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Comprendre les dessous de la normalisation.

Par Mohamed El Abassi

Le concept de « normalisation » est inapproprié entre l’entité sioniste, d’une part, voulant exterminer, au nom d’un Etat juif, le peuple palestinien et, d’autre part, les pays arabes « normalisés » ayant en partage, l’Islam, le Saint Coran et le prophète Mohamed (qlssl), la langue arabe, la civilisation, l’histoire et la géographie. Elle est, de ce point de vue, à tout le moins, antinomique !
L’acte de « normalisation » révèle, en fait, une relation déséquilibrée qui met en évidence, d’un côté, une abdication rampante des « normalisés », et d’un autre, une entité coloniale illégale et d’apartheid en Palestine, qui instrumentalise les normalisés afin d’affaiblir la résistance palestinienne, de diviser les pays arabes et les désolidariser de leur cause centrale.
De plus, un accord de normalisation est une entente sensée rétablir la « normalité » dans les rapports entre deux parties libres, égales et consentantes ayant eu, précédemment, des relations « normales » et qui se sont trouvées rompues par une mésentente conjoncturelle. Cette normalisation se fait aussi sur une base démocratique selon la volonté du peuple. Et, si le peuple de l’entité sioniste applaudit à l’unisson la normalisation, et y voit une prouesse sioniste, à contrario, les peuples ignorés des régimes arabes normalisés se révoltent et rejettent les accords dit d’Abraham. Et, pour cause, ces accords de la honte des régimes arabes signataires, ont été imposés, puisqu’ils n’ont été soumis à aucun des parlements dans aucun de ces pays. Leurs peuples ignorés !
Nous nous intéresserons, dans cette narration, aux motivations profondes ayant été à l’origine de la normalisation maroco-sioniste. Parmi les raisons ayant conduit le Makhzen à normaliser avec l’entité sioniste, faisant fi de présumés qualificatifs utopiques de son Roi, qu’il a trahis, de Amir El-Mouminine et de faux président du Comité El-Qods.

La survie du régime monarchique alaouite.

Voyant, son trône, à la dérive, vaciller dans son glissement inexorable vers les abimes de l’histoire, le monarque marocain a dû passer des nuits blanches, de toutes les couleurs fluorescentes et dans tous les sens, pendant que ses services de sécurité et la DGED, étaient secrètement à l’œuvre pour lui concocter un mirage de sortie de crise de tous les maux qui minent le Makhzen.
Un modus vivendi était conclu. Que le Roi sauve la monarchie en échange de la dictature de la DGDE qui fit, comme jamais auparavant dans l’histoire du Maroc, main basse sur tous les rouages de l’Etat. Le tout sur le dos et contre un peuple marocain affamé et indigné.
Une longue réflexion avait précédé l’acte de trahison de la cause palestinienne au moment où les pressions et injonctions de Trump se faisaient insistantes à travers son gendre, Kuchner, allié au sionisme jusqu’à l’os.
C’est ainsi que sous le faux habillage d’une normalisation en contrepartie d’une présumée reconnaissance de la chimérique marocanité du Sahara Occidental, fussent signés et scellés les accords dits d’Abraham.
La suite est connue par tous. Le Makhzen n’aura, de cesse de tenter, par tous les moyens de s’accrocher à un arbre généalogique, bien visible derrière le bureau de M6, mais sans l’honorer. Les symboles ne sont pas faits pour l’exhibitionnisme, mais pour être assumés et pérennisés avec honnêteté, foi et responsabilité !
La saignée que la guerre au Sahara Occidental, quant à elle, fait subir au trésor public, à la fortune privée du Roi et aux portefeuilles des contribuables, finira par faire précipiter le Makhzen dans sa folle chute dans les bras du sionisme.

La reprise de la guerre au Sahara Occidental.

La rupture du cessez le feu au Sahara Occidental en novembre 2020 avait fait basculer la donne militaire au Sahara occidental. Il s‘en suivirent des bombardements répétés de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) contre les forces marocaines d’occupation du Sahara Occidental.
Les dépenses de guerre réservées à la colonisation du Sahara Occidental et à la défense contre les assauts de l’Armée populaire de libération du Sahara occidental coutent près de trois millions de dollars quotidiennement au Maroc (Entretien et ravitaillement des troupes, soutiens logistiques, renouvellement, entretien et rénovation du matériel de guerre détruits et/ou endommagé, réfection du mur, approvisionnement de carburant de plus en plus cher, dédommagements des blessés de guerre et versement du capital décès aux victimes, mobilisation de nouveaux enrôlés pour la surveillance du mur)….
La liste est davantage longue des dépenses marocaines engagées dans une guerre vaine et aux dépends du peuple marocain qui crie famine !
La guerre d’usure que mènent les forces armées du Front Polisario, en amont et en aval, du mur de la honte engendre un gouffre béant du trésor personnel du Roi et celui du Makhzen, même s’ils sont renfloués, grâce à certaines complicités par des revenus illégaux de l’exploitation des richesses du phosphate et de la pêche du Sahara occidental.

La crise économique et sociale au Maroc.

Jamais dans l’histoire des monarchies, un roi n’a été confronté à une crise économique et sociale aussi sévère comme l’est M6. Trois facteurs dialectiques ont conduit à cet état d’exaspération d’une situation intenable :
➢ L’approfondissement du fossé entre l’opulence du Makhzen, son oligarchie, sa clientèle, et ses relais, à commencer par son premier ministre milliardaire, d’une part, et d’autre part, la paupérisation avancée de la classe moyenne ;
➢ Les sommes colossales employées dans la corruption à l’interne comme à l’international auront surtout appauvri la classe moyenne et paupérisé davantage les couches sociales les plus démunies de la population marocaine.
➢ La dégradation des conditions sociales d’une majorité du peuple marocain et une quasi-faillite économique, avec le départ de nombres d’entreprises étrangères, la mise au chômage de centaines de milliers d’ouvriers du BTP, des licenciements à la pelle dans les secteurs des services et du tourisme, ont porté le coup de grâce d’une politique économique gangrénée par la corruption et les passe-droits.
La vulnérabilité du Makhzen induite par ces facteurs de dégradation économique et sociale du Maroc sur de longues années a conduit le Makhzen à une situation de non-retour quant à son endettement extérieur qui a battu tous les records historiques. Du coup, ses choix stratégique, économique et diplomatique s’en sont trouvés.
C’est ainsi qu’il finira par se jeter pieds et mains liés dans une normalisation avec l’entité sioniste aux sombres desseins en croyant y trouver les remèdes à tous ses maux structurellement chroniques, d‘une gouvernance, capable de tout, mais aux antipodes de la dignité du peuple marocain et de la satisfaction de ses besoins primaires et les plus vitaux.

Conclusion.

Au moins deux éléments principaux de conclusion mettent dos à dos le Makhzen et l’entité sioniste dans une honteuse normalisation, pour le Makhzen, devenu une colonie israélienne :
➢ Il ne s’agit ni plus, ni moins, que d’une alliance de deux entités colonisatrices et expansionnistes ayant comme dénominateur commun l’oppression de peuples tiers et la spoliation de terres qui ne leur n’appartiennent pas.
➢ Les mêmes armes qui tuent les palestiniens, sont pointés sur les civils sahraouis au Sahara Occidental. Les mêmes méthodes policières brutales d’oppression et d’assassinats sommaires sont utilisées au Sahara Occidental et en Palestine.
Mais si l’on interroge la « vox populi » dans l’entité sioniste et au Maroc, on entendra deux voix dissonantes : La première y applaudit, la seconde en pleure !

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