Plus de 15 organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont condamné la répression excessive exercée par les forces du Makhzen contre des manifestants pacifiques, une répression qui a coûté la vie à deux personnes et fait des centaines de blessés.
Ces condamnations interviennent au moment où les autorités ont annoncé leur intention d’imposer de lourdes peines de prison aux personnes arrêtées, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité, révélant ainsi clairement que le Makhzen poursuit une politique d’intimidation plutôt que d’écouter les revendications populaires.
Ce développement alarmant a poussé l’Organisation mondiale contre la torture et 14 autres ONG internationales, jeudi, à dénoncer ce qu’elles ont qualifié de crime politique caractérisé du Makhzen et la répression croissante exercée par les autorités marocaines contre les manifestations pacifiques qui secouent plusieurs villes depuis samedi dernier.
Le communiqué conjoint des organisations affirme que ce qui s’est produit n’était pas de simples “dérapages limités”, mais bien une politique systématique visant à empêcher les citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Les forces de sécurité, précise-t-il, ont eu recours à une violence excessive et disproportionnée pour disperser les manifestations appelées par la jeunesse via les plateformes numériques.
Le texte considère que ces événements constituent une violation flagrante des engagements constitutionnels et internationaux du Maroc, exigeant la libération immédiate de tous les détenus et la fin d’une politique répressive qui menace le droit des citoyens à la participation civique.
Le communiqué souligne que la campagne sécuritaire menée contre les manifestants pacifiques, descendus dans la rue pour réclamer le droit à l’éducation, à la santé et la fin de la normalisation avec l’entité sioniste, s’est caractérisée dès le départ par une répression brutale, des violences systématiques et des arrestations arbitraires.
Les racines de ces protestations – ajoute le texte – remontent à des crises sociales accumulées, la dernière en date étant le décès de huit femmes enceintes dans un hôpital public de la ville d’Agadir, un drame qui a suscité une indignation populaire et symbolise l’effondrement catastrophique du secteur de la santé publique.
Cette colère s’est accentuée face à la dégradation de l’éducation publique et à la montée du chômage, poussant les manifestants à scander des slogans tels que “Des hôpitaux avant les stades”, une allusion aux priorités budgétaires de l’Etat, davantage tournées vers la préparation de la Coupe du monde 2030 que vers les services essentiels.
Les organisations estiment que le choix de ces slogans traduit une prise de conscience croissante de la nécessité de réorganiser les priorités nationales au service de la justice sociale et de la dignité humaine.
Elles soulignent que les autorités marocaines ont violé de manière flagrante les droits garantis par la Constitution, citant notamment l’arrestation d’un citoyen simplement pour avoir accordé une interview à un média, un fait qualifié de “précédent dangereux qui menace le droit de tout citoyen à exprimer son opinion”.
Elles rappellent que ces violations ne concernent pas uniquement le droit interne mais touchent également les engagements internationaux du Maroc, en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, notamment son article 21, qui n’autorise les restrictions au droit de réunion pacifique que dans des conditions strictement nécessaires et proportionnées, conditions qui n’ont manifestement pas été respectées dans ce cas.
En conclusion, les organisations signataires réclament cinq mesures urgentes : la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées en lien avec les manifestations, l’ouverture d’une enquête indépendante et transparente sur les accusations de torture et d’usage excessif de la force, le respect des droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion, la fin de toutes formes d’intimidation à l’égard des militants et journalistes, la reconnaissance des revendications sociales et économiques exprimées par les manifestants, ainsi que l’ouverture d’un dialogue national inclusif pour traiter les crises de la santé, de l’éducation et du chômage.
Parmi les organisations signataires du communiqué figurent Skyline International for Human Rights (SIHR), Intersection Association for Rights and Freedoms, HUMA for Human Rights and Civic Engagement, Justice Committee, FOCA Alliance for Civic Action et la Fédération internationale des droits de l’homme.