid-19 dont les conséquences ont été très négatives sur des secteurs économiques marocains comme le tourisme, et cela s’ajoutera à la rupture de l’approvisionnement en gaz Algérien.

L’expert avéré, nous avait exposé loin de toute propagande, les indicateurs économiques à sa prévision, en se fiant à la hausse des importations du Royaume en matière de produits céréaliers , boostée par la sécheresse qui frappe le Maroc et l’augmentation des prix liée au conflit ukrainien, dont Kiev et Moscou sont les plus gros producteurs de la planète. Les indicateurs ne se limitaient pas uniquement aux prix des produits céréaliers, mais aussi aux prix des produits énergétiques que connaît le monde. La décision d’Alger de fermer ses robinets le 31 octobre 2021, pour répondre à l’hostilité manifeste du régime du Makhzen, n’a pas arrangé les choses et avait contraint Rabat à chercher des ressources d’approvisionnement loin du GME et les prix préférentiels accordés auparavant par Alger. Le Maroc est contraint de se plier aux fluctuations et  devra acheter du gaz et pétrole plus cher, causant un préjudice énorme à sa balance commerciale.

Par ailleurs, il faut noter qu’un rapport de la banque d’investissement marocaine CDG Capital avait prévenu  au début de l’année 2022 que l’exercice sera dur et avait prédit ne laisse un avenir sombre de l’économie du royaume alaouite.

«L’économie marocaine entame une année incertaine marquée par la détérioration des déficits jumeaux (budget et balance des paiements) et de niveau d’endettement, une saison agricole 2021-2022 menacée par la sécheresse et la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques», souligne la direction Insight de CDG Capital dans un rapport récent intitulé «Perspectives économique et taux 2022: des équilibres fragiles dans un contexte global tendu» écrit au début de l’année la direction Insight de CDG Capital .

Dans le même cadre, la hausse du taux de l’endettement public du Maroc avait suscité l’inquiétude  des agences de notation internationales, notamment les trois principales agences américaines : Standard&Poors, Fitch et Moody’s.

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